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Le marché de l’assurance scolaire apparaît aujourd’hui "très concurrentiel, avec des offres protéiformes", analyse pour AEF info Stéphane Coste, directeur général délégué de la MAE. Interrogé en février 2023 alors que la MAE vient de fêter ses 90 ans, il revient sur les grandes dates de la mutuelle, "une vraie histoire d’économie sociale". Créée par des enseignants, et dont la gouvernance politique reste assurée par des personnels ou anciens personnels de l’Éducation nationale, la MAE a connu plusieurs phases la conduisant à développer une stratégie de diversification, et nouer des partenariats institutionnels et avec des acteurs privés en cherchant à conserver les "valeurs" de ses débuts.
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Stéphane Coste, directeur général délégué de la MAE MAE
AEF info : La MAE vient de fêter ses 90 ans. Quelles sont les grandes dates qui marquent l’histoire de la mutuelle ?
Stéphane Coste : En 1932, des enseignants ont fait le constat que, lorsqu’il arrivait un accident à un élève, cela avait un impact sur sa scolarité. Ils ont alors imaginé en réponse une mutuelle départementale, afin de mutualiser et couvrir les risques entre les élèves. C’est une vraie histoire d’économie sociale, avec un besoin non couvert par le marché ou par les pouvoirs publics, et face auquel les porteurs de ce besoin ont construit ensemble une solution. Le mouvement a ensuite essaimé, grâce à un réseau d’enseignants militants. Une quinzaine d’années plus tard, l’ensemble des 90 départements de la France d’alors avait une mutuelle.
Dans les années 1950 apparaît une dimension supplémentaire, la responsabilité de l’accident : l’enfant peut être victime mais aussi responsable. Les fondateurs ont pour cela eu besoin de l’agrément de responsabilité civile, et ont créé la mutuelle d’assurances MAE à Rouen, qui est toujours le siège social de l’entreprise. Seule l’école publique était concernée, et les enseignants distribuaient directement aux élèves les formulaires d’adhésion individuelle.
AEF info : Quelles sont les principales évolutions de la MAE ces dernières années ?
Stéphane Coste : L’assurance scolaire est devenue une gamme avec ce qui relève de l’obligatoire pour les sorties scolaires, les visites, etc., mais également l’extra-scolaire et la vie privée. Un changement s’est opéré dans les années 1990 au niveau du modèle de distribution. L’Éducation nationale a décidé que le monopole de la promotion de l’assurance revenait aux parents d’élèves, et non plus aux enseignants. Le partenariat entre la MAE et la FCPE date de cette époque.
C’est aussi à ce moment qu’est créé un marché de l’assurance scolaire avec, en plus des mutualistes, des assureurs qui ont proposé un service sur le scolaire intégré dans des offres plus larges. Du côté de la MAE, cela coïncide avec une stratégie de diversification pour ne pas dépendre uniquement de l’assurance scolaire, avec des contrats de prévoyance familiale, de prévoyance décès, toujours selon une logique de protection des enfants s’il arrive quelque chose à leurs parents.
En 2004, apparaît la multirisque habitation, qui couvre aujourd’hui près de 180 000 risques. En parallèle, la MAE a historiquement développé une gamme d’assurance pour les personnes morales proches de l’écosystème éducatif : établissements scolaires, colonies de vacances, éducation populaire, Francas, associations sportives pour l’enfance…
"Tout part toujours de l’enfance et de la scolarité, nous ne traitons donc pas tous les besoins en assurance"
AEF info : D’un point de vue organisationnel, la MAE reste aujourd’hui gérée par des enseignants ?
Stéphane Coste : La gouvernance politique reste assurée par des personnels ou anciens personnels de l’Éducation nationale. Le PDG est un professeur des écoles, les administrateurs sont des enseignants, des CPE, des proviseurs, professeurs d’université, etc. Tout part toujours de l’enfance et de la scolarité, nous ne traitons donc pas tous les besoins en assurance, par exemple sur l’automobile ou sur l’entreprise.
AEF info : Quels sont les principaux chiffres ?
Stéphane Coste : Nous totalisons environ 2,4 millions d’enfants assurés, et 500 000 familles. L’évolution est plutôt stable depuis une dizaine d’années, après une baisse sensible dans les années 1990 et 2000 du fait de la concurrence. Le chiffre d’affaires est d’environ 106 M€ hors taxes. La MAE est une marque importante mais qui reste une entreprise à taille humaine – environ 360 salariés – et entièrement autonome (elle n’appartient à aucun groupe). Nous disposons d’un réseau d’une quinzaine d’agences en métropole et, ce qui est une spécificité, en Outre-mer (Guadeloupe, Réunion, Martinique, Guyane).
