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"Nous devons lancer une nouvelle politique d’investissement dans l’ESR pour les dix ans qui viennent" mais "nous ne pourrons pas durablement rester dans un système où l’enseignement supérieur n’a aucun prix pour la quasi-totalité des étudiants", déclare Emmanuel Macron, le 13 janvier 2022, lors du congrès des 50 ans de la CPU, devenue France universités. Il veut que ces moyens s’accompagnent d’une "autonomisation" et d’une "responsabilisation" des universités, passant par la mise en place de contrats d'objectifs et de moyens, et plaide pour un renforcement de la gouvernance des universités.
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Allocution vidéo d'Emmanuel Macron au congrès de France Universités, le 13 janvier 2022 à la Sorbonne, à Paris. Droits réservés - DR - France Universités
"Que de chemin parcouru en 50 ans. Votre nouveau nom correspond à un nouvel élan qui réaffirme le rôle que vous avez toujours joué comme partenaire essentiel des pouvoirs publics, avec une ambition plus forte que jamais", souligne Emmanuel Macron, le 13 janvier 2022, en clôture du congrès de la CPU, qui a pris le nom de France universités (lire sur AEF info).
Emmanuel Macron salue "l'engagement sans faille" des établissements pendant la crise, notamment le déploiement de dispositifs de soutien aux étudiants durant la crise – aides exceptionnelles, repas à 1 €, chèque psy, stands de vaccination sur les campus, gel des droits de scolarité et des loyers en chambres Crous – et la "myriade d'innovations pédagogiques et d'appui à l'enseignement numérique".
"nos universités doivent être le pilier de l’excellence"
Revenant sur les réalisations du quinquennat, notamment le financement de 84 000 nouvelles places, le vote de la loi ORE et la mise en place de Parcoursup, ainsi que sur les 25 milliards d’euros prévus sur dix ans dans le cadre de la LPR, Emmanuel Macron reconnaît que "beaucoup de choses sont encore à améliorer" et trace plusieurs "perspectives". "Nous avons commencé sur beaucoup de sujets à colmater les brèches à reconsolider, à rattraper, mais nous avons d’immenses défis devant nous", dit-il.
Il invite tout d’abord les établissements à "redoubler d’efforts pour qu’à un horizon de dix ans, l’université soit plus forte, attire les meilleurs étudiants et talents internationaux", pour "faire de la France une avant-garde de la recherche et de l’excellence du savoir". "Demain, nos universités doivent être le pilier de l’excellence, le centre de gravité pour la recherche et la formation", poursuit-il. Il appelle à "parachever le mouvement" de restructuration des grands sites universitaires permis par les idex, tout en insistant sur l’importance de la pluralité des modèles. En effet, "l’excellence prend des formes multiples, il nous faut cultiver par la diversité et la complémentarité des universités ancrées dans leur territoire. Il y a place à côté des grandes universités de recherche, pour des universités de proximité."
régler "les problèmes structurels"
Et si le président de la République veut "lancer une nouvelle politique d’investissement dans l’ESR dans les dix ans qui viennent", afin de "pleinement projeter [les] universités dans la compétition scientifique du XXIe siècle", il juge pour autant, que "les moyens financiers, s’ils sont nécessaires, ne se suffisent pas à eux-mêmes". "Nous devons aller vers plus d’autonomie en termes d’organisation, de financement, de ressources humaines." Pour Emmanuel Macron, "nous sommes à mi gué de l’autonomie des universités". "Nous devons mener à son terme la logique d’autonomisation commencée il y a un peu plus de dix ans, et cette autonomie est celle qui permettra à chaque université d’exprimer précisément sa différence, de se développer selon son histoire, son identité, ses ambitions propres, ses projets pédagogiques et stratégiques. C’est cette diversité d’établissements qui fera la richesse et la force de notre enseignement supérieur."
"L’État devra passer avec les universités de véritables contrats d’objectifs et de moyens pluriannuels, et bâtir le cadre d’une nouvelle étape de l’autonomie", annonce-t-il. Et il compte dans ce cadre leur fixer de nouveaux objectifs : "plus seulement garantir l’accueil des étudiants dans une formation, mais garantir l’orientation des jeunes vers l’emploi. L’université doit d’abord préparer nos jeunes à exercer leur futur métier", déclare-t-il. Autre pendant à cette responsabilisation, la mise en place de "vraies évaluations".
