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Dans une tribune adressée à AEF info et soutenue par six personnalités issues d’ONG et d’entreprises, le collectif "Pour un réveil écologique" appelle à "une transformation profonde des établissements d’enseignement supérieur" pour répondre aux enjeux socio-écologiques. Après le colloque du MESR à Bordeaux le 20 octobre lors duquel Sylvie Retailleau a annoncé qu’un socle de connaissances et compétences sera proposé à chaque étudiant en 1er cycle (lire sur AEF info), le collectif propose 10 mesures "indispensables et opérationnelles" pour "apporter une réponse à la hauteur des enjeux". Il juge notamment que les établissements ne s’engagent pas suffisamment dans la transition et constate "de fortes lacunes en termes de compétences". Ces 10 mesures portent à la fois sur la structuration et la transformation des établissements, sur la formation des étudiants, et sur la réduction des impacts.
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Tribune soutenue par :
"Si les attentes des citoyen·ne·s en matière de transition socio-écologique se font de plus en plus pressantes dans la société, on observe encore un réel manque d’ambition de la part des pouvoirs publics. On ne peut qu’être saisi du contraste entre les dernières actions de collectifs, tels que 'Dernière Rénovation' ou 'Scientist Rebellion', qui illustrent la montée en puissance de l’engagement citoyen, et la superficialité des récentes propositions politiques, qui peinent à s’emparer du sujet dans sa globalité. Pourtant, alors que la 6e limite planétaire (sur les 9 identifiées) vient d’être dépassée, que l’effondrement de la biodiversité s’accélère et que les impacts liés au dérèglement climatique se font ressentir partout dans le monde, à l’image des vagues de chaleur de l’été 2022, il y a urgence à agir.
En tant qu’étudiant·e·s, jeunes diplômé·e·s, et membres du collectif 'Pour un réveil écologique', nous constatons le décalage entre la gravité des enjeux et le retard des mesures pour y faire face. Plus spécifiquement, nous militons depuis 4 ans pour que l’enseignement supérieur se transforme, profondément et rapidement. Sur cette période, nous avons certes observé des évolutions, mais ces dernières restent insuffisantes.
Selon les établissements, nous relevons une forte hétérogénéité dans la prise en compte des enjeux socio-écologiques, soumise non seulement aux volontés politiques, aux moyens humains dédiés mais également à la présence ou non des compétences appropriées. Fin 2020, seules 15 % des directions d’établissement annonçaient dans leurs réponses à notre questionnaire du 'Grand baromètre de la transition écologique' vouloir former l’ensemble de leurs étudiant·e·s aux enjeux de la transition écologique. Aujourd’hui, nous estimons que la majorité des établissements n’emploient toujours pas une personne à temps plein sur ces sujets et ce quelle que soit la taille de l’établissement. Enfin, et à l’image de notre société, nous notons de fortes lacunes en termes de compétences pour mener cette transition au sein des établissements d’enseignement supérieur.
pour "une transformation profonde des établissements d’enseignement supérieur"
Pourtant, si la France souhaite garantir le bien-être et la sécurité de l’ensemble de sa population en mettant en œuvre sa résilience territoriale, tout en devenant moteur dans la lutte contre le dérèglement climatique à l’international, nous devons accélérer la transformation de nos établissements d’enseignement supérieur et des formations qui y sont dispensées. La société évolue avec les crises écologiques et nous devrons demain faire face à des opportunités, des menaces et des risques nouveaux, bien différents de ceux qui ont servi de base pour construire les formations actuelles. L’enseignement supérieur doit donner les bonnes clés à l’ensemble des étudiant·e·s pour qu’ils et elles puissent exercer une activité cohérente avec une société soutenable et désirable. Nous sommes ainsi convaincu·e·s que :
En résumé, nous estimons que la transition écologique de l’enseignement supérieur est une brique fondamentale de la mutation de notre société et doit s’appuyer sur une transformation profonde des établissements, afin d’en faire des acteurs de premier ordre dans la planification écologique. Cela ne pourra advenir que partiellement sans un fort soutien financier du ministère et de l’État, qui viendra combler le déficit chronique de moyens financiers et humains qui se creuse depuis 15 ans dans l’enseignement supérieur.
Afin de guider les établissements dans leur transformation socio-écologique, et en complément des annonces du 20 octobre 2022 de madame la ministre Sylvie Retailleau (lire sur AEF info), nous proposons donc dix mesures.
Dix mesures qui s’appuient sur la bibliographie abondante de rapports sortis ces dernières années. Dix mesures indispensables et opérationnelles. Dix mesures qui se veulent des leviers d’actions activables à l’échelle d’un établissement, afin de réduire les impacts propres aux établissements, mais surtout de transformer structurellement les gouvernances et les formations dispensées.
10 mesures "pour apporter une réponse à la hauteur des enjeux"
Se structurer pour transformer
Mesure 1 : Former l’ensemble des personnels dirigeants de l’établissement aux enjeux socio-écologiques. Un module de 20h dédié à l’introduction à l’anthropocène sera dispensé à l’ensemble des personnels dirigeants de l’établissement.
