En plus des cookies strictement nécessaires au fonctionnement du site, le groupe AEF info et ses partenaires utilisent des cookies ou des technologies similaires nécessitant votre consentement.
Avant de continuer votre navigation sur ce site, nous vous proposons de choisir les fonctionnalités dont vous souhaitez bénéficier ou non :
"Aucun membre du groupe CA100+ n’a aligné ses dépenses d’investissement sur un avenir à 1,5 °C ou produit des états financiers qui reflètent les risques climatiques", observe l’ONG britannique ShareAction, jeudi 19 mai 2022. Selon elle, la plus grande initiative d’investisseurs sur le changement climatique, qui arrive à la fin de son premier cycle de cinq ans, "doit changer radicalement d’ambition et de transparence dans sa deuxième phase si elle veut atteindre les objectifs qu’elle s’est fixés".
Cette dépêche est en accès libre.
Retrouvez tous nos contenus sur la même thématique.
Les investisseurs échouent à influer sur les politiques climatiques des grandes entreprises, estime ShareAction Pixabay - Florian Pircher
Peut (beaucoup) mieux faire. C’est la sentence à laquelle ShareAction aboutit ce jeudi, dans une évaluation consacrée à l’initiative Climate Action 100+, la plus importante initiative d’investisseurs sur le changement climatique.
167 émetteurs ciblés
Lancée en décembre 2017 par 225 investisseurs, elle rassemble aujourd’hui 700 d’entre eux, représentant 68 000 milliards d’actifs sous gestion (soit la moitié du total des actifs mondiaux), et a pour objectif de mettre sous pression les entreprises les plus émettrices de gaz à effet de serre au monde pour qu’elles soient plus transparentes sur leurs émissions et plus ambitieuses sur leurs objectifs de réduction des émissions.
Les membres de l’initiative sont soit des "investisseurs participants" (64 % des membres), qui s’engagent directement auprès des entreprises ciblées via l’initiative, soit des "investisseurs de soutien" (principalement des asset owners, 36 % des membres) qui soutiennent publiquement les objectifs de CA100+ sans s’engager directement auprès des entreprises. Sont ciblées 167 entreprises couvrant plus de 80 % des émissions industrielles mondiales (dont TotalEnergies, Danone, Saint-Gobain, Stellantis, Engie ou encore Air-France KLM).
Absence de "stratégie d’escalade"
L’évaluation de ShareAction porte sur 60 des 100 plus importants signataires de CA100+. Elle montre que 49 investisseurs membres de l’initiative (82 % de l’échantillon) ne spécifient aucun objectif en matière d’engagement climatique, ni aucune "stratégie d’escalade" en cas d’échec des émetteurs à tenir leurs engagements. Or ces stratégies sont vues par l’ONG comme "essentielles pour inciter les entreprises à répondre aux demandes des investisseurs et à faire passer l’engagement de réunions sans fin à des actions ayant plus d’impact, comme le vote contre les dirigeants".
En outre, seuls dix (17 %) signataires rendent compte de l’avancement des engagements, alors que "des objectifs et des reportings clairs sont essentiels pour permettre aux investisseurs et aux parties prenantes externes d’évaluer et de déterminer si — et quand — les engagements nécessitent une escalade".
Absence de transparence
Si 42 investisseurs (70 %) ont fourni des études de cas d’engagement sur le changement climatique, douze d’entre eux n’ont pas nommé l’entreprise qui faisait l’objet de l’engagement et aucun n’a donné d’indication sur les prochaines étapes de l’engagement, en dehors de déclarations génériques telles que "nous allons surveiller l’entreprise" ou "nous allons continuer à nous engager".
Enfin, 46 signataires (77 %) ont déclaré publiquement être signataires de CA100+, mais seulement trois (5 %) ont nommé toutes les entreprises pour lesquelles ils sont un investisseur principal.
Au final, la très grande majorité des entreprises ciblées continue à avoir une politique très éloignée de ce que le respect de l’accord de Paris exige, comme l’a elle-même dévoilée l’initiative fin mars (lire sur AEF info). "Cela soulève des questions sur l’ambition et l’efficacité de l’engagement de CA100+ à ce jour", considère ShareAction.
Un "énorme potentiel" à mieux exploiter
Considérant que l’initiative "a un énorme potentiel pour inciter les entreprises ciblées à prendre des mesures climatiques efficaces", offrant "la possibilité à une masse critique d’investisseurs de parler d’une seule voix et d’utiliser leur influence collective sur les entreprises de leur portefeuille pour exiger une action urgente sur les émissions", l’ONG fait une série de recommandations à CA100+:
Elle publie également des recommandations pour les investisseurs :
Vous souhaitez contacter
Claire Avignon,
journaliste