Au-delà de cette question des moyens, "nous avons une question structurelle et on ne pourra pas rester durablement dans un système où l’enseignement supérieur n’a aucun prix pour la quasi-totalité des étudiants, où un tiers des étudiants sont considérés comme boursiers et où, pourtant, nous avons tant de précarité étudiante et une difficulté à financer un modèle qui est beaucoup plus financé sur l’argent public que partout dans le monde pour répondre à la compétition internationale", lance Emmanuel Macron. Il ajoute : "Si nous ne réglons pas ces problèmes structurels, nous nous mentirons à nous-mêmes. Donc nous avons besoin d'un profond changement d'approche, d'une transformation systémique de nos universités, de notre organisation."
Revoir la gouvernance des universités
"Cette autonomie doit être le synonyme d’une gouvernance renforcée de nos universités dans laquelle les équipes présidentielles pourront définir et incarner pleinement leurs projets", souligne par exemple Emmanuel Macron. Il faut que les équipes présidentielles aient "la possibilité de mettre en œuvre leur projet une fois qu’elles sont élues et qu’elles sont aux manettes. Et ça ne peut par aller avec des systèmes de gouvernance, qui par tradition ont eu pour conséquence, trop souvent, d’impuissanter les équipes face aux défis qui leur étaient posés". Il souhaite ainsi "une clarification de la gouvernance", sans donner plus de détails.
Il veut mettre fin à un "système très hypocrite – autonomie à moitié – où on continue de contrôler" ; où "ceux qui réussissent, on les aide un peu plus, ceux qui ne réussissent pas, on les compense". Et où localement, "on donne des responsabilités, mais on bloque ceux qui sont élus par nous-mêmes".
"revisiter des sujets un peu caducs" comme les obligations de service
Le président de la République invite aussi à "revisiter des sujets un peu caducs" comme celui des obligations de service des enseignants-chercheurs : "Nous devons aussi réussir à redéployer des va-et-vient entre les travaux de recherche et d’enseignement et le temps qu’on consacre à ces deux missions selon le cycle de vie, qui peut varier selon les disciplines. Notre système a rigidifié une organisation où l’étanchéité serait parfaite", note-t-il.
Par ailleurs, "nous devons changer d’approche et donner aux universités qui le souhaitent, la possibilité de contribuer davantage au développement de la vie étudiante en ouvrant de nouvelles compétences", soutient Emmanuel Macron. Il s’agit selon lui d’un "levier puissant pour que nos universités soient plus attractives".
Repenser le chantier du soutien aux étudiants
Il annonce d’ailleurs qu' "une fois l’urgence passée, il nous faudra reprendre de fond en comble le chantier du soutien aux étudiants, qu’il s’agisse des bourses, des logements, des possibilités d’emplois avec des études réussies. Ce sujet de la vie étudiante est un chantier essentiel pour penser nos universités à horizon de 2030".
Le président de la République reconnaît que le gouvernement n’a pas été au rendez-vous de ses engagements" concernant la construction des 60 000 logements étudiants prévus sur le quinquennat, puisque seulement 34 000 d’entre eux sont effectivement sortis de terre. "Cela doit appeler des réponses encore plus massives que celles nous avons réussi à mettre en place."
Emmanuel Macron revient sur les "ambitions de la présidence française de l’Union européenne". Il souhaite notamment "consolider les avancées" permises par les alliances d’universités européennes "de la façon la plus concrète, la plus mesurable grâce à des projets, comme le diplôme européen". Il annonce qu'il réunira au printemps prochain en France l'ensemble des alliances universitaires européennes "pour faire le point sur les transformations à dix ans que nous devons conduire dans nos programmes européens".
Autre enjeu de la PFUE : "poursuivre les coopérations que l’Europe a su forger avec l’Union africaine, avec l’ambition de faire grandir et rayonner davantage le campus universitaire où les formations sont coconstruites entre les deux continents, à l’instar de ce que nous avons fait avec le campus franco-sénégalais". Ces sujets seront portés lors du sommet entre l’Union africaine et l’Union européenne, prévu fin février, détaille-t-il.
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Camille Cordonnier,
journaliste