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Climat : les militants écologistes en quête de stratégie pour toujours "mieux se faire entendre"

Des pneus dégonflés, des enseignes éteintes, des tableaux et ministères aspergés de peinture, des pistes d’aéroports envahies… Pour alerter l’opinion et rappeler les dirigeants à leurs responsabilités, les stratégies et modes d’action des militants écologistes se diversifient. D’Extinction Rebellion, qui prône la neutralité carbone en 2025, à Dernière Rénovation, qui porte l’objectif de rénovation performante et globale des logements d’ici à 2040, ces groupes s’inscrivent dans une tradition de désobéissance civile non violente, mais cherchent encore leur voie pour "mieux se faire entendre".

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Préparation de pancarte à l'académie du climat à Paris, en amont de la manifestation du 23 septembre 2022 AEF

Matignon, Bercy puis le ministère de la Transition écologique. Du 4 au 6 janvier 2023, tous ont vu leurs façades aspergées de peinture orange, symbole de l’urgence à agir contre la crise climatique une fois de plus rappelée par les activistes de Dernière Rénovation. Un collectif de militants écologistes créé en février 2022, et qui s’est fait remarquer début juin lors de la demi-finale hommes de Roland-Garros — l’une de ses militantes parvenant à s’attacher au filet du court Philippe-Chatrier — puis avec des blocages de routes — en juillet sur le tour de France, à l’automne sur les Champs-Élysées ou le périphérique parisien.

Désobéir

Ces actions ont déjà valu plusieurs procès au mouvement, qui a obtenu le soutien de plus de 700 personnalités début 2023, et s’inscrivent dans une dynamique internationale. Dernière Rénovation appartient en effet au réseau A22 (car actif depuis avril 2022) qui regroupe onze entités parmi lesquels "Letzte Generation" en Allemagne, "Declare Emergency" aux États-Unis. Ou encore "Just Stop Oil" au Royaume-Uni, dont le jet de soupe à la tomate par deux de ses militantes sur les Tournesols de Vincent Van Gogh à la National Gallery de Londres mi-octobre a assuré la renommée :



Des actions "coups de poing" dont l’écho a résonné jusqu’à l’Assemblée nationale à l’occasion des débats sur le projet de loi de finances 2023. Deux amendements écologiste et socialiste y ont été adoptés le 31 octobre — contre l’avis du gouvernement — afin d’allouer 12 Md€ à la rénovation thermique des bâtiments (lire sur AEF info). Deux amendements "balayés" par le recours du gouvernement au 49.3. "Le blocage, c’est le gouvernement", dénonce ainsi Nicolas Turcev, un gouvernement avec lequel Dernière Rénovation "n’est pas dans une volonté de dialogue, mais dans une volonté d’exiger".

des positionnements stratégiques différents


Les onze mouvements du réseau A22 sont nés dans le sillage d’Extinction Rebellion ou de Fridays for future, créés dès 2018. Mais à la différence d’Extinction Rebellion, qui prône l’atteinte de la neutralité carbone en 2025, ou de Fridays for future, qui incite les jeunes à faire grève le vendredi — la prochaine date internationale étant fixée au 3 mars prochain —, le réseau A22 invite ses membres à défendre la mise en place d’une unique mesure concrète. Celle qu’a choisie Dernière Rénovation est directement issue de la convention citoyenne pour le climat et vise à ce que la France mette en place la rénovation globale et performante des logements d’ici à 2040. "Le choix d’une mesure unique a été fait par souci d’efficacité. Cela permet d’interpeller les pouvoirs publics et l’opinion sans s’éparpiller", revendique le porte-parole Nicolas Turcev. "Ce n’est pas sexy la rénovation thermique, mais c’est un sujet essentiel", observe Anne Bringault, coordinatrice des programmes du RAC France, "or il ne mobilisait pas jusqu’à présent", reconnaît-elle. Hugo Viel, activiste climat, avoue également sa surprise de voir "des centaines si ce n’est des milliers" de personnes être prêtes à "risquer la garde à vue" pour ce sujet précis.

s’inscrire dans une tradition

Les modes d’actions de Dernière Rénovation s’inscrivent "dans une tradition", revendique Nicolas Turcev, celle de la désobéissance civile non violente, telle que la prônaient le poète et naturaliste américain Henry David Thoreau, Gandhi, Martin Luther King ou Rosa Parks. Et telle que la pratique depuis 1971 Greenpeace, dont les militants ont mené des campagnes contre la pêche à la baleine et mènent toujours des intrusions de centrales nucléaires et de plateformes pétrolières et gazières, stoppent des cargos transportant du soja issu de la déforestation…

En France, de telles mobilisations se sont succédé au fil du temps : du plateau du Larzac occupé dans les années 1970 aux zones à défendre de Notre-Dame-des-Landes et de Sivens en passant par les actions de fauchage d’OGM et de démontage de restaurant McDonald’s à l’été 1999 à Millau. Ou encore des luttes contre l’installation de bassines portées par les Soulèvements de la terre aux vidéos et happenings chocs pour dénoncer la souffrance animale, organisés par L214.

