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"L’union sacrée, le temps de gérer les urgences" et "La 'continuité pédagogique' est-elle une illusion ?" : tels étaient les titres des deux premiers épisodes consacrés au suivi de la crise du Covid-19 sur les campus, publiés par AEF info les 30 mars et 1er avril 2020. Deux années tout juste se sont écoulées depuis le choc du premier confinement. En cet "anniversaire" de la pandémie, il est temps de lever ce dispositif spécial de suivi de crise, alors que les établissements ont retrouvé un fonctionnement "normal". La situation est-elle pour autant similaire à celle d’avant la crise ? Une "nouvelle normalité" se dessine-t-elle ? Des transformations de long terme sont-elles à l’œuvre ? Ou bien, passé les urgences, puis l’adaptation, les nouveaux usages nés de ces chamboulements seront-ils très vite oubliés ? Ce 5e et dernier épisode de la série "Covid, an III", invite à la réflexion.
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"#ViveLePrintemps : retour des beaux jours = retour des pauses méridiennes en bord de Maine et des déjeuners sur l’herbe sur le campus", a twitté Delphine Boisdron, la directrice de communication de l'université d'Angers, le 25 mars 2022. Delphine Boisdron - UA
La rédaction d’AEF info chargée de la couverture du secteur de l’ESRI a choisi de suivre l’impact de la pandémie sur les campus, dès le mois de mars 2020, au moyen d’un format éditorial original : la série. Les épisodes ont d’abord eu un rythme hebdomadaire, durant le deuxième semestre 2020, puis il est devenu mensuel à partir de la rentrée 2021. À chaque fois, un panel d’acteurs divers a été interrogé régulièrement, semaine après semaine, ou mois après mois, pour suivre l’évolution de la situation dans leur établissement, au plus près du terrain.
Ce dispositif inédit a donné naissance à quatre séries, publiées entre mars 2020 et avril 2022 sur les fils d’actualité "Enseignement supérieur" et "Cursus et insertion". Elles constituent un témoignage de première main sur la façon dont le secteur a traversé cette période de fortes turbulences. En voici un récapitulatif :
Mars-avril 2022. Deux ans tout juste après le début du premier confinement, intervenu le 16 mars 2020 (lire sur AEF info), la sérénité est revenue sur les campus, qui ont renoué avec un fonctionnement normal depuis les levées des dernières restrictions – le 3 février pour le télétravail et le 14 mars pour les masques obligatoires. Les tracas du quotidien semblent avoir repris le dessus.
premier effet de long terme de la crise : le télétravail est resté
Pourtant, parler d’un "retour à la normale" serait hâtif. Subrepticement, c’est en réalité une "nouvelle normalité" qui s’est installée, et qui fait patiemment son œuvre. Les technologies ont gagné du terrain. Les réunions en "mode hybride" font désormais partie du quotidien, assure Ioannis Parisis, à Grenoble. Et le télétravail est devenu un mode courant d’organisation.
des "jours non-télétravaillables" font leur apparition
La désormais longue expérience du télétravail et du fonctionnement hybride conduit aussi à prendre des mesures pour l’encadrer, le maîtriser et le contrebalancer. L’idée d’imposer des jours "non-télétravaillables" fait ainsi son chemin.
La santé mentale, un sujet qui a "avancé grâce à la crise"
La crise a également fait émerger de nouvelles préoccupations, au plus haut niveau des organigrammes. La préservation de la santé psychique des étudiants, et plus globalement la vie étudiante dans son ensemble sont apparues avec une évidence crue comme l’une des missions fondamentales des établissements d’ESR.
de nouvelles formes d’anxiété chez les jeunes
Encore aujourd’hui, les interlocuteurs d’AEF info constatent des situations de détresse psychologique plus importantes qu’auparavant. À moins que ce ne soient les nouveaux canaux de détection qui permettent de mieux repérer ces phénomènes.
À l’université Caen Normandie, le SUMPPS reste "sursollicité pour de la détresse psychologique", témoigne aussi Lamri Adoui, son président. L’université normande a ainsi conservé le système de "chèques psy" mis en place pendant la crise, ainsi que le poste de psychologue, les interventions de bénévoles psychologues, et les emplois étudiants relais.
quand les présidents d’université découvrent l’importance de la vie étudiante
Lors d’un séminaire organisé par le CSO, le 8 mars dernier, consacré aux effets de la crise, l’inspecteur général Bernard Dizambourg a également mis l’accent sur cette "découverte, par les présidents, qu’on ne pouvait pas séparer la formation des problèmes de la vie étudiante". "Un étudiant qui n’est pas bien sa peau, son expérience pédagogique ne fonctionne pas", dit-il.
La "grosse mobilisation collective", du central aux collectivités, des associations étudiantes aux personnels techniques, "a beaucoup marqué les présidents" et leur "a fait découvrir un certain nombre de leurs insuffisances, par exemple sur la santé", observe-t-il. "Il y a aujourd’hui une volonté des présidents d’animer la fonction vie étudiante, la maîtrise d’ouvrage."
L’autre facette sombre de cette découverte est l’ampleur de la précarité étudiante en France. Et, pour le coup, le retour à la normale n’a pas fait retomber ces difficultés.
davantage d’étudiants sont en difficulté sur le plan scolaire
Et sur le plan académique, les établissements peuvent-ils d’ores et déjà mesurer l’impact de ces deux années chaotiques sur leurs étudiants et sur leur réussite ?
des méthodes pédagogiques complètement réinterrogées
Sur le plan académique, ce sont aussi les méthodes pédagogiques qui sont réinterrogées. Il ne s’agit plus de se positionner pour ou contre le tout-à-distance, mais de tirer les leçons des pas de géants effectués en un temps record en matière de pédagogie en ligne. Quels dosages, quels outils, dans quels objectifs… La digestion de ces chamboulements pourrait prendre des années.
À CentraleSupélec par exemple, le plan stratégique 2022-2027 est en pleine phase de conception. En avril, l’école compte organiser une large consultation de ses étudiants, anciens élèves, agents et partenaires, pour phosphorer sur son évolution stratégique. Et le bilan de la crise, ainsi que les perspectives en matière de pédagogie, en feront partie.
une ouverture vers des transformations internes en profondeur ?
Plus globalement, c’est toute la façon de gérer les établissements d’ESR qui pourrait sortir transformée de cet électrochoc. Dans les universités, les relations centre-composantes, par exemple, ont été revisitées ; la question du bien-être au travail, et donc des process RH, a pris une importance inédite ; les fonctions de soutien ont été énormément sollicitées, et sont devenues pour certaines des fonctions-clés. Autant d’évolutions de fond, peu visibles de premier abord, qui auront certainement un impact de long terme encore difficile à dessiner.
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Gwénaëlle Conraux,
journaliste