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"Pour réduire de 55 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030, il va falloir faire en 8 ans ce qu’on n’a pas réussi à faire en 25 ans", déclare Michel Eddi, nouveau haut fonctionnaire au développement durable du MESR. Il présente les contours de sa mission et l’action du ministère pour la transition environnementale, le 1er décembre 2022, lors de l’assemblée du label DD&RS. Il dévoile de premiers éléments du plan climat du ministère, qui exigera de chaque établissement un schéma directeur pour la transition d'ici 2024 et des bilans GES fondés sur une méthode de calcul commune.
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Michel Eddi, haut fonctionnaire au développement durable du MESR Cirad / Th. Erwin
"Nous vivons un moment qui, pour certains, a trop tardé à venir, dans lequel les deux grandes questions qui se posent sont la nécessité absolue à agir et l’urgence. Nous n’avons pas le temps." C’est avec en tête "des enjeux qui nous dépassent et nous obligent" que Michel Eddi, qui occupe depuis octobre les fonctions de haut fonctionnaire au développement durable du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, présente les orientations ministérielles pour la transition environnementale, "en relation étroite avec tous les acteurs". "Je ne sais pas bien où l’on va, le pire n’est plus improbable, mais je porte l’intime conviction qu’il faut y aller : il faut agir, agir, agir et agir ensemble", déclare-t-il.
"le temps du volontariat est derrière nous"
"Certains établissements sont partis avant qu’un cadre général ne mette en place l’action, avant que des financements ne viennent l’appuyer", ils seront donc "le vecteur sur lequel il faudra s’appuyer", déclare Michel Eddi. Mais il prévient : "Nous vivons un moment de transformation profonde" et "le temps du volontariat est derrière nous, chaque institution doit apporter sa contribution".
"Il y a déjà des collectifs qui fonctionnent, le haut fonctionnaire dispose de la visibilité politique et doit mettre en avant les résultats", explique-t-il. Ses nouvelles fonctions, le haut fonctionnaire au développement durable les aborde avec l’ambition de "contribuer à un effort collectif" — il souligne avoir déjà rencontré trois grandes conférences d’enseignement supérieur et doit prochainement voir celle des écoles de management.
porte d’entrée de l’ESR dans le dialogue interministériel
La première dimension dans laquelle le haut fonctionnaire au développement durable inscrit sa mission est "celle de l’interministérialité". "Le nouveau gouvernement réinvente la planification au service de la transition écologique et les ministères doivent continuer à porter cette transition dans ce cadre" : aussi se voit-il comme "le point d’entrée de l’ESR dans ce dialogue".
Ceci, ajoute-t-il, dans un contexte où plusieurs schémas stratégiques qui portent les plans d’action de l’État et qui ont été adoptés au cours des trois ou quatre dernières années, doivent être réactualisés en 2023, parmi lesquels figurent la stratégie nationale bas carbone, le plan national d’adaptation au changement climatique et la programmation de l’énergie, "avec de nouveaux objectifs portés par l’État autour du renouvelable et du nucléaire". À ce titre, le ministère de l’ESR doit apporter sa contribution, pour que la recherche et l’innovation soient au cœur du processus.
Les opérateurs doivent être "tous autonomes dans la même direction"
La deuxième dimension de l’action du haut fonctionnaire au développement durable le porte cette fois "vers l’écosystème de l’ESR". "Les opérateurs de l’ESR disposent d’une autonomie stratégique qui doit s’inscrire dans un cadre politique global : il faut qu’ils soient tous autonomes dans la même direction", résume Michel Eddi. Tel est l’objet du plan climat-biodiversité que la ministre Sylvie Retailleau a transmis à la Première ministre et dont le haut fonctionnaire "espère qu’il sera diffusé rapidement".
Par ailleurs, Michel Eddi souligne que, si "le principe de la co-construction est la base de tout", "il va falloir accepter qu’une fois les décisions prises, il faudra les appliquer", ce qui nécessite "un "petit changement culturel" dans un milieu "habitué aux discussions". "Le plan climat a été produit à l’intérieur du ministère sur la base d’un travail de 4-5 personnes, mais il contient tous les éléments en débat dans nos communautés depuis longtemps : il est la première architecture de l’action collective."
Michel Eddi résume son rôle comme celui d’un "animateur, coordinateur de l’action" qui va mettre en place au sein du ministère "une petite équipe en charge de l’action", placée sous l’autorité de la ministre et qui rapportera à Jane Lecomte, conseillère "transition écologique" au cabinet de la ministre.
Schéma directeur DDRS, Bilan GES : premiers éléments du plan Climat
Michel Eddi dévoile aussi de premiers éléments du plan climat. Dans le champ de la formation, "tout a déjà été annoncé par la ministre", expose-t-il en référence aux annonces faites le 20 octobre à Bordeaux. Dans le champ de la recherche, "tout le monde sait que l’ANR et France 2030 travaillent" à la transition. Avec le plan, la nouveauté à attendre relève donc de "la contribution que tous les opérateurs doivent apporter à la démarche qui se met en place", vers la neutralité carbone pour 2050.
Schéma directeur. Tous les établissements doivent construire une stratégie "développement durable et responsabilité sociétale et environnementale". "Ils devront, d’ici à 2024, produire un schéma directeur à cette fin en tenant compte de leur mission, de leur vision stratégique, de leurs ressources et moyens, ainsi que de l’endroit d’où ils partent : tout le monde ne part pas du même point avec les mêmes bases à déployer. Ils doivent en outre s’inscrire dans un cadre collectif qui doit donner cohérence et portage à ces schémas qui seront donc adoptés en conseil d’administration."
Bilan GES. "Tant que l’on ne mesure pas bien, il est difficile d’agir", plaide Michel Eddi. Le plan climat s’appuie donc sur l’obligation faite à tous les établissements de réaliser un bilan de gaz à effet de serre, "avec des objectifs qu’il va falloir tenir". Il rappelle que le plan "France nation verte"
"Il faut une méthode de calcul commune à tout le monde, il va falloir se discipliner", précise-t-il encore. "Dans nos établissements et nos communautés des initiatives importantes sont déjà prises", ajoute-t-il citant le travail mené par Labos 1.5 qui a déployé un outil spécifiquement conçu pour l’ESR, GES 1.5. "C’est très utile, mais à un moment il va falloir dire : 'c’est comme cela qu’on fait' et il va falloir que tout le monde fasse comme cela." "Cela pose des questions sur la mobilité, les achats, les infrastructures, l’usage du numérique…", poursuit Michel Eddi invitant à aborder ces enjeux "en traitant du cœur de métier : la recherche et la formation".
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Anne Roy,
journaliste