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Suppression des épreuves techniques, allongement de l’entretien, création d’une mise en situation collective dans les deux nouvelles voies (générale et Orient), introduction des enjeux écologiques et numériques, épreuve d’anglais éliminatoire mais non classante… Dans une interview à AEF info
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Les nouvelles épreuves orales "lvisent à évaluer les compétences, le savoir-être, le potentiel des candidats en leur donnant la possibilité d’exprimer pleinement leur personnalité", explique la directrice de l'INSP, Maryvonne Le Brignonen. MaxPPP - IP3 PRESS/MAXPPP
AEF info : L’arrêté du 21 mars 2023 fixant les nouvelles modalités des concours d’entrée à l’INSP pour 2024 dans le cadre de la réforme de la haute fonction publique vient d’être publié. Ces évolutions avaient été esquissées par le décret du 25 janvier 2023 relatif aux conditions d’accès et aux formations de l’institut. Quelles en sont les grandes lignes ?
Maryvonne Le Brignonen : Cet arrêté fait effectivement suite à la publication du décret de janvier qui revoit l’ancienneté pour le concours interne – les 4 ans d’expérience s’apprécient désormais au 1er janvier au lieu du 31 décembre de l’année du concours –, et pour le troisième concours – qui est abaissée de 8 à 6 ans. L’idée est de diminuer les différences entre ces deux concours professionnels en matière d’ancienneté.
Après la suppression du classement de sortie prévue par ce décret, qui nous donne une plus grande liberté en matière pédagogique pour mettre en place un nouveau cursus de formation à partir de 2024 axé sur la professionnalisation et l’individualisation, l’arrêté du 21 mars apporte donc une nouvelle pierre à la réforme de la formation initiale de l’INSP et créé une voie Orient en complément de la voie générale. Il introduit trois grandes nouveautés. Tout d’abord, les épreuves orales visent à évaluer les compétences, le savoir-être, le potentiel des candidats en leur donnant la possibilité d’exprimer pleinement leur personnalité.
Cela se traduit par la suppression des épreuves techniques (questions européennes et questions internationales), l’allongement de l’entretien qui passe de 45 mn à une heure, et la création d’une épreuve de mise en situation collective dans les deux voies (générale et d’Orient) qui a pour objectif d’apprécier les compétences relationnelles et comportementales des candidats dans un contexte professionnel, notamment leurs capacités à coopérer et coconstruire. Enfin, l’épreuve d’anglais, pour laquelle nous créons une note éliminatoire au-dessous de 10/20, n’est plus classante afin d’éviter les biais discriminants qui peuvent favoriser certains candidats, par exemple ceux ayant fait des séjours à l’étranger. Toutes les notes au-dessus de 10 ne comptent pas. L’oral n’est donc plus un moment pour apprécier les compétences académiques des candidats mais leur potentiel, leur projet.
Le deuxième axe structurant est d’introduire, pour les épreuves de la voie générale, les grandes thématiques des enjeux écologiques et numériques au concours externe. Et pour les candidats du concours interne et du 3e concours des deux voies, une épreuve de cas pratique permettra de mieux valoriser leur expérience. Enfin, le troisième choix important vise à renforcer l’attractivité du concours interne et du 3e concours, avec une réduction du nombre d’épreuves afin de faciliter la préparation du concours et permettre de la conjuguer avec la poursuite d’une vie professionnelle, sans avoir obligatoirement à arrêter cette dernière pour suivre une classe préparatoire.
Une des grandes nouveautés "est la création de ces deux voies : la voie générale et la voie Orient puisque l’INSP reprend l’organisation du concours du ministère des Affaires étrangères."
Une autre grande nouveauté est la création de ces deux voies : la voie générale et la voie Orient puisque l’INSP reprend l’organisation du concours du ministère des Affaires étrangères. Les lauréats à ce concours suivront en effet leur scolarité à l’INSP et seront administrateurs de l’État. Le travail de mise en cohérence des programmes et de rapprochement de certaines épreuves (avec notamment la création d’une mise en situation collective) a été mené main dans la main avec le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. L’objectif était également de préserver les grandes spécificités du concours Orient avec l’épreuve de civilisation ou la possibilité de présenter jusqu’à trois langues. À l’INSP les candidats reçus au concours Orient bénéficieront de 2 ans de formation contre 4 mois actuellement. Leurs spécificités seront maintenues avec plus de temps passé en stage à l’international, et une période d’approfondissement à l’école des métiers de la diplomatie. Ils vont par conséquent bénéficier d’une formation beaucoup plus longue qu’aujourd’hui.
AEF info : En quoi va consister précisément l’épreuve de mise en situation collective ?
Maryvonne Le Brignonen : Elle va consister en une mise en situation d’un groupe d’au moins trois candidats auxquels seront transmis des éléments sur une situation concrète à caractère professionnel ainsi qu’une directive précise qui nécessite une prise de décision ou la définition d’orientations détaillées. Durant 20 mn, les candidats organisent librement, sans intervention du jury, leurs travaux. Après quoi chaque membre du jury recevra un candidat pendant 10 mn afin d’évaluer ses qualités réflexives et sa capacité à prendre du recul.
