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"Entre 2013 et 2020, le salaire moyen net du secteur public a augmenté de 8,83 %, et celui du secteur privé de 14,35 %." C’est pourquoi, la hausse de 3,5 % de la valeur du point d’indice en juillet 2022 n’équivaut qu’à un simple rattrapage, a fortiori dans un contexte d'inflation, estime Johan Theuret, co-fondateur du collectif Sens du service public, dans une tribune publiée dans Les Échos le 13 février 2023. Alors que la rémunération est un facteur important d’amélioration de l’attractivité, le think tank demande à nouveau la mise en place rapide d’un système d’indexation du point d'indice.
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Pour le think tank Sens du service public, une formule d'indexation de la valeur du point d'indice "donnerait davantage de visibilité". Pixabay - © kschneider2991
"Depuis le début des années 2000, la politique salariale des fonctionnaires a été couplée à la maîtrise des dépenses publiques, engendrant, avec le retour de l’inflation, une perte de pouvoir d’achat et des problèmes d’attractivité. Dans la mesure où, en moyenne, 76 % de la rémunération des fonctionnaires est composée du traitement indiciaire, et que l’indice a quasiment été gelé entre 2010 et 2022, la perte de pouvoir d’achat est indéniable", constate Johan Theuret, co-fondateur du think tank Sens du service public
De fait, si les augmentations individuelles et catégorielles (notamment dans le cadre du Ségur de la santé, du Grenelle de l’éducation ou du Beauvau de la sécurité) ont permis aux rémunérations des agents publics de progresser positivement, entre 2013 et 2020, le salaire moyen net du secteur public n’a augmenté que de 8,83 % quand celui du secteur privé a progressé de 14,35 %. "C’est pourquoi, la hausse de 3,5 % de la valeur du point d’indice le 1er juillet 2022, bien qu’elle soit très significative au regard des précédentes, ne correspond pas à une augmentation équivalente du pouvoir d’achat des agents publics", fait-il valoir. A fortiori dans un contexte de forte inflation. Dans ce contexte, la revalorisation du point d’indice n’équivaut, selon lui, qu’à un rattrapage. Le groupe de réflexion réitère donc sa proposition, déjà exprimée dans une note mi-janvier (lire sur AEF info) d’une formule d’indexation des rémunérations des agents publics.
Garantir une "rémunération évolutive"
Outre la perte de pouvoir d’achat des agents en place, l’enjeu est en effet de lutter contre la perte d’attractivité de la fonction publique. "Nous avons de plus en plus de mal à pourvoir des postes. C’est une problématique de fond. Si seuls les postes à forte technicité ou les secteurs en tension étaient auparavant concernés, les difficultés de recrutements touchent désormais tous les emplois. Les jeunes générations n’hésitent pas à se tourner vers le privé", explique Johan Theuret à AEF info, évoquant la baisse du nombre de candidats aux concours de la fonction publique (le taux de sélectivité des recrutements externes est ainsi tombé en 2020 à 5,8 candidats présents pour un admis contre 12,2 candidats présents pour un admis en 2011).
Le think tank juge par conséquent nécessaire de travailler à une formule d’indexation des rémunérations "sur la base d’un indicateur négocié". "Il ne s’agit pas d’indexer la valeur du point sur l’inflation et ce, dans la mesure où des éléments individuels contribuent déjà à la hausse de la rémunération des agents publics. Toutefois, une formule d’indexation de la valeur du point donnerait davantage de visibilité, garantirait une rémunération évolutive et améliorerait l’attractivité de la fonction publique", explique-t-il dans sa tribune. Il rappelle à cet égard les hausses de salaire concédées par certaines grandes entreprises en ce début d’année dans le cadre des NAO parfois égales ou supérieures à l’inflation.
D'abord un choix politique
Alors que le ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, Stanislas Guerini, a de nouveau fermé la porte récemment à la demande des organisations syndicales d’une mesure générale salariale avant l’ouverture prochaine du chantier sur les carrières et les rémunérations (lire sur AEF info), Johan Theuret plaide pour une initiative rapide de la part du gouvernement. "Ce chantier va s’inscrire dans la durée, sera complexe et nous ne savons pas sur quoi il va déboucher. Nous n’allons pas pouvoir attendre indéfiniment. Il faut donc agir indépendamment de ce chantier. C’est un sujet que le ministre ne peut balayer d’un revers de la main au prétexte de ce chantier. Tout renvoyer à ce dernier est un leurre", déclare-t-il à AEF info, estimant que ce "n’est pas qu’une question de coût".
Pour preuve : "Le déficit de l’État à la fin 2022 s’est révélé inférieur de 20 milliards d’euros aux prévisions", "la revalorisation de la valeur du point de juillet 2022 représente un coût estimé en année pleine de 7,4 milliards d’euros pour les trois fonctions publiques", "tandis que la suppression de la CVAE et de la redevance audiovisuelle représente additionnées une perte de recette fiscale pour l’État de 13,2 milliards d’euros par an". Par conséquent, "les choix budgétaires, comme les choix RH, sont d’abord des choix politiques", souligne la tribune.
Reste à savoir si tous les employeurs publics, en particulier territoriaux, seraient prêts à une revalorisation régulière de la valeur du point d’indice alors qu’eux-mêmes font face à l’inflation, en particulier des coûts énergétiques. "La coordination des employeurs territoriaux porte une telle approche. Cela fait partie des coûts que doit supporter tout employeur et un système d’indexation apporterait une visibilité sur le long terme, ce qui fait aujourd’hui défaut", défend Johan Theuret.
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Clarisse Jay,
journaliste