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"Je serais membre du gouvernement, la Plateforme RSE serait pour moi une vraie pépite : les travaux proviennent de consensus, de gens qui ont travaillé ensemble et ont fait un bout de chemin pour prendre une position commune", déclare à AEF info jeudi 24 mars 2022, Pierre Victoria. Le nouveau président de la Plateforme, élu le 16 mars dernier, estime d’ailleurs que parvenir à un travail plus étroit avec les pouvoirs publics sera l’une de ses priorités pour les deux années à venir. Pour le reste, l’ancien DDD de Veolia s’inscrit "dans la continuité" de la feuille de route établie lors de la présidence précédente. Deux avis devront être publiés courant octobre, l’un sur la commande publique, l’autre sur la mesure de l’impact. Le sujet des entreprises françaises encore présentes en Russie devrait aussi s’inviter à l’ordre du jour de la prochaine réunion de bureau de la Plateforme mi-avril.
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Pierre Victoria, président de la Plateforme RSE Droits réservés - DR
AEF info : Membre au nom du Comité 21, vous êtes le nouveau président de la Plateforme RSE depuis le 16 mars. Pourquoi avoir présenté votre candidature à ce poste (lire sur AEF info) ?
Pierre Victoria : À travers mes différentes activités, j'ai été fortement engagé dans une évolution de l’entreprise plus inclusive et sociétale. J’ai par exemple animé pour la Fondation Jean Jaurès les travaux relatifs à la loi Pacte et la coordination d’un travail "Réconcilier le travail et la société". J’ai ensuite, dans mes fonctions de directeur développement durable de Veolia, accompagné Antoine Frérot [PDG du groupe] dans sa vision élargie de l’entreprise et aussi dans ses combats pour la modification de l’article 1833 du code civil. J’ai aussi été administrateur salarié de Veolia de 2014 à 2018 : j’ai eu la chance d’être au conseil d’administration à cette époque extrêmement importante d’intégration des sujets de RSE dans la stratégie d’entreprise, avec la question climatique, le devoir de vigilance, la loi Sapin II… Plus jeune, j’ai aussi été élu en charge des affaires économiques de la ville de Lorient au moment d’une désindustrialisation très forte de l’économie locale. J’ai vu la fermeture d’une usine Lu, en lien avec le groupe Danone, et j’ai constaté là tout le projet auquel était attaché M. Antoine Riboud. Ce n’était pas des propos en l’air mais cela recouvrait une réalité quant au territoire et aux salariés. J’ai donc une histoire extrêmement diverse et plurielle vis-à-vis de la RSE. Il se trouve que je suis retraité depuis un an : j’avais envie de participer et d’être un acteur de la transformation nécessaire de l’entreprise.
AEF info : Quelles seront les grandes priorités de votre mandat ?
Pierre Victoria : Guillaume de Bodard [CPME] et moi-même avons dû écrire une profession de foi mais qui n’était pas un programme à proprement parler car la Plateforme est construite sur une feuille de route qui s’inscrit dans la durée. Ma prédécesseuse, Frédérique Lellouche, ainsi que l’équipe précédente, a fait un excellent travail pour bien structurer les thèmes et les réflexions. Le programme et les choix prioritaires sont déjà établis.
La profession de foi pour être candidat à la présidence de la Plateforme avait surtout pour objet de montrer une capacité à rechercher le consensus entre les différents acteurs. Sans doute faudra-t-il clarifier un peu plus les relations avec les pouvoirs publics. Il semble aujourd'hui manquer cruellement à la Plateforme des retours des pouvoirs publics sur ses recommandations émises alors qu'elle travaille sur des sujets complexes et innovants. Il y a quelques frustrations.
Bien que n’étant pas membre à titre personnel de la Plateforme, j’ai donc essayé de démontrer une capacité à poursuivre la logique de consensus absolument indispensable, et consubstantielle à la Plateforme. Je m’inscris dans cette continuité et suis extrêmement impressionné par la qualité de l’écoute et des échanges qui existent entre les membres… La place de la Plateforme sera nécessairement encore croissante demain. Je serais membre du gouvernement, la Plateforme serait pour moi une vraie pépite : les travaux proviennent de consensus, de gens qui ont travaillé ensemble et ont fait un bout de chemin pour prendre une position commune.
