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Selon nos informations, Paris Europlace a pris la décision, le 13 juin dernier, de créer un "Institut de la finance durable" pour succéder à Finance for tomorrow. L’annonce officielle est prévue le 12 juillet prochain. Ce projet "plus industriel" fait bondir les pionniers de la finance durable contactés par AEF info qui y voient "une reprise en main du vieux monde". Et passe mal en interne.
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Le Climate Finance Day est l'événement majeur organisé chaque année par Finance for tomorrow Droits réservés - DR
Cinq ans après sa création en juin 2017 (lire sur AEF info), Finance for tomorrow s’apprête à disparaître pour laisser la place à "l’Institut de la finance durable". La décision a été prise par le conseil d’administration de Paris Europlace en début de semaine dernière et sera officialisée le 12 juillet prochain à l’occasion du Paris International Financial Forum 2022. Contactés par AEF info, Arnaud de Bresson, délégué général de Paris Europlace, et Pauline Becquey, directrice générale de Finance for tomorrow, confirment l’information, le premier précisant que la nouvelle instance sera opérationnelle début 2023 et qu’elle sera présidée par un dirigeant industriel.
Suite du rapport Perrier
Le chantier de transformation sera piloté par Yves Perrier, président d’Amundi et vice-président de Paris Europlace. Car il s’agit de mettre en œuvre une recommandation de son rapport remis en mars dernier à Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances (lire sur AEF info) : il y préconisait une nouvelle gouvernance de la finance durable, avec la création d’un "organisme politique", qui n’est pas encore sur les rails, et d’un "organisme opérationnel", rôle que jouera donc l’Institut de la finance durable.
"Il s’agit bien de garder Finance for tomorrow pour le faire évoluer", indique Arnaud de Bresson précisant que l’équipe en place sera aussi conservée. "Mais nous voulons élargir ses missions et renforcer ses moyens", pour atteindre un budget de six à huit millions d’euros, soit "plus qu’un doublement du budget actuel".
Autre évolution significative mise en avant par Paris Europlace : sa volonté d’avoir une "gouvernance élargie avec la participation des industriels" et de faire de l’Institut de la finance durable un interlocuteur privilégié des pouvoirs publics.
"Le sujet est de faire en sorte que la place financière s’approprie la finance durable de manière mainstream. Il ne faut pas avoir d’un côté la place financière traditionnelle et de l’autre la finance durable", justifie Arnaud de Bresson qui précise qu’il ne s’agit "pas du tout" de critiquer Finance for tomorrow mais d’en faire une "première étape".
Une nouvelle attaque contre la finance durable
Ces arguments ne convainquent pas les acteurs contactés par AEF info. "Ce projet est une reprise en main du vieux monde", tranche l’un deux, fustigeant un "retour en arrière" et une vision "centrée sur le climat" qui oublie les sujets de la biodiversité et de la transition juste. "L’establishment essaie de digérer la finance verte", ajoute-t-il, alors que celle-ci se situe "à un moment charnière", avec "des attaques très fortes" à la fois du secteur financier traditionnel et d’acteurs extérieurs qui estiment que "l’ESG ne sert à rien".
"C’est totalement lamentable", appuie une autre source, qui évoque "la volonté d’un très petit groupe de gens" (Augustin de Romanet, Yves Perrier et Jean Lemierre, à savoir le président et les vice-présidents d’Europlace) de "reprendre en main quelque chose qui les effraie et leur échappe". "Ils se disent que les Américains vont gagner, et que ce n’est pas plus mal puisqu’ils sont moins-disants." Le "danger", selon cette source, est de "diluer les sujets" et d’adopter "une langue marshmallow".
"Ça ne coche pas la case G de l’ESG"
En interne, la nouvelle "n’a pas été très bien accueillie", euphémise un salarié. "Cela a été pensé sans Finance for tomorrow, sans ses membres, sans son président. Ça ne coche pas la case G de l’ESG ! Si l’on prétend faire de la finance durable, il faut commencer par s’appliquer ses règles à soi-même", critique-t-il. "Il aurait été plus judicieux d’avoir une organisation indépendante de Paris Europlace." Une option qui avait été proposée dans le rapport Holroyd (lire sur AEF info) mais dont ni Paris Europlace ni Bercy n’ont voulu.
Mis devant le fait accompli, Finance for tomorrow demande néanmoins que "la gouvernance actuelle soit associée pour définir les contours précis du projet". Interrogé sur ce point, Arnaud de Bresson l’assure : "Bien entendu, elle sera associée. À Yves Perrier de voir comment cela sera fait."
Au moment où le conseil d’administration actait la création de l’Institut de la finance durable, en début de semaine dernière, Finance for tomorrow renouvelait son bureau, avec la nomination notamment de deux membres du Haut Conseil pour le climat, Alain Grandjean (Carbone 4) et Benoît Leguet (I4CE). Le bureau ne devrait donc se réunir que quelques mois avant de disparaître.
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Claire Avignon,
journaliste