En plus des cookies strictement nécessaires au fonctionnement du site, le groupe AEF info et ses partenaires utilisent des cookies ou des technologies similaires nécessitant votre consentement.
Avant de continuer votre navigation sur ce site, nous vous proposons de choisir les fonctionnalités dont vous souhaitez bénéficier ou non :
Jeanick Brisswalter, président de l’université Côte d'Azur annonce que l’EPE est engagé dans "une sortie de l’expérimentation en janvier 2023", dans une interview à AEF info, le 8 février 2022. Dans cette perspective, plusieurs modifications des statuts pourraient intervenir pour "alléger certains processus" et mieux associer les établissements-composantes à la stratégie. Il revient également sur le plan stratégique 2021-2025, dévoilé par l’UCA mi-décembre, "colonne opérationnelle du prochain contrat de site" et qui consacre la "signature" de l’établissement à savoir "une université intensive de recherche, moteur de son écosystème territorial et qui se projette à l’international", développe-t-il. Autres sujets abordés : le projet "Excellences" de l’université, les dispositifs issus de la LPR, les MSc ou encore les frais d’inscription différenciés, qui lui amènent 600 000 € de ressources.
Cette dépêche est en accès libre.
Retrouvez tous nos contenus sur la même thématique.
Jeanick Brisswalter, président d'université Côte d'Azur Droits réservés - DR - © Service communication - université Côte d'Azur
AEF info : L'université Côte d'Azur est devenue un établissement expérimental début 2020. Deux ans après, quel premier bilan tirez-vous ? Quand prévoyez-vous de sortir de l'expérimentation ?
Jeanick Brisswalter : Nous nous sommes engagés dans une sortie de l'expérimentation en janvier 2023, à l'image de PSL, CY Cergy Paris université et de l'université Grenoble Alpes, cette dernière prévoyant une sortie en 2024. Cette perspective est bien accueillie par la communauté de l'université Côte d'Azur, car cela montre la direction dans laquelle nous allons avec l'EPE : pour nous, cet atterrissage est une manière d'amener de la stabilité et de montrer que notre structure fonctionne.
Nous participons donc au groupe de travail organisé par la Dgesip avec la participation du HCERES, qui coordonne l'évaluation permettant de sortir de l’expérimentation et qui portera sur les volets gouvernance, pilotage et plus-value de l’EPE. Nous sommes en train de définir avec le Haut Conseil les points de focus nous concernant. De notre côté, nous devons voir comment coupler cette évaluation – qui doit débuter à l’automne 2022 – et notre évaluation d’établissement de la vague C prévue mai 2023. Les premiers échanges que nous avons eus avec le HCERES sont positifs, avec une position ouverte.
"Nous envisageons d’améliorer la place des établissements-composantes afin qu’ils soient plus présents dans la stratégie de l'université Côte d'Azur."
Concernant les ajustements, nous souhaitons modifier nos statuts pour alléger certains processus, des modifications qui devront intervenir avant la fin de l’expérimentation. Il s’agira d’ajustements à la marge, car tout changement structurel – par exemple l’ajout de nouveaux membres – nous obligerait à partir sur une nouvelle expérimentation.
Concrètement, nous envisageons d’améliorer la place des établissements-composantes afin qu’ils soient plus présents dans la stratégie. Nous envisageons donc de les inclure dans le comité de pilotage d’établissement, pour éviter d’avoir des réflexions parallèles avec le comité de pilotage de site. Un autre ajustement serait de décharger une partie du travail du Cac sur les comités de pilotage aussi bien dans la recherche que dans la formation via les académies de l’idex ou nos EUR, lesquelles fonctionnent bien. En revanche, nous n’envisageons pas de modifier la composition de notre CA, qui comporte 50 % d’élus et 50 % de nommés. Au lancement de l’EPE, il y a eu des tensions sur ce sujet, mais à l’usage, les élus ont compris que nous n’utilisons pas cette configuration pour faire passer des choses en force. Cette instance fonctionne très bien, il n’y a donc pas de raison de changer.
AEF info : Vous avez dévoilé à la mi-décembre votre projet stratégique 2021-2025. Comment a-t-il été construit, quels en sont les principaux objectifs et comment s’articule-t-il avec le contrat de site ?
Jeanick Brisswalter : Nous avons travaillé ce plan durant la pandémie de Covid-19. Il était en effet important pour nous d’avancer durant cette période, afin de fixer notre trajectoire à moyen terme et ne pas être uniquement dans la gestion de la crise. Ce plan stratégique définit une méthode de travail et des jalons pour notre établissement à travers des objectifs et actions concrets. Il constitue également un enjeu important de lisibilité vis-à-vis de notre communauté, de nos services et de nos partenaires, notamment les organismes de recherche avec qui nous travaillons dans le cadre d’une relation équilibrée. Il constitue aussi la colonne opérationnelle du prochain contrat de site (2023-2027).