AEF info : Les concours nouvelle formule entreront en application en 2024
Maryvonne Le Brignonen : Concernant les nouvelles épreuves (transitions écologiques et numériques et cas pratique professionnel, ainsi que certaines épreuves du concours Orient), nous allons travailler à des sujets "V0" qui seront mis à disposition des préparationnaires au plus tard à la rentrée prochaine. Nous allons également, pour l’épreuve de questions contemporaines des concours externe et interne et du 3e concours
Concernant les jurys, le concours représente un travail de près d’un an. Pour les nouveaux jurys intervenant au concours Orient, nous allons travailler avec le ministère des Affaires étrangères. Sur les questions de transitions écologiques et numériques, nous serons amenés à travailler avec des universitaires et des praticiens.
AEF info : Cette refonte des concours vise à améliorer la diversification des profils, à mieux répondre aux besoins de l’État employeur et à réduire les éventuels biais discriminants, selon votre lettre de mission. En quoi les nouvelles épreuves vont-elles permettre de répondre à ces objectifs ? Dans quelle mesure les jurys vont-ils pouvoir mieux cerner la personnalité des candidats ?
Maryvonne Le Brignonen : Le concours est un des paramètres qui va permettre cette diversification, celle-ci commençant en amont, notamment avec les prépas Talents. Les épreuves y participent à plusieurs niveaux. En questions contemporaines, il a ainsi été décidé d’identifier des thèmes circonscrits avec des listes de références afin que les candidats puissent approfondir les sujets et conférer une touche plus personnelle à leur copie. Ensuite, le fait que l’épreuve d’anglais ne soit plus classante est aussi un puissant levier d’ouverture et recentre l’évaluation.
En outre, l’entretien oral, plus long et moins corseté, va permettre d’accorder du temps aux jurys pour mieux découvrir les candidats et à ces derniers de "sortir de leur coquille". La mise en situation collective vise quant à elle à aller chercher des qualités de coopération et de co-construction qui ne sont pas académiques. Enfin, la formation des jurys sur les biais cognitifs va être renforcée. La collégialité des jurys est également la meilleure garantie pour diversifier.
AEF info : Cela implique de revoir les modes de préparation des candidats. Qu’est-il prévu en la matière ?
Maryvonne Le Brignonen : Comme prévu dans notre feuille de route, nous allons davantage travailler avec les classes préparatoires. Nous organisons le 27 mars un webinaire avec l’ensemble des directeurs de toutes les classes préparatoires aux concours de l’INSP, qu’elles aient ou non passé un accord avec l’institut
AEF info : Comment cela va-t-il s’articuler avec la réforme de la scolarité qui doit privilégier une approche par compétences ? Où en êtes-vous dans l’élaboration, avec la Diese, du référentiel de compétences de l’institut ?
Le nouveau cursus, "fondé sur le référentiel de compétences de la Diese dédié aux jeunes professionnels, sera professionnalisant et individualisant."
Maryvonne Le Brignonen : Le nouveau cursus de formation initiale prendra effet à compter de la promotion qui entrera à l’INSP le 1er janvier 2024, avec une scolarité allongée à presque 24 mois et le remplacement du classement par une procédure d’appariement entre les compétences des élèves et celles recherchées par les employeurs. Ce cursus, fondé sur le référentiel de compétences de la Diese dédié aux jeunes professionnels, sera professionnalisant et individualisant. Les élèves seront suivis durant tout leur cursus par un conseil en professionnalisation. Les membres de ce conseil suivront les élèves par petits groupes dans l’élaboration de leur projet professionnel, de leurs vœux pour les stages et pour des échanges personnalisés. Nous avons pour cela beaucoup échangé avec l’Inet qui dispose déjà d’un tel conseil.
Le cursus débutera par quatre mois d’enseignement, axé sur les compétences de fond du référentiel de la Diese, se poursuivra par près d’un an de stages et de missions dont un moment au contact des citoyens (guichets, maisons France services…), après quoi interviendra une période de 6 mois d’enseignements communs puis d’approfondissement avec le choix de majeures pour affiner leur profil (moment où les élèves de la voie Orient rejoindront l’école des métiers de la diplomatie). La formation se terminera par la procédure d’appariement au cours de laquelle les élèves devront émettre des vœux, les élèves de la filière Orient ayant accès à un nombre plus ciblé de postes qui leur donneront accès directement au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères.
"Les concours Talents et docteurs sont en cours d’expérimentation. Celle-ci va donc se poursuivre jusqu’en 2024. Ce sont des concours externes spéciaux. À ce titre, les épreuves du concours Talents sont les mêmes que celles du concours externe. Si la décision est prise en 2024 de conserver le concours Talents – ce qui est plus que probable –, les épreuves seront donc modifiées. Concernant le concours docteurs, nous restons sur les modalités actuelles jusqu’à la fin de l’expérimentation, en 2024" détaille Maryvonne Le Brignonen. Ce qui explique que ces deux concours ne soient pas abordés au sein de l’arrêté du 21 mars 2023.
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Clarisse Jay,
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