AEF info : Comment allez-vous démontrer votre capacité à rechercher le consensus ?
Pierre Victoria : Il faut constituer l’équipe du bureau car c’est elle qui traduit l’organisation collégiale en désignant les présidents des groupes de travail. Ce bureau n’est aujourd’hui pas encore au complet. La prochaine réunion se tiendra mi-avril, pour choisir les rapporteurs des deux prochains projets de la feuille de route pour les six mois à venir, évoqués dans le rapport d’activité. Donc il s’agit d’abord de finaliser l’équipe de gouvernance.
AEF info : Quels sont ces deux prochains projets ?
Pierre Victoria : Le premier grand sujet sera celui de la commande publique et de la RSO, qui sera intégré au programme national des achats publics durables. Il comprendra la problématique des circuits courts ou les recommandations de la convention citoyenne pour le climat. À mon avis, il devrait concerner les appels d’offres de l’État mais aussi ceux des collectivités territoriales. Le deuxième sujet porte sur la question de la mesure de l’impact sur laquelle il faut qu’on avance. Nous devons être très vite capables de réfléchir aux concepts de performance globale et de mesure de l’impact. Ces deux chantiers doivent aboutir mi-octobre.
Les deux autres points majeurs pour la Plateforme sont relatifs aux labels de commerce équitable. Une disposition de la loi climat et résilience nous désigne mais nous attendons le décret d’application pour fixer le rôle de notre organisation. L’autre priorité sera aussi sans doute de rencontrer le ou la nouvelle ministre en charge des questions de RSE début juillet pour savoir ce qui est attendu de nous.
AEF info : Quel rôle peut jouer la Plateforme RSE au sujet de la guerre en Ukraine ?
Pierre Victoria : J’ai demandé que le sujet soit aussi inscrit à l’ordre du jour de la prochaine réunion de bureau de la Plateforme. Il y a un programme de travail construit et cohérent, indispensable dans un tel système collectif, et en même temps surviennent des sujets d’actualité sur lesquels il me semble normal et logique que la Plateforme échange, surtout quand il s’agit de l’interpellation des entreprises françaises. Nous l’avons évoqué le jour de l’élection le 16 mars dernier.
Alors, on peut évoquer le sujet en termes de déclarations de principe mais ce n’est pas tellement ce qu’on attend de nous… Notre rôle est vraiment d’ériger des recommandations. Je sens que cela mérite un temps de discussion.
AEF info : Vous l’avez dit, vous ne faisiez pas partie de la Plateforme RSE jusqu'à présent… Quelle image en aviez-vous ?
Pierre Victoria : J’étais très favorable à cette initiative née au moment de l’affaire du Rana Plaza en 2013 qui a amené à poser la question de l’élargissement de la chaîne de responsabilité des entreprises. J’ai bien vu que la Plateforme a mis du temps à trouver sa vitesse de croisière et ça ne m’a pas étonné : la barre était haute ! Quand vous mettez autour de la table des acteurs qui nécessairement n’ont pas la même vision des choses, il faut construire les conditions de la confiance. France Stratégie l’a beaucoup aidée à trouver sa méthode de fonctionnement. J’ai suivi en particulier les derniers travaux sur les enjeux européens, sur la responsabilité numérique des entreprises. La Plateforme a bousculé les lignes de ce qu’était la RSE jusqu’à présent en embrassant un champ élargi de la RSE. Il s’agit vraiment maintenant de l’articuler avec la décision publique.
Décidée lors de la conférence environnementale de 2012 et installée officiellement en juin 2013 — deux mois après l’effondrement du Rana Plaza —, la Plateforme RSE est une instance de concertation multi parties prenantes sur les questions de RSE. Placée auprès du Premier ministre, ses membres sont bénévoles et son secrétariat est assuré par France Stratégie. Les 50 organisations qui la composent se répartissent en cinq pôles représentant les différentes catégories de parties prenantes de l’entreprise :
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Ioana Doklean,
journaliste