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En France, "la reconnaissance des apprentissages […] est aujourd’hui quasi exclusivement fondée sur les diplômes, c’est-à-dire sur la formation initiale", déplorent Sylvie Teynier, Mathias Dufour et Nicole Lacore, membres du think tank #Leplusimportant, ainsi que Serge Ravet et Philippe Petitqueux, membres de l’association Reconnaître-Open Recognition Alliance, dans une tribune publiée par AEF info, vendredi 25 mars 2022. Les cinq auteurs plaident pour que le prochain quinquennat soit "l’occasion d’accélérer le déploiement à l’échelle nationale des badges numériques". "Favorisant la reconnaissance des compétences de chacun", ces badges "peuvent en effet jouer un rôle majeur pour promouvoir une société apprenante et une société de la reconnaissance" car ils "rendent visibles les pratiques professionnelles et les compétences acquises et reconnues par les pairs", affirme ce collectif.
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Le développement des badges numériques peut devenir viral et concerner d’ici cinq ans des millions d’actifs, espèrent les auteurs de la tribune Pixabay
"Déployons les badges numériques pour reconnaître les compétences de chacun et promouvoir une société apprenante et de la reconnaissance"
"Le prochain quinquennat doit être l’occasion d’accélérer le déploiement à l’échelle nationale des badges numériques. Favorisant la reconnaissance des compétences de chacun, ils peuvent en effet jouer un rôle majeur pour promouvoir une société apprenante et une société de la reconnaissance.
À l’heure où les compétences sont devenues le 'passeport pour l’emploi', favoriser l''apprentissage tout au long de la vie' pour tous les actifs est devenu un lieu commun. Cette idée séduisante se heurte pourtant à un obstacle majeur dans notre pays. La reconnaissance des apprentissages y est aujourd’hui quasi-exclusivement fondée sur les diplômes, c’est-à-dire sur la formation initiale. Or, pour que l’apprentissage intervienne véritablement 'tout au long de la vie', il faut qu’il soit reconnu et valorisé lui aussi tout au long de la vie.
Certes, notre pays a innové il y a 20 ans en lançant la validation des acquis de l’expérience (VAE), mais celle-ci ne concerne que 0,1 % des actifs chaque année. Même si la réforme de la VAE lancée par le gouvernement pourrait améliorer la situation, nous sommes très loin du dispositif de reconnaissance à large échelle dont nous avons besoin.
rôle clé des badges numériques
Pour évoluer vers une 'société apprenante', nous devons promouvoir une 'société de la reconnaissance'. Les badges numériques ont pour cela un rôle clé à jouer. De quoi parle-t-on ?
Un badge numérique est un dispositif numérique présenté sous forme d’icône. C’est une représentation visuelle de l’acquisition des connaissances et des compétences, des savoir-faire et des savoir-être. Les badges sont collectés dans le parcours professionnel et les engagements associatifs. Ils permettent de reconnaître les compétences d’une personne par ceux - employeurs, collègues, partenaires - qui interagissent en situation professionnelle avec elle et qui renseignent ses badges au fil des expériences.
Les badges présentent de très nombreux avantages. Ils rendent visibles les pratiques professionnelles et les compétences acquises et reconnues par les pairs. Ils permettent une reconnaissance des connaissances et des compétences à la fois plus large et plus granulaire que les traditionnels diplômes. Ils sont faciles d’utilisation, intuitifs, dynamiques, portables sur toutes plateformes agréées. À l’heure où les compétences évoluent de plus en plus vite, ils en offrent une cartographie en temps réel, ce qui permet de mettre à jour en continu les référentiels de compétences et d’éviter leur obsolescence.
"Les badges permettent de valoriser la Formation en situation de travail (FEST), au service d’une “reconnaissance en situation de travail” (REST)."
Les badges peuvent ainsi servir à la fois aux travailleurs et aux entreprises, comme outil de motivation, par exemple pour se former ou pour attester d’une activité accomplie ou d’une compétence acquise. Les retours d’expérience montrent d’ailleurs que quand on délivre des badges à des personnes pour reconnaître leurs compétences, elles ont plus envie de se former. Réciproquement, les badges permettent de valoriser la Formation en situation de travail (FEST), au service d’une "reconnaissance en situation de travail" (REST).
Dans un pays où moins d’un actif sur sept bénéficie d’une formation chaque année et où augmenter d’un point le taux d’accès à la formation génère un gain de PIB de 7,4 milliards d’euros, cela peut être décisif.
La France est aujourd’hui un des pays leaders sur les badges numériques. Pourtant leur déploiement est encore très limité et loin d’en avoir exploré tous les usages. C’est notamment le cas au sein des entreprises, même si des groupes comme IBM ou des groupements professionnels comme Numeum les utilisent et les promeuvent. Un changement d’échelle est nécessaire -et possible- pour capter pleinement leur utilité sociale. Comment faire, concrètement, pour accélérer ce déploiement à l’échelle nationale ?
Tout d’abord il nous semble indispensable de mettre les différentes parties prenantes - entreprises, branches professionnelles, partenaires sociaux, service public de l’emploi, opérateurs de badges - autour de la table pour co-construire ensemble un plan d’action national. L’éparpillement des initiatives, sans coordination, est aujourd’hui un des principaux freins à leur passage à l’échelle.
six propositions
D’ores et déjà, nous portons plusieurs propositions qui pourraient s’inscrire dans ce plan d’action.
1. Lancer des expérimentations centrées sur les cas d’usages à plus forte valeur pour les travailleurs et entreprises, avec la perspective de faire passer ensuite les expérimentations les plus réussies à large échelle ;
2. Lancer un référentiel de compétences en open source, 'wiki-compétences' ou 'wikiskills', co-élaboré et mis à jour en permanence par l’ensemble des acteurs, en articulation directe avec les répertoires des métiers Rome et Esco existants ;
3. Inciter les entreprises à développer les usages des badges numériques et lancer un label public 'Badgeons les Compétences' pour valoriser les entreprises qui délivrent des badges ;
4. Mandater les Opco pour accompagner la création des badges numériques en entreprise ;
5. Rendre la délivrance de badges liés aux formations suivies progressivement obligatoire, d’ici trois ou cinq ans, au moins pour celles financées par de l’argent public ;
6. Permettre la prise en charge par le CPF des démarches d’accompagnement à l’adoption des badges numériques et à la validation de blocs de compétences grâce à ces badges.
évolutions essentielles
L’usage des badges, reconnaissons-le, est encore très minoritaire aujourd’hui. Mais leur développement peut devenir viral, et concerner d’ici cinq ans des millions d’actifs. Ceci contribuerait à plusieurs évolutions essentielles :
Les actifs seront valorisés par une meilleure reconnaissance de leurs compétences et bénéficieront d’une employabilité accrue, en particulier les actifs peu diplômés qui ont le plus à gagner à ce qu’on rende visibles leurs compétences réelles.
Les entreprises percevront mieux les compétences effectives des actifs et pourront donc mieux anticiper leurs besoins en compétences et mieux cibler leurs dépenses de formation et leurs recrutements.
Le déploiement des badges numériques peut être un accélérateur du passage d’une société du diplôme à une société de la compétence et de la reconnaissance. Qu’attendons-nous ?"
Sylvie Teynier, Mathias Dufour et Nicole Lacore, membres de #Leplusimportant et Serge Ravet et Philippe Petitqueux, membres de Reconnaître-Open Recognition Alliance
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