"Mener des actions ciblées sur la cause environnementale, filmées et destinées à être projetées dans l’espace public n’est pas nouveau", résume le politologue Daniel Boy. "Ce qui l’est, c’est leur diffusion sur les réseaux sociaux. Étant donné que par le passé, les ONG filmaient elles-mêmes leurs actions, tandis qu’aujourd’hui chaque téléphone représente autant de caméras embarquées." De même, la spécialiste du militantisme écologiste au CNRS, Sylvie Ollitrault, rappelle que la désobéissance civile "fait partie du répertoire de l’action des écologistes depuis leurs débuts". Quant aux procédés visant à "scandaliser", ils sont la marque de fabrique d’Act Up — dont le cofondateur Didier Lestrade propose désormais qu’ils soient enseignés en classe — ou encore des Femen.

une singularité liée au contexte

L’arrivée d’Extinction Rebellion et de "la génération Greta Thunberg" est "l’expression d’une immense colère, d’une frustration à l’égard des États qui ne prennent pas de mesures à la hauteur de l’urgence", poursuit Sylvie Ollitrault. "Auparavant, les mobilisations ne mettaient pas en scène cette colère, cette dimension d’urgence de survie de l’espèce. Le contexte explique cette singularité", poursuit l’experte.

Président de la Fabrique écologique, Géraud Guibert note aussi que ces nouvelles mobilisations surviennent dans un contexte où les tentatives d’associer les citoyens aux politiques publiques sont encore "très balbutiantes". "On l’a vu avec la convention citoyenne pour le climat, ça tâtonne, on n’a pas encore trouvé la bonne formule. Et cela n’a pas donné de choses très convaincantes sur le débouché final."

L’essor de ces mobilisations citoyennes serait-il également lié à un repositionnement ou une moindre attractivité des associations traditionnelles ? Dans son ouvrage, "800 jours au ministère de l’impossible", l’ancien conseiller ministériel Léo Cohen décrit l’évolution des "registres d’action" des ONG environnementales : "recentrées sur le plaidoyer et la contre-expertise depuis les années 2000", elles ont peu à peu abandonné "la matrice 'pression, contestation et mise sur agenda'". Le politologue Daniel Boy penche également dans ce sens, estimant que Greenpeace serait "devenu un lobby de l’environnement très efficace", qui "travaille davantage à la fabrication des directives européennes qu’à l’action spectaculaire".

Ce que conteste Jean-François Julliard, directeur général de la branche française : "Greenpeace n’a pas le monopole de la désobéissance civile" et voit "d’un bon œil" l’arrivée de "tout un tas de nouveaux militants" qui s’emparent du sujet climatique et "emploient des modes d’action chers" à l’ONG. En novembre, l’association a ainsi exprimé sa "solidarité" vis-à-vis de ces mouvements émergents dont la multiplication est le signe d’une "prise de conscience forte des jeunes, mais pas que". "Nous rassemblons beaucoup de personnes de 30-40 ans qui n’étaient pas forcément sensibilisées, mais chez qui une naissance a reconfiguré la vision du monde", explique le porte-parole de Dernière Rénovation Nicolas Turcev, citant également le cas de militants tels que Florence, quinquagénaire et tout récemment grand-mère.

émergence d’un Flanc radical

Youth for Climate France (branche française de Fridays For Future), Dernière Rénovation… ces mouvements réunissent en majeure partie des primo-militants, agissant en complémentarité avec les associations plus installées, explique l’écologiste et militante Camille Étienne. Et formant un "flanc radical", illustre-t-elle, en reprenant la théorie développée par Andreas Malm, maître de conférences en géographie humaine en Suède et auteur du plaidoyer "Comment saboter un pipeline" en 2020.

"C’est tout l’écosystème qui se défend", poursuit Camille Étienne : certaines actions radicales vont "mettre un sujet en lumière, bousculer et déplacer le périmètre de l’acceptable". Ce qui aura pour effet d’entraîner plus de débats, de dialogue et d’espace de plaidoyer pour les ONG et le "flanc modéré", opérant un travail de fond, "plus précis".

Une vision que partage Anne Bringault. "L’un des sujets gagnés du Grenelle [en 2007] a été le moratoire sur la culture des OGM", se rappelle la coordinatrice des programmes du RAC France, qui était alors chez les Amis de la Terre. Et il l’a été parce que "d’un côté, des faucheurs volontaires assumaient cette action illégale et qu’à l’autre bout, des actions plus institutionnelles, de dialogues avec les politiques étaient conduites. Toute cette chaîne d’actions différentes, mais qui poussaient dans la même direction, a permis d’obtenir ce moratoire."

