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Afin d’accompagner les étudiants et chercheurs ukrainiens, la mairie de Paris travaille "main dans la main avec la CIUP et le Crous en particulier pour leur trouver des logements pérennes", souligne Marie-Christine Lemardeley, adjointe en charge de l’ESR et la vie étudiante, lors d’une interview à AEF info mi-mars 2022. Les étudiants ont également accès au panel des aides (alimentaires, psychologiques, logement, accès aux droits) qu’offre le "quartier jeune", lieu d’accueil pour les 16-30 ans ouvert en septembre dernier par la ville, précise-t-elle. Elle revient également sur le chantier du site de La Chapelle (Condorcet), pour lequel "la préfecture pourrait prononcer l’arrêt du chantier en 2024 pendant quelques mois le temps des JOP". Autres sujets évoqués : la "situation financière compliquée" du Crous de Paris et le soutien de la ville à la recherche.
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Marie-Christine Lemardeley, adjointe en charge de l’ESR et la vie étudiante à la mairie de Paris. Droits réservés - DR - Mairie de Paris
AEF info : Comment avancent les chantiers en cours dans les différentes écoles de la ville de Paris, notamment ceux de l’ESPCI après l’apport de 30 M€ par l’État et la modification du projet de rénovation (lire sur AEF info) ?
Marie-Christine Lemardeley : Les travaux de l’ESPCI avancent bien, je suis très heureuse d’avoir pu garder cette école au cœur de la ville tout en la modernisant pour la maintenir à la hauteur de ses ambitions scientifiques. Un parisien sur dix est étudiant, il fallait donc réussir à maintenir une masse critique d’établissements et je pense que celle que nous avons aujourd’hui est assez intéressante.
Je me réjouis aussi que l’EIVP se soit intégrée dans Gustave Eiffel, avec sa personnalité morale, ce qui l’autorise à poursuivre l’innovation à laquelle elle est attachée comme grande école [lire ici et là]. Par ailleurs, l’EIVP va ouvrir une filière en alternance et donnera la possibilité à d’autres structures que la ville de Paris d’être employeurs pour ses étudiants.
AEF info : Parmi les projets immobiliers universitaires qui doivent également sortir de terre dans les prochaines années se trouve le futur campus de La Chapelle, qui doit accueillir des étudiants de Paris-I. Dans un récent rapport de la Cour des comptes, Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France alerte sur un possible nouveau retard dans les travaux, lié à un risque d' "interruption du chantier" à l’approche des JO (lire sur AEF info). Qu’en est-il ?
Marie-Christine Lemardeley : Le campus de La Chapelle devrait être ouvert en 2025. Nous investissons 23 millions d’euros et avons mis le foncier à disposition (pour une valeur évaluée à 14,5 millions d’euros). C’est un projet de réaménagement. À chaque fois qu’on parle de cet endroit, sa présence future est un facteur d’apaisement car la vie étudiante va colorer le quartier. Cela fait partie de la vision de la mandature : transformer les portes de Paris en places. Certes, la préfecture pourrait prononcer l’arrêt du chantier en 2024 pendant quelques mois le temps des JOP, mais à la fin, c’est le quartier tout entier qui sera métamorphosé.
AEF info : L’actualité est également marquée par la guerre en Ukraine. Comment la ville de Paris soutient-elle les étudiants ukrainiens ?
Marie-Christine Lemardeley : Nous avons invité des étudiants ukrainiens le 3 mars dernier à l’Hôtel de ville où ils nous ont exprimé leurs inquiétudes et angoisses : pour leur famille, pour eux-mêmes, pour leur culture qu’ils ont peur de voir niée, la crainte de ne pas finir leurs études.
En termes de soutien concret, nous avons ouvert en septembre 2021 un lieu d’accueil unique ouvert aux jeunes de 16 à 30 ans, le QJ (quartier Jeune), situé au 4 place du Louvre. Les étudiants ukrainiens peuvent également y accéder et ainsi recevoir des aides alimentaires, un soutien psychologique en français et anglais, une solution de logement, un accompagnement dans leur accès aux droits. Nous travaillons également main dans la main avec la CIUP et le Crous en particulier pour trouver des logements pérennes pour les étudiants, mais aussi les chercheurs ukrainiens. La grande difficulté réside dans le fait que les étudiants étrangers d’Ukraine – dont certains sont issus du Maghreb francophone et sont donc naturellement venus en France – n’ont pas le statut de réfugié. La vraie crainte, c’est qu’ils ne soient expulsés dans leur pays d’origine, ce que recommande aujourd’hui la préfecture.
Les Ukrainiens, quant à eux, s’inquiètent de voir leur culture disparaître. C’est une question de résistance pour eux et nous avons pris cela très au sérieux. Afin de sauvegarder cette culture, nous avons lancé un projet avec des étudiants ukrainiens, le city ballet de Kyiv, le théâtre de la ville et celui du Châtelet, ainsi qu’une école d’art graphique de la ville, l’Epsaa. Pendant une semaine, cette dernière a consacré tous ses cours à l’Ukraine et s’est lancée dans la création d’affiches pour promouvoir la culture ukrainienne. Leur permettre de s’inscrire dans des projets comme celui-ci leur apporte un soutien psychologique et ce projet sera bientôt exposé sur les grilles du QJ pour le partager avec tous les Parisiennes et les Parisiens.
AEF info : Quelles actions menez-vous afin de soutenir la recherche ?
Marie-Christine Lemardeley : Tout d’abord, la ville de Paris reste un grand financeur de ses jeunes chercheurs : nous continuons par exemple à recruter dix doctorants Cifre par an. Nous réfléchissons même à augmenter la cohorte car les services plébiscitent cette action. De plus, la DSP (Direction de la santé publique) et la DTEC (direction de la transition écologique et du climat) ont créé des pôles recherche. Nous voudrions créer un esprit de corps chez ces doctorants et docteurs de la ville, et organisons par exemple des journées de la thèse Cifre.
Les objectifs, en somme, sont de valoriser la recherche financée par la mairie de Paris et aussi que la recherche infuse la politique de la ville. Récemment, j’ai assisté à une conférence donnée par un doctorant Cifre en duo avec un chercheur sur l’urine et les excréments à Paris. C’était passionnant ! Le fait de travailler de manière très rapprochée avec des chercheurs nous permet d’ailleurs d’être très réactifs : dès le début du Covid, nous avons aussi très vite travaillé avec une équipe de chercheurs qui observaient la présence du virus dans les eaux usées et pouvaient ainsi anticiper les crises. Par ailleurs, nous finançons un groupe de chercheurs qui fait la synthèse des connaissances sur des sujets concrètement utiles à la transition écologique de notre ville. D’aucuns vont vers un cabinet de conseil ; de notre côté, nous estimons la recherche plus poussée, plus inventive et plus indépendante.
Interrogée sur la situation financière du Crous de Paris, Marie-Christine Lemardeley indique avoir été informée "de chiffres qui remontent à 2017" et font état "d’une situation financière compliquée". "Il y a effectivement de sérieux problèmes. Je pense que l’État n’a pas pris conscience de la spécificité du Crous de Paris, qui s’occupe de beaucoup d’étudiants, dans la ville la plus chère de France", réagit-elle. "L’État doit revoir la péréquation entre Crous", juge-t-elle également.
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Zoé Courtois,
journaliste