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Transports, industrie, agriculture, énergie, international, budget vert… Le Réseau action climat France a publié le 20 mars son évaluation des programmes de huit candidats à l’élection présidentielle. Il en ressort que ceux de Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon se détachent de leurs concurrents, jugés plus ambitieux que ceux d’Anne Hidalgo et Fabien Roussel. Quatre candidats sont par ailleurs hors sujet et dans le rouge : Emmanuel Macron, Valérie Pécresse, Marine Le Pen et Eric Zemmour.
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Pour le RAC-France, seuls deux candidats sur huit sont à la hauteur de l'action climatique à porter durant le futur quinquennat RAC-France
Le Réseau action climat — qui fédère une trentaine d’associations nationales et locales dont le WWF, France nature environnement, Greenpeace, Agir pour l’environnement, Alternatiba — a publié le 20 mars 2022 son analyse des programmes des sept principaux candidats à la présidentielle à l’aune des sept axes qu’il a définis en janvier dernier comme essentiels pour le climat :
Deux candidats en pole position
À l’aune de ces sept critères, le RAC a attribué des feux vert, orange ou rouge aux candidats, résumés en une infographie :
Ainsi, Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon se détachent des autres candidats par une majorité d’items obtenant le feu "vert". Viennent ensuite Anne Hidalgo et Fabien Roussel (majorité de feux orange). Quant à Emmanuel Macron, Valérie Pécresse, Marine Le Pen et Eric Zemmour, ils n’obtiennent que des feux rouges.
Voici dans le détail, l’évaluation des programmes effectuée par le RAC :
Le candidat des écologistes obtient des notes vertes dans toutes les catégories en dehors de celle du climat à l’international, notamment parce qu’il reste "vague concernant l’arrêt du financement des énergies fossiles à l’étranger". Aussi, en matière de décarbonation de l’industrie, le RAC regrette "l’absence d’approche spécifique des technologies et moyens de décarboner effectivement les grands sites industriels de la chimie, du ciment et de l’acier".
Sur la rénovation performante, si le programme "est complet", les mesures auraient pu être "plus détaillées et ambitieuses sur les besoins en formation pour les métiers du bâtiment ainsi que sur les mesures d’aide au paiement des factures pour les personnes en situation de précarité énergétique".
À noter cependant que Yannick Jadot est "le seul candidat" à proposer le remboursement des aides de la PAC en cas d’exportation de la production, "une mesure saluée", étant donné "les graves impacts socioéconomiques et environnementaux que peuvent avoir ces exportations". Bémol néanmoins : "des mesures un peu plus précises" auraient pu être développées pour le soutien aux élevages durables.
Même bilan pour le programme de l’Union populaire : du vert sur six items et de l’orange pour le climat à l’international, "le rôle et la qualité de la finance climat" étant "peu abordés". Son programme est jugé complet en matière de transports, rénovation des logements, et décarbonation de l’industrie. Et il va même "plus loin" que les propositions du RAC en matière de transition agricole.
Quelques regrets sont cependant mentionnés, concernant l’absence de propositions sur la fin de vente des véhicules neufs diesel et essence et hybrides ou encore la volonté de mettre fin aux zones à faibles émissions sans alternative "pour organiser concrètement la sortie du diesel et de l’essence dans les agglomérations".
En matière de rénovation, le candidat "oublie" d’articuler objectifs nationaux et européens pour la rénovation énergétique "alors que ceux-ci sont actuellement discutés dans le cadre de la 'vague de rénovation' (lire sur AEF info)".
Globalement, le programme de la candidate socialiste reste trop flou par rapport aux critères évalués par le RAC, ce que ne lui vaut aucune note verte mais une majorité d’orange. Les propositions de la candidate restent "limitées" en matière transports. Si elle mentionne l’enjeu d’investir massivement dans le train, elle ne propose rien quant au développement de l’offre de transport en commun et du vélo. Et ne se positionne pas sur l’interdiction de la vente des véhicules neufs diesel, essence et hybrides.
En matière de transformation de l’agriculture, ses propositions sont à nouveau peu précises sur les sujets "les plus structurants" : rien n’est proposé pour sortir des élevages industriels, trop peu d’éléments sur l’accompagnement de la transition vers des élevages durables. En matière de rénovation des logements, le RAC déplore l’absence d’éléments sur l’accompagnement des ménages et la mise en œuvre de l’interdiction de location des passoires énergétiques. Le cap proposé vers 100 % d’énergies renouvelables en 2050 manque de clarté et les propositions pour verdir le budget sont "trop marginales". Pour les renforcer, "elle aurait pu intégrer par exemple le besoin d’augmenter les dépenses favorables à l’environnement ou encore la suppression des dépenses néfastes au climat". Or, elle agit à l’inverse en proposant de baisser la TVA sur l’électricité et le gaz naturel et, en cas de flambée des prix à la pompe, les carburants.
Le candidat communiste se situe lui aussi dans l’orange, "au milieu du gué" selon Anne Bringault, coordinatrice des programmes du RAC. En matière de transports, s’il propose des alternatives à la voiture (plan vélo, déploiement ferroviaire et gratuité des transports publics), il n’évoque pas la conversion de l’industrie automobile ou "la nécessaire réduction du trafic aérien". De même, le programme est "incomplet" et "manque de précisions" en matière agricole, en particulier sur la transition de l’élevage industriel vers des élevages plus durables. Autre écueil : l’absence de l’introduction de davantage de menus végétariens pour favoriser une alimentation moins carnée.