AEF info : Comment qualifieriez-vous le marché de l’assurance scolaire ? Est-il très concurrentiel ou stabilisé ?
Stéphane Coste : C’est aujourd’hui un marché très concurrentiel, avec des offres protéiformes entre les spécialistes de l’assurance scolaire, l’intégration de l’assurance scolaire dans d’autres contrats mais avec leurs franchises associées, des assureurs qui délivrent une assurance scolaire avec la garantie accidents de la vie, ou encore des offres très bon marché qui délivrent des attestations avec très peu de garanties associées.
La MAE se distingue notamment par son intention politique de permettre à des familles modestes d’accéder à nos services. L’offre la plus chère est à moins de 40 €, sans franchise. Nous assumons d’être un assureur des classes populaires, qui travaille aussi en solidarité pour les familles bénéficiaires des Restos du cœur et du Secours populaire.
Par ailleurs, nous enrichissons régulièrement les offres ou services autour des problématiques émergentes dans l’Éducation nationale. Ainsi, nous avons été les premiers à couvrir le harcèlement scolaire, puis le cyberharcèlement. Nous sommes partenaires du MEN sous la forme d’un concours "Non au harcèlement" dans toutes les académies. Nous intervenons maintenant sur l’accompagnement des familles d’enfants touchés par des troubles dys, en particulier au travers d’un partenariat avec la start-up Mila.
"La MAE consacre 15 % du résultat à la prévention et à la solidarité, et le reste sert à l’investissement"
AEF info : Parmi les derniers partenariats conclus, il y a celui avec le groupe mutualiste Intériale, au travers d’une convention signée en juin dernier. Quel est le sens de ce rapprochement ?
Stéphane Coste : Plus qu’un rapprochement, il s’agit surtout d’un partenariat de complémentarité. Intériale est une mutuelle santé pour les fonctionnaires du ministère de l’Intérieur, de la Justice et des collectivités territoriales. Ils assurent des familles qui avaient un besoin en assurance scolaire, nous nous sommes associés sur ce volet en 2021 et, fort de ce premier élan, nous avons souhaité donner de l’ampleur au partenariat en 2022 avec de la réciprocité.
Intériale a repris la mutuelle étudiante LMDE, et n’avait pas d’offre habitation étudiants. Ceux qui sont couverts en santé LMDE se voient ainsi proposer le contrat MAE habitation étudiant, et nos assurés étudiants peuvent accéder à l’offre santé LMDE. Nous n’avons pas vocation à devenir un assureur santé, ni LMDE un assureur risque et dommages. Il y a bien une complémentarité.
AEF info : Quelles sont les orientations stratégiques pour les années à venir ?
Stéphane Coste : D’abord continuer à travailler la compétitivité de l’entreprise, qui a permis ces dernières années une modération tarifaire, et innover en rénovant la gamme pour intégrer des offres et garanties nouvelles, notamment avec des partenaires. Par exemple, nos adhérents sont potentiellement intéressés par l’assurance emprunteur, nous l’avons donc développée avec l’assureur Mutlog, qui a les mêmes valeurs puisqu’il a été créé voilà 40 ans par les acteurs du 1 % logement et repose sur un fonctionnement paritaire. Au niveau financier, la MAE consacre 15 % du résultat à la prévention et à la solidarité, et le reste sert à l’investissement dans l’avenir d’une entreprise qui n’a pas d’actionnaires.
L’assureur mutualiste MAE a lancé son 3e album "Maël et Maëva, les écrans en toute tranquillité", à destination des enseignants de maternelle, à l’occasion des 100 ans du Congrès de l’Ageem à Épernay, organisé du 5 au 7 juillet 2021. "Aujourd’hui, la dépendance grandissante aux écrans par les plus jeunes est un phénomène de société qui inquiète 42 % des parents, d’après une étude de Médiamétrie". L’objectif de cette ressource pédagogique est "d’apprendre aux plus petits à appréhender le numérique" et "les aider à devenir des utilisateurs avertis et de futurs citoyens responsables". Favorisant la prévention en milieu scolaire, cet album s’inscrit dans une série ayant débuté par des titres sur le thème de la sécurité sur le chemin de l’école et sur le harcèlement entre élèves.
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Cyril Duchamp,
journaliste