Ce plan stratégique consacre la "signature" de l’université Côte d'Azur, à savoir une université intensive de recherche qui se positionne comme moteur de son écosystème territorial, se projette à l’international et promeut la transdisciplinarité aussi bien dans la recherche – via les académies de l’idex – que dans la formation – à travers nos EUR. Tout cela en nous appuyant sur nos pépites, que ce soit par exemple en archéologie ou à travers l’observatoire de la Côte d'Azur.
À compter de début 2021, il a fait l’objet de présentations successives auprès des différentes instances (CT, CA) au fur et à mesure que nous avancions dans sa conception. Le CA s’est ensuite prononcé sur le plan définitif, à la fin 2021. Nous avions ensuite prévu d’organiser plusieurs sessions de présentation sur les différents campus de l’établissement, mais elles ont été reportées, en raison des conditions sanitaires.
AEF info : En matière RH, votre plan stratégique vise à "attirer les meilleurs talents en vous saisissant de tous les dispositifs disponibles pour proposer des parcours attractifs individualisés et compétitifs au niveau mondial". Les outils ouverts par la LPR (CPJ, repyramidage, Ripec, recrutement hors-CNU) vous donnent-ils de nouvelles marges de manœuvre ?
"La LPR ouvre des outils intéressants à partir du moment où ils ne percutent pas les stratégies d’établissement."
Jeanick Brisswalter : La LPR ouvre des outils intéressants à partir du moment où ils ne percutent pas les stratégies d’établissement. C’est vrai pour les CPJ, que nous co-construisons systématiquement avec les organismes de recherche, à travers des chaires hybrides. Nous avons fixé un impératif : que ces postes concernent un maximum de 10 % du volant des PU à l’échelle de l’établissement. Cette politique est d’ailleurs comprise par les instances de l’établissement : même si une partie du CA est contre le principe des CPJ, leur mise en œuvre par l’université a été validée. Pour 2021, nous avons ainsi reçu trois CPJ dont une avec le CNRS et une autre avec Inria. Et nous allons déposer deux ou trois CPJ lors de la deuxième vague ; en prenant en compte la décision du CNRS de ne plus s’engager sur des chaires hybrides. Lors de la première vague, nous souhaitions recruter un profil en astrophysique plutôt DR, ce qui n'a pas été possible, du fait de la position du CNRS de ne pas vouloir que ces chaires atterrissent sur ce type de postes.
Quant aux autres dispositifs de la LPR, cela ne nous laisse pas toujours de latitude. C’est notamment le cas du repyramidage, qui représente une contrainte par rapport à notre stratégie d’établissement. Il y a en effet un cadrage très précis du MESRI par section CNU alors que jusque-là, dans le cadre du 46-3 nous avions l’habitude d’ouvrir les postes à plusieurs sections CNU pour recruter les meilleurs profils.
AEF info : Vous prévoyez d’accompagner votre stratégie 2021-2025 d’une transformation de l’administration de l’université Côte d'Azur. Concrètement, de quoi s’agit-il ?
"Nous allons restructurer un à un les grands services administratifs de l’établissement dans une perspective de simplification", notamment le service RH.
Jeanick Brisswalter : Un travail important a été engagé depuis 2020, puisque l’une de mes exigences en arrivant à la présidence était de renouveler les directions administratives. Concrètement, nous allons restructurer un à un les grands services administratifs de l’établissement dans une perspective de simplification. Ce projet est également lié à l’élargissement de notre périmètre du fait de la création de l’établissement public expérimental et l’arrivée d’établissements-composantes. L’idée n’est pas de recentraliser les services mais de permettre une vraie coordination de site, en gardant un principe de subsidiarité. Dans cette perspective, nous avons mis sur pied une cellule d’accompagnement au changement, financée dans le cadre du dialogue stratégique et de gestion 2021. Nous n’avons pas de calendrier défini, car nous avons choisi de prendre le temps qu’il faut.
La première étape a été la reconfiguration de la gestion des relations internationales qui était jusqu’ici morcelée. Nous avons ainsi créé une direction des relations internationales qui coordonne l’ensemble des activités, dont celles de la maison de l’Europe et des territoires en charge de superviser le dépôt et le suivi de projets régionaux, nationaux, européens et internationaux.
La deuxième étape qui s’ouvre – et qui représente le plus gros du travail – concerne la restructuration du service RH. Les modifications ne sont pas qu’organisationnelles et éviter la distinction centre/composantes. L’objectif est de mettre en place des processus et réseaux métiers, d’instaurer une vraie gestion des carrières, de dématérialiser les procédures.
AEF info : Vous avez déposé un projet "Excellences" dans le cadre de la deuxième vague de l’appel à projets. En quoi consiste-t-il ?
