En plus des cookies strictement nécessaires au fonctionnement du site, le groupe AEF info et ses partenaires utilisent des cookies ou des technologies similaires nécessitant votre consentement.
Avant de continuer votre navigation sur ce site, nous vous proposons de choisir les fonctionnalités dont vous souhaitez bénéficier ou non :
Dans une étude réalisée par Rexecode et rendue publique ce lundi 16 mai, le Medef évalue entre 60 et 80 Md€ les moyens supplémentaires que les entreprises et les ménages français devront investir chaque année en plus pour respecter l’objectif national de réduire les émissions nationales d’au moins 40 % en 2030. L’organisation patronale affirme vouloir prendre sa part de l’effort mais réclame pour cela une baisse de 35 Md€ des impôts de production.
Cette dépêche est en accès libre.
Retrouvez tous nos contenus sur la même thématique.
Le Medef appelle à "réconcilier le macro et le climat" s'agissant de la stratégie climatique de la France © JBVNews
"Décarboner l’économie, combien ça coûte ?" : c’est à cette simple question qu’a répondu Rexecode dans une étude commandée par le Medef et rendue publique lundi 16 mai 2022. Pourquoi le Medef ? Pourquoi aujourd’hui ? "Parce que nous prenons au sérieux l’accord de Paris, le green deal, 'Fit for 55' et la stratégie nationale bas carbone", et parce qu’on ne peut plus "éviter le sujet qui fâche", estime Geoffroy Roux de Bézieux, président de la principale organisation patronale française. À quelques heures de l’annonce du premier gouvernement du second quinquennat d’Emmanuel Macron, il appelle à organiser la planification écologique de la "manière la plus scientifique et la plus rationnelle possible", et non en votant une nouvelle loi "fourre-tout" à chaque nomination d’un nouveau ministre, comprenant des mesures pouvant coûter jusqu’à "1 000 €" la tonne de carbone évitée.
Appel à être "scientifique" et "rationnel"
La marche supplémentaire permettant de respecter la SNBC est évaluée par Rexecode entre 60 et 80 Md€ qu’il faudra débourser chaque année de 2023 à 2030
Ces investissements doivent permettre de combler l’écart entre la trajectoire actuelle de baisse des émissions de gaz à effet de serre de la France, qui aboutit à 184 MtCO2e en 2050 alors que la neutralité carbone nécessite d’atteindre 80 MtCO2e. Pour 2030, l'écart est compris entre 39 à 55 millions de tonnes de CO2e par rapport à l’objectif de la stratégie bas carbone (310 MtCO2e).
Financer la décarbonation par une baisse des impôts
Les 80 Md€ devraient provenir à hauteur de 37 Md€ des ménages en 2030, et de 43 Md€ pour l’ensemble des entreprises. Soit une hausse des investissements de 16 à 22 % pour les premiers et de 9 à 12 % pour les secondes.
"Cette marche d’investissement ne va pas se faire spontanément, il va falloir réfléchir aux politiques à mettre en œuvre", juge Geoffroy Roux de Bézieux. Notamment parce que "l’horizon temporel" des investissements climat (20 à 30 ans) "dépasse celui de l’entrepreneur" (cinq à dix ans).
L’homme demande aux pouvoirs publics "d’amplifier la baisse des impôts de production" pour les ramener à la moyenne européenne, soit 35 Md€ par an. "Cela permettrait de financer la décarbonation", veut croire le président du Medef. Interrogé sur un éventuel conditionnement de cette baisse aux efforts de décarbonation des entreprises, il répond : "Plus on flèche, plus c’est compliqué" car il faut "une administration pour contrôler". En outre, estime-t-il, "si les consommateurs et les investisseurs nous mettent la pression, les baisses d’impôts iront naturellement vers la décarbonation".
"Réconcilier le macro et le micro"
Le président du Medef appelle également à organiser des "conférences de travail par secteur" réunissant les différentes parties prenantes puis à "descendre au niveau des micro-secteurs" (acier, ciment…). "Le rôle du gouvernement est de prendre le sujet filière par filière et de réconcilier le macro et le micro", juge-t-il.
Il préconise aussi un allègement des règles européennes sur les aides d’État — "la crise climatique est un cas de force majeur", plaide-t-il, dressant un parallèle avec la pandémie de Covid — et une nouvelle organisation du gouvernement, estimant que le ministère de la Transition écologique actuel "a contribué au désordre" en matière de planification écologique.
Certains investissements représentent des "coûts purs" (notamment dans l’industrie), d’autres aboutiront à terme à des économies (au bout de cinq ans pour l’achat d’un véhicule électrique, au bout de 10 à 20 ans pour les travaux de rénovation des bâtiments), signale Geoffroy Roux de Bézieux. Le patron des patrons, qui craint que les pouvoirs publics français et européens choisissent de concentrer les efforts de décarbonation sur les entreprises plutôt que sur les ménages afin d’éviter un mouvement de type "gilets jaunes", appelle le futur gouvernement à prendre en compte le fait que les premières feront davantage face à des "coûts purs" que les seconds.
Vous souhaitez contacter
Claire Avignon,
journaliste