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Home| Social / RH| Fonction publique| Dépêche n°687089

Devenir fonctionnaire sans concours est "très précieux" pour les classes populaires (Hugo Bret, sociologue)

Pouvoir devenir fonctionnaire sans concours est "très précieux pour des personnes peu qualifiées, issues des classes populaires", comme les agents chargés de la collecte des ordures, analyse Hugo Bret, sociologue, qui a consacré sa thèse aux conditions de travail et d’emploi des éboueurs de trois collectivités d’Île-de-France, dont Paris (1). Et ce malgré la pénibilité du métier. Toutefois, certains "sont en situation de grande précarité" et leur charge de travail s’est accrue. Le chercheur évoque également les nouvelles règles encadrant les relations avec les usagers – "être diplomate" – qui peuvent "susciter des oppositions" parmi ces agents car jugées peu viriles. Il revient aussi sur la méfiance de certains envers les syndicats.

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Pour le sociologue Hugo Bret, l’emploi public constitue encore un facteur essentiel de stabilisation des classes populaires confrontées à un risque accru de précarisation, notamment en Ile-de-France Droits réservés - DR

AEF info : Vous avez passé plusieurs mois avec des agents chargés de la collecte des ordures ménagères ou du nettoyage des rues dans trois collectivités franciliennes pour étudier leur rapport au travail. Comment ces "ouvriers de la propreté et du nettoiement" perçoivent-ils leur situation ?

Hugo Bret : Leur situation professionnelle est vue comme relativement avantageuse. À Paris, ces éboueurs ont été recrutés comme fonctionnaires territoriaux sans concours mais avec des tests de sélection (épreuves écrites, physiques, orales). Cet accès à la fonction publique est très précieux pour des personnes peu qualifiées, issues des classes populaires.

Devenir fonctionnaire leur offre une protection juridique, une stabilité de l’emploi et quelques avantages comme un nombre jugé généreux de jours de congé, notamment à Paris, ou une souplesse sur le temps de travail. Ces agents sont quasiment sûrs de ne pas être licenciés et de recevoir leur salaire chaque mois.

Côté rémunération, ce ne sont pas les fonctionnaires les plus mal lotis. Ils gagnent l’équivalent du Smic mais ce salaire est complété par plusieurs primes liées au travail matinal ou à l’insalubrité. Ils peuvent aussi faire des heures supplémentaires. Parfois, certains arrivent à devenir propriétaire et peuvent voyager. Travailler pour la mairie de Paris peut être prestigieux et constituer un avantage symbolique. En fin de compte, leur situation est souvent vue comme un "bon plan", et pas seulement pour les travailleurs d’origine immigrée.

 

"Les primes ne sont pas prises en compte pour le calcul de leur pension de retraite et leur salaire évolue peu tout au long de leur carrière."

En revanche, les primes ne sont pas prises en compte pour le calcul de leur pension de retraite et leur salaire évolue peu tout au long de leur carrière. La mobilité professionnelle est de plus en plus compliquée car il faut souvent passer des concours. Certains éboueurs sont en situation de grande précarité et sont contraints de dormir dans leur voiture par exemple. Leur modestie sociale rend leur situation fragile.

AEF info : Qu’en est-il des conditions de travail des éboueurs et des balayeurs ?

Hugo Bret : Leur perception du travail est ambivalente. Être éboueur ou balayeur est un métier dur et pénible, où l’espérance de vie est faible et qui abîme. L’exposition aux déchets, parfois dangereux et toxiques, à la pollution, aux intempéries, au bruit, les horaires décalés, les gestes répétitifs, tout cela a des conséquences sur la santé. Ils doivent aussi concilier des contraintes de temps avec des injonctions en matière de sécurité et font face à un stress relationnel lié à leurs rapports avec les usagers.

Mais comparé aux métiers qu’ils ont pu exercer auparavant dans le secteur privé (plombiers, boulangers, serveurs, ouvriers dans le bâtiment…), leur situation leur paraît avantageuse. Il y a moins de pression hiérarchique – "on n’a pas de chefs sur le dos", disent-ils –, ils sont autonomes et n’ont pas de contrainte de productivité ou de chiffre à faire.

AEF info : En quoi consiste ce "stress relationnel" auquel sont confrontés ces ouvriers selon vous ?

Hugo Bret : Les éboueurs et balayeurs sont de plus en plus amenés à entrer en contact avec les riverains. Les employeurs publics ont donc modifié leurs exigences professionnelles vis-à-vis de leurs personnels qui exercent à la base un métier d’ouvrier et non un métier de service. Un "bon agent" doit être courtois et diplomate avec les usagers. Il ne doit pas réagir si on l’insulte.

 

"Un 'bon agent' doit être courtois et diplomate avec les usagers."

 

Cela peut offrir une forme de reconnaissance à ceux qui ont intériorisé le nouveau discours de l’employeur. Mais ces règles peuvent aussi susciter des oppositions car elles vont à l’encontre des manières d’être qu’on peut retrouver au sein des classes populaires. Les normes viriles, qui permettent de se valoriser, restent très présentes dans cet univers professionnel. "Au début, c’était très dur de ne pas répondre aux provocations" ou "moi je ne me laisse pas faire", disent-ils. Les gestes et postures imposés par l’employeur pour éviter les problèmes de santé viennent aussi parfois contrarier leurs manières viriles de faire le travail.

AEF info : Comment sont perçus les syndicats dans ces collectivités ?

Hugo Bret : Malgré leur fragilisation liée à l’externalisation de la moitié du service de ramassage des déchets dans les années 80, les syndicats sont présents et forts, notamment à Paris. Mais certaines organisations syndicales ont mauvaise presse auprès des agents de la propreté et du nettoiement. Il y a une méfiance qui est notamment nourrie par le soutien apporté par les syndicats aux agents qui sont vus comme des "fainéants". La charge de travail des éboueurs s’est accrue avec l’intensification du travail, liée à l’importation d’une logique économique inspirée du secteur privé, et l’informatisation, qui facilite le traçage des agents.

Le taux d’absentéisme reste fort, ce qui a un effet boule de neige. L’augmentation de la charge de travail pèse sur la santé des présents, qui peuvent avoir un sentiment d’injustice vis-à-vis de ceux qui abuseraient des arrêts maladie et se démotiver. Cela génère de la souffrance au travail.

(1) Hugo Bret est chercheur associé au Cerlis (université Paris Cité). Son enquête s’appuie sur des observations directes avec une centaine d’agents entre 2012 et 2014, des entretiens avec des exécutants ou des membres de la hiérarchie, et un travail d’exploitation de la statistique publique.

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