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À l’heure où les tensions sur les approvisionnements énergétiques s’accentuent, comment passer à une stratégie d’échelle en matière de développement durable ? Bilan GES, rénovations via les CPER, ateliers de sensibilisation… plusieurs démarches ont été discutées à l’occasion d’un atelier de travail, organisé le 1er décembre 2022, lors de l’assemblée du label DD&RS à Paris. Pour Marie Olivier, VP RSE de l’université de Reims "agir sur les déplacements quotidiens" des étudiants et personnels est une première étape pour réduire l’empreinte carbone d’un établissement. De son côté, Lionel Vinour, directeur vie de campus et patrimoine de l’université de Poitiers, estime que "les CPER devraient aider les établissements à devenir indépendants sur le plan énergétique".
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"Bilans GES fondés sur une méthode commune, construction de schémas directeurs pour la transition d'ici 2024, toutes ces annonces faites par Michel Eddi, dans le cadre du plan climat, vont dans le bon sens mais : aurons-nous les moyens pour mettre en œuvre ces transformations que nous appelons de nos vœux ?", interroge Patrice Barbel, conseil patrimoine à France Universités, co-animateur de l'atelier intitulé "Plan de sobriété, massification de la rénovation, exemplarité des campus : enjeux de transversalité, de portage politique et de relations inter-réseaux", organisé à l'occasion de l'assemblée du label DD&RS, le 1er décembre 2022 à Paris (lire sur AEF info).
"La demande faite par le gouvernement de construire des plans de sobriété énergétique est en quelque sorte un exercice facile parce qu’on travaille quotidiennement sur ces questions. En revanche, cela devient plus difficile lorsque tout le monde se rend compte que dépenser moins d’énergie demande des investissements", analyse Patrice Barbel. "Comment articuler le temps court de l’urgence et le temps long de la transformation" ? questionne-t-il.
Faire un bilan GES et impulser des actions
Avant de mener toute action, la réalisation d’un bilan GES s’impose. Comment le faire, alors que la mesure des émissions de GES d’un établissement apparaît souvent complexe pour les responsables des établissements qui s’en emparent. "Il faut séparer les postes qui relèvent du déclaratif de ceux qui peuvent être démontrés. Pour les déplacements par exemple, on peut se servir des enquêtes, mais cela reste de l’évaluation. Il est difficile de corréler de façon assez précise les flux de déplacements entre un lieu de domicile et d’exercice. À l’inverse, pour l’énergie, comme on l’achète c’est vérifiable", explique Lionel Vinour, directeur vie de campus et patrimoine à l’université de Poitiers.
Une fois le bilan GES réalisé, qu’en faire ? Comment ensuite "impulser" la transformation ? "Les trois premières sources d’émissions de GES qui apparaissent dans un bilan sont les déplacements, les achats et les fluides (électricité et chauffage)", indique Marie Olivier, VP RSE à l’université de Reims. Pour réduire l’impact des déplacements quotidiens qui sont réalisés en voiture, l’université de Reims a par exemple investi dans des consignes à vélo sécurisées sur tous les campus et dans des box de rangement de trottinettes pour favoriser les "mobilités douces". En outre, des discussions ont été menées avec la communauté urbaine au sujet de la fréquence des transports en commun, et une plateforme de covoiturage devrait bientôt voir le jour.
De son côté, l’université de Poitiers a "centralisé la gestion des gros effectifs de façon à pouvoir déplacer les cohortes d’étudiants par demi-journée pour éviter les déplacements inter-campus", rapporte Lionel Vinour, directeur vie de campus et patrimoine de l’établissement.
Quant aux déplacements internationaux, "ce ne sont pas forcément les plus contraignants ou impactants", souligne Patrice Barbel. Sauf dans certaines écoles, "comme celles de commerce par exemple", notamment parce que les mobilités sont souvent obligatoires dans le cursus, précise Marie Olivier.