Jeanick Brisswalter : Effectivement, nous avons déposé un projet pour lequel nous avons demandé 35 M€, avec pour objectif de structurer trois niveaux d’interfaçage avec le territoire et les organismes de recherche en termes de recherche et innovation.
"Nous avons déposé un projet Excellences pour lequel nous avons demandé 35 M€, pour structurer trois niveaux d’interfaçage avec le territoire et les organismes de recherche en termes de recherche et innovation."
Un premier niveau vise à augmenter le potentiel de nos instituts d’innovation et de partenariat qui font l’interface entre l’académique, le territoire et les organismes de recherche et qui portent sur des thématiques sur lesquelles nous sommes en train de signer des COM avec les collectivités et organismes de recherche (3IA, territoires intelligents, parfum cosmétiques). Le deuxième niveau vise à renforcer nos plateformes en émergence sur des thématiques prioritaires (réseau IoT, communication quantique, vieillissement). Enfin, le troisième niveau vise à faire émerger des thématiques sur lesquelles il y a un potentiel mais qui ne sont pas encore structurées et ne bénéficient pas encore d’interface recherche-innovation performantes. Le projet comporte aussi un volet sciences et société, le but étant pour nous d’émarger une labellisation pôle universitaire d’innovation et de savoir.
Par ailleurs, nous allons également répondre à l’appel à projets sur la diversification des ressources, en mettant par exemple en place avec le CNRS une politique internationale qui nous permettra de répondre à des AAP internationaux, notamment au niveau européen.
AEF info : Plusieurs universités s’interrogent sur leur politique en matière d’ouverture de postes et de places, dans un contexte de contraintes financières. Quelle est votre position ?
"Cette année, nous avons dû limiter nos capacités d’accueil, afin de maintenir la qualité des formations."
Jeanick Brisswalter : Nous ne gelons pas de postes, afin de maintenir le potentiel d’emplois. Mais notre contrainte principale est notre dotation par étudiant puisque si on se compare à la moyenne des universités françaises pluridisciplinaires avec composante de santé, il nous manque 15 M€ par an. Nous sommes aussi l’université la plus sous-dotée du sud de la France. Sachant que cette année, nous n’avons reçu que 600 000 € du ministère, au titre du rééquilibrage…
Cette année, nous avons donc dû limiter nos capacités d’accueil, afin de maintenir la qualité des formations et éviter un triple échec lié à la faible réussite en premier cycle : pour les étudiants, les enseignants et l’institution, car cet échec a un coût.
AEF info : En matière de formation, vous avez développé une offre de MSc sélectifs, dont les frais d’inscriptions s’échelonnent de 3 000 à 10 000 € par an. Allez-vous vers une offre de deuxième cycle à deux vitesses ?
Jeanick Brisswalter : Nous comptons huit MSc, dont plusieurs ont le grade de master. Il s’agit de diplômes universitaires transdisciplinaires, qui n’existent nulle part ailleurs et qui sont pour la plupart en langue anglaise. Ils sont intégrés dans l’offre de nos EUR et ne remettent pas en cause notre cœur de métier sur le deuxième cycle puisqu’ils ne recouvrent pas les diplômes nationaux que nous proposons. Ils répondent à une demande spécifique de notre territoire et accueillent un pourcentage important d’étrangers. D’autres s’adressent à souvent à un public de professionnels ; c’est notamment le cas du MSc Affluencers & luxury business que nous avons lancé en juillet dernier en lien avec la Ville de Cannes.
AEF info : Sur le volet international, quelle est votre stratégie en matière d’accueil des étudiants extracommunautaires, notamment pour ce qui est de la mise en œuvre des frais différenciés ?
"Les frais différenciés nous amènent chaque année 600 000 € de ressources, dont 60 % reviennent aux composantes et 40 % à l’université."
Jeanick Brisswalter : Nous laissons aux composantes le choix d’exonérer ou non les étudiants extracommunautaires selon deux critères : l’excellence et la francophonie, car nous avons de nombreux partenaires africains. Les frais différenciés nous amènent chaque année 600 000 € de ressources, dont 60 % reviennent aux composantes et 40 % à l’université. Ce montant sert à financer l’amélioration des dispositifs d’accueil de ces étudiants.
Pour l’heure, à l’échelle de l’établissement 8 % des étudiants sont exonérés. Lorsque nous aurons atteint le plafond de 10 % d’exonérations fixé par le code de l’éducation, il nous faudra travailler de manière plus contrainte et coordonnée avec les composantes. Sachant que la question n’est pas abordée de la même manière selon les disciplines.
Voici une sélection des brèves fonction publique de la semaine du 29 mai 2023 :
Vous souhaitez contacter
Camille Cordonnier,
journaliste