Mesure 2 : Structurer la gouvernance et dédier des moyens humains et financiers pour enclencher une transformation profonde de l’établissement. Pour accélérer la prise en compte des enjeux socio-écologiques, l’établissement devra dédier un poste de direction à la "transition socio-écologique" pour porter ces sujets (directeur·rice générale adjoint·e, direction dédiée, vice-présidence et/ou vice-doyen·ne). Des postes de chargé·e·s de mission dédiés à la mise en œuvre de ces transformations seront créés à hauteur d’un temps plein pour 500 étudiant·e·s. Chaque temps plein disposera de 20 000 € de budget pour mener ces actions.
Mesure 3 : Publier, dans un délai d’un an, une feuille de route chiffrée explicitant l’intégration des enjeux socio-écologiques dans la stratégie globale de l’établissement à court, moyen et long terme. Cette feuille de route structurera la prise en compte des enjeux socio-écologiques dans la formation, la recherche, la gouvernance, la vie étudiante et le campus et fera apparaître des objectifs quantifiables et vérifiables.
Mesure 4 : Créer une dynamique collective de transition impliquant l’ensemble des parties prenantes de l’établissement. Pour créer cette dynamique, l’acquisition d’une culture commune sur les enjeux socio-écologiques pour les enseignant·e·s-chercheur·euse·s et personnels de soutien de l’établissement ainsi qu’une gouvernance plus horizontale seront nécessaires.
Mesure 5 : Lutter contre la privatisation des établissements d’enseignement supérieur, l’augmentation des frais de scolarité et limiter les partenariats aux organismes réellement engagés dans la transition socio-écologique. La baisse de financement par étudiant·e de l’enseignement supérieur des 15 dernières années provoque la présence de plus en plus importante d’intérêts privés dans les établissements et la hausse des frais de scolarité dans les écoles. La première soumet les établissements à de nombreux conflits d’intérêt pouvant ralentir leur transition socio-écologique, tandis que la seconde restreint l’accès à l’enseignement supérieur. Afin de prendre en compte sérieusement ces enjeux, la transparence des financements et de leurs usages, comme le choix de ses partenaires est essentiel.
Former à l’ère de l’anthropocène
Mesure 6 : Organiser, dès l’année prochaine, une journée obligatoire dédiée aux enjeux socio-écologiques pour l’ensemble des étudiantes et étudiants. Cette journée sera composée d’un atelier de sensibilisation, d’une conférence, d’ateliers sur les leviers d’action et de témoignages de jeunes engagé·e·s dans la transition socio-écologique.
Mesure 7 : Dédier 200h de cours obligatoires aux enjeux socio-écologiques pour l’obtention de tout diplôme niveau master (100h pour le niveau licence). L’objectif de ces cours sera d’accompagner les étudiant·e·s dans leur prise en compte des enjeux socio-écologiques en leur donnant des clés de compréhension. Ils devront s’appuyer sur un référentiel de connaissances et compétences dédié, en donnant une place à la pédagogie par l’action.
Mesure 8 : Mettre à jour l’ensemble des maquettes pédagogiques de l’établissement pour les adapter au contexte de l’anthropocène et aux besoins sociétaux induits. L’ensemble des maquettes pédagogiques devront être mises à jour pour tenir compte des enjeux socio-écologiques. Chaque cursus devra questionner les besoins sociétaux auxquels il répond.
Réduire ses impacts socio-écologiques
Mesure 9 : Appliquer une stratégie bas-carbone ambitieuse et transparente sur l’ensemble du périmètre de responsabilité de l’établissement. L’application d’une stratégie bas-carbone efficace est urgente et repose sur 5 points avec la réalisation d’un bilan carbone, la fixation d’objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre, la mise en œuvre de plans d’action, la publication de l’ensemble de ces documents et l’insertion des objectifs de réductions dans la stratégie de l’établissement. Le périmètre de responsabilité de l’établissement correspond au minimum aux transports (personnels et étudiant·e·s), aux achats et à la consommation d’énergie.
Mesure 10 : Encourager l’acquisition de compétences interculturelles, faciliter les expériences internationales bas-carbone pour toutes et tous et supprimer les obligations d’échanges internationaux. Les dernières années ont été marquées par une internationalisation de l’enseignement supérieur et une hausse significative des impacts environnementaux induits. Si l’ouverture culturelle est essentielle, elle peut être acquise par bien d’autres moyens qu’un échange international obligatoire. Nous recommandons de transformer ces obligations en l’acquisition de compétences inter-culturelles, tout en valorisant et facilitant les expériences internationales bas-carbone."
Plus de détails sur les 10 mesures sont disponibles sur le site du collectif Pour un réveil écologique
Lorsqu’une substance toxique est utilisée illégalement par un employeur, les salariés qui y ont été exposés peuvent obtenir une indemnisation réparant l’atteinte à leur dignité, distincte de celle qui répare leur préjudice d’anxiété. C’est ce que retient la Cour de cassation dans un arrêt du 8 février 2023 qui figurera au rapport annuel. L’affaire concerne un site de Rhône Poulenc chimie, devenu Rhodia opérations, qui avait continué à utiliser de l’amiante illégalement entre 2002 et 2005.
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