Mobiliser Le CPER
Autre outil permettant d’agir en matière de bilan carbone : la rénovation des infrastructures, avec un levier important en matière d’investissement : les CPER. "Le CPER qui a précédé notre dévolution en 2011 a été pour nous un vrai levier de transformation pour atteindre les objectifs de performance", assure Lionel Vinour. Il précise toutefois que depuis la dévolution, "les régions et les collectivités préfèrent des financements hors CPER", avec pour conséquence que le CPER n’est donc "plus le levier principal" pour l’université de Poitiers. Et d’ajouter : "Les CPER devraient aider les établissements à devenir indépendants sur le plan énergétique".
"Le CPER nous a permis la rénovation d’un bâtiment, c’est un levier très important pour notre structure", témoigne de son côté Xavier Cimetière, chargé de mission DD&RS à l’école Centrale de Lille.
Pour faire "évoluer" les structures, les collectivités sont également citées. À Bordeaux, "un plan de mobilités inter-établissement avec la métropole de Bordeaux a été mis en place pour faire évoluer les infrastructures", explique Antoine Simon, chef du service transition institutionnelle et responsabilité sociétale à l’université de Bordeaux. "Ce sont des projections à dix ans. La métropole est pour nous un acteur principal", insiste-t-il.
Créer des réseaux pour "sensibiliser" aux enjeux DD&RS
Pour "convaincre" toutes les parties prenantes, comment sensibiliser et échanger sur ces enjeux de transformation ? À l’Ecam LaSalle à Lyon, des rencontres de la sobriété sont organisées durant la pause déjeuner et regroupent des étudiants, des responsables de pôles, mais aussi des personnels de recherche ou encore de maintenance. "Nous avons lancé cette démarche au moment de la publication de la circulaire sur la sobriété énergétique et pas mal d’idées et d’envies émergent. Par exemple, l’un des enjeux c’est de sensibiliser les laboratoires de recherche à ne pas lancer leurs machines sur les heures extra-pleines, à savoir de 9h à 11h, et 18h-20h, qui coûtent très cher", rapporte Delphine Alainé, directrice opérationnelle à l’Ecam LaSalle Lyon.
L’université de Bordeaux a quant à elle organisé fin octobre la première édition des "rencontres des transitions". Les acteurs de la communauté universitaire et les partenaires de la région (collectivités, entreprises, associations) étaient invités à participer à un hackathon permettant ainsi de trouver des solutions ensemble. "Ce type de mélange permet de créer davantage de liens et montre que la recherche de l’université peut se mobiliser sur des problématiques concrètes de la collectivité et donc cela intéresse davantage les citoyens", explique Antoine Simon.
Impliquer personnels et étudiants à travers des Conseils, groupes de travail, ateliers
À l’université Paris Dauphine-PSL, un conseil économique social et environnemental (lire sur AEF info). "C’est une instance élue au même titre qu’un CA avec une cinquantaine de personnes, qui représentent le personnel administratif, les étudiants et enseignants, et présidée par le président de l’université. Le conseil se saisit de sujets et émet des avis qui sont soumis au CA", explique Christine Vicens, cheffe de projet responsabilité sociale de l’université. Ce conseil s’est d’ores et déjà saisi de deux thématiques : la stratégie de réduction des GES liée aux transports des enseignants-chercheurs et des étudiants, et la formation et la sensibilisation aux enjeux de transition.
À l’école Centrale de Lille, à la suite de la signature des accords de Grenoble, la direction a lancé cinq groupes de travail, impliquant des étudiants et des personnels, chargés de réfléchir aux thématiques suivantes : mobilité, sobriété, déchets, vie de campus et numérique. "La volonté politique est d’en ressortir des plans à court terme", indique Xavier Cimentière.
Des ateliers ont également été organisés à l’université de Poitiers regroupant le CHSCT, les chercheurs, les VP, les étudiants, les responsables administratifs. "Nous avons réuni toutes ces communautés grâce à un réseau de facilitateurs venant de l’extérieur qui accompagnent au changement. Nous avons créé un kit avec des films, des ateliers participatifs. 800 mesures en sont ressorties, synthétisées ensuite en 350 mesures. Une cinquantaine sera chiffrée d’ici fin décembre", témoigne à son tour Lionel Vinour.
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Caroline Laires Tavares,
journaliste