Aussi, la relance du nucléaire proposée par le candidat "ne permet pas de répondre à l’urgence climatique" puisque les nouvelles centrales "arriveront trop tard". D’autres mesures sont contestées par le RAC : réduction de la TICPE, baisse des taxes sur les tarifs de l’électricité et du gaz, taux réduit de TVA — passant de 20 % à 5,5 % — sur les consommations d’électricité et de gaz, hausse du chèque énergie à 700 € par an minimum et baisse des taxes "qui constituent le tiers des factures énergétiques".
Plusieurs points sont cependant à saluer : le candidat veut "négocier des accords internationaux favorables au développement de systèmes agricoles écologiques et équitables au Nord comme au Sud". Il est également "le seul" à "mentionner clairement" la transformation de l’industrie lourde bien que "rien de très concret" ne soit proposé "concernant la régulation des entreprises en matière de respect d’une trajectoire climatique compatible avec l’accord de Paris".
Les récentes annonces du président candidat à sa réélection jeudi 17 mars (lire sur AEF info) sont toutes jugées insuffisantes par le RAC, lui valant sept feux rouges. Les propositions sur les transports, tournées vers le véhicule électrique et l’avion bas carbone, sont "parcellaires" et passent "à côté" de l’enjeu de réduction des émissions du secteur — secteur ferroviaire et mobilités douces étant notamment "passés sous silence".
En matière de décarbonation de l’industrie, les propositions (planification écologique des grands secteurs économiques, taxe carbone aux frontières de l’UE, réindustrialisation) sont jugées incomplètes. Les "ambitions" du candidat pour l’agriculture et l’alimentation "sont réduites à quatre propositions sans le moindre rapport avec les enjeux de transition agroécologique" et d’émissions de gaz à effet de serre.
En matière de logements, la proposition de rénover 700 000 logements par an n’aborde pas "l’enjeu essentiel" de la précarité énergétique et des passoires énergétiques. "Le candidat ne parle pas non plus des questions d’information et d’accompagnement humain des foyers français dans les démarches de rénovation de leur logement et ne mentionne pas non plus la nécessaire montée en qualité des travaux de rénovation grâce à la formation des professionnels."
Enfin en matière d’énergie, le RAC déplore l’absence de propositions "à court ou moyen terme", les EPR évoqués ne produisant "pas d’électricité avant 2037" et les objectifs "insuffisants" fixés en matière d’énergies renouvelables étant à horizon 2050.
Comme Emmanuel Macron, la candidate LR voit toutes ses propositions basculer dans le rouge. Elle qui veut annuler le programme de fermeture de douze réacteurs nucléaires et supprimer le plafond de 50 % de nucléaire en 2035 dans le mix électrique pour lancer une première série de six réacteurs EPR (dont quatre à démarrer d'ici 2035) "reste dans une vision productiviste de la transition énergétique fondée sur l’industrie nucléaire et une méconnaissance des enjeux de sobriété ainsi qu’une défiance délétère par rapport à l’énergie éolienne".
Les mesures proposées en matière de transports (fin de vente des véhicules thermiques neufs en 2035 et des hybrides rechargeables neufs en 2040, soutien aux biocarburants et à l’hydrogène dans l’aérien, développement de nouvelles liaisons TGV etc.) ne sont "pas à la hauteur" des enjeux climatiques.
La candidate ne propose "pas la moindre mesure" visant à accélérer la transition écologique du secteur agricole. En matière d’industrie, les secteurs clés pour le climat (métallurgie, chimie et ciment) ne sont pas abordés, pas plus que les moyens pour "réduire effectivement" leurs émissions. Enfin, "trop peu de précisions" sont apportées sur la rénovation des logements, l’international et le verdissement du budget de l’État.
Rouge également pour celle qui ne cite pas une seule fois le mot climat dans son programme. Et passe "à côté du sujet" de la réduction des émissions de gaz à effet de serre du secteur du transport, pourtant le plus émissif (elle propose de renationaliser les autoroutes pour baisser de 15 % les péages, réduire la TVA à 5,5 % sur les carburants et rendre les transports gratuits aux heures creuses pour les 18-25 ans).
Sur le volet agricole, le RAC juge "catastrophique" l’engagement de la candidate à lutter contre la stratégie européenne "De la ferme à la fourchette" — "indispensable" à la transition agroécologique. De même, "son hostilité à une plus forte réglementation des produits phytosanitaires et sa proposition en faveur du stockage de l’eau vont à contresens de la nécessité de transformer le modèle agricole conventionnel".
Enfin, sur l’énergie, "en se basant uniquement sur l’industrie nucléaire et en proposant de démanteler les installations éoliennes", la candidate s’oppose à l’atteinte de la neutralité carbone en 2050.
Rouge enfin pour le candidat "Reconquête !". Il propose la construction d’au moins quatorze nouveaux réacteurs nucléaires EPR2 à l’horizon 2050 et le démantèlement des éoliennes, ce qui "rend impossible" l’atteinte de la neutralité carbone en 2050 pour le RAC. Par ailleurs, il n’accompagne sa mention "laconique" des investissements dans l’isolation des logements d'"aucune mesure d’action précise".
En matière de transports, sa stratégie "se limite au développement de l’hydrogène, de l’électrique ou encore des biocarburants" — nouvelles sources d’énergie qui ne peuvent pas "être la seule réponse pour réduire rapidement" les émissions du secteur. Il fait par ailleurs "l’impasse" sur "la nécessaire réduction" du trafic aérien. Et veut mettre fin aux zones à faibles émissions et revenir sur des limitations de vitesse "qui ont pourtant un impact positif sur la réduction de la consommation de carburant".
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Émilie Legendre,
journaliste