La prise de consciente est faite

Reste que ces actions ponctuelles ne semblent pas embarquer l’opinion publique. En novembre 2022, un sondage réalisé par YouGov indiquait par exemple que "66 % des Français" ne soutenaient pas les interventions de militants lors de compétitions sportives. Un taux atteignant jusqu’à 75 % pour le blocage de la circulation et même 80 % en ce qui concerne les actions dans les musées.

En outre, 72 % des participants à ce sondage estimaient ce genre d’actions inutiles dans la prise de conscience des enjeux climatiques. "Ces actions sont menées pour alerter le public, mais il reçoit des alertes quasiment tout le temps", explique Daniel Boy, ces dernières provenant du Haut Conseil pour le climat, du Conseil d’État… Ainsi, "le déclic est en grande partie déjà fait, la grande majorité de la population est convaincue de l’existence du changement climatique et pense que le gouvernement n’en fait pas assez". Ce que confirme la 23e vague du baromètre de l’Ademe sur les représentations sociales du changement climatique 2022 : l’environnement et la transition écologique se classent au deuxième rang des préoccupations des personnes interrogées et "la menace climatique demeure très présente dans les mentalités".

"La prise de conscience est faite", reconnaît également l’activiste Hugo Viel, "la discussion ne porte plus là-dessus". La question désormais est de savoir "comment mieux se faire entendre et agir concrètement". Or, en la matière, "on ne sait pas qui fait quoi, où aller, quelles sont les bonnes réponses. Et personne n’a la solution", souligne-t-il. Il décrit ainsi la période comme "un moment de désorganisation" des militants du climat, dans l’attente de trouver et leur voie d’action et la voix pour l’exprimer.

Un flottement illustré au tout début 2023 par l’annonce surprise de la "démission" — ou changement de stratégie — d’Extinction Rebellion au Royaume-Uni, décidant de mettre un terme aux actions de blocage au profit de l’organisation d’une marche : "The Big One". Prévue le 21 avril prochain, elle vise à rassembler 100 000 personnes devant le Parlement britannique.


Permanente remise en question

Mais pour Marie Cohuet, porte-parole d’Alternatiba Paris, cette remise en question stratégique n’a rien d’extraordinaire puisqu’elle est "permanente" au sein du mouvement climat. Une nécessité pour ses organisations dont les membres, le plus souvent lycéens et étudiants, se renouvellent très rapidement. "Il n’existe pas de recette miracle", abonde Jean-François Julliard, notant que "si elle existait, on l’appliquerait tous !" Et qu’en attendant, il s’agit de "bien articuler tous les modes d’action" à disposition.

La coordination, c’est également ce à quoi appelle Côme Girschig. Ancien jeune ambassadeur du climat et activiste, il cite en exemple l’action ciblant le siège de TotalEnergies le 8 février, arrosé de peinture rouge le jour de l’annonce de ses résultats par des activistes des Amis de la Terre. Une action réalisée au lendemain de la demande de députés européens de contraindre par la loi les multinationales et acteurs financiers à renoncer à tout nouveau projet fossile. Et alors que des membres du Giec publiaient le jour même une tribune accusant le pétrolier d’instrumentaliser leurs rapports. Pour Côme Girschig, la présence de ces "garants de légitimité" — députés européens, scientifiques — permet de rendre plus lisible l’action des militants.

Reste que si "de plus en plus de gens sont engagés, prêts à passer à l’action", Marie Cohuet dit aussi que cela "ne peut pas être suffisant, car nous n’avons ni les moyens des multinationales ni les leviers d’action du gouvernement" pour faire "basculer la société". Aussi, elle dénonce le fait que le débat "se concentre sur les tactiques mises en œuvre" par les militants et les "micropolémiques", signe de l’absence d'"envie de s’intéresser au fond" des sujets alors qu’il y a "urgence absolue". "Le pays a vécu l’été dernier le plus grand mouvement migratoire intérieur depuis la Seconde Guerre mondiale à cause des incendies !", illustre-t-elle.

débattre enfin des transformations structurelles

De nombreux sujets mériteraient en effet d’investir le débat public, plaide le président de la Fabrique écologique Géraud Guibert. "Un certain nombre de solutions, de transformations structurelles ne sont pas à l’ordre du jour, alors qu’elles le nécessiteraient", explique-t-il. "Il y a les scénarios de l’Ademe, de RTE, de Negawatt, mais c’est long, compliqué, et cela ne dit pas les dix mesures à prendre pour être à peu près assuré d’atteindre la neutralité carbone à horizon 2050", regrette lui aussi le politologue Daniel Boy.

Procéder de la sorte impliquerait par exemple de débattre de manière "sérieuse" de la réduction de la consommation de viande où de la sobriété. "Tout le monde va devoir s’y mettre or, on n’avance pas sur le sujet [en se limitant] à parler d’écologie punitive qui ne veut rien dire…", regrette-t-il.

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Émilie Legendre, journaliste