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L’OCDE publie ce 9 novembre son Panorama sur la santé 2021 dédié en partie aux effets de la pandémie qui a causé environ 2,5 millions de décès dans les pays OCDE et occasionné des problèmes de santé liés au coronavirus ("Covid longs"). Celle-ci continue de faire peser une forte pression sur les services de santé déjà sous tension avant la crise et sur le mental des citoyens. Les dépenses supplémentaires pèsent durablement sur les budgets consacrés à la santé. L’organisation estime impératif de renforcer la préparation des systèmes de santé à ces crises et décèle quelques signes encourageants.
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L'OCDE se penche dans son Panorama sur la santé 2021 sur l'impact de la pandémie de Covid en 2020 sur les systèmes de santé des pays membres Pixabay - © Image by Mojca JJ - Pixabay
Dans son nouveau "Panorama de la santé", l’OCDE montre que le Covid-19 a contribué, directement ou indirectement, à une hausse de 16 % du nombre attendu de décès en 2020 et au premier semestre de 2021. Dans 24 des 30 pays pour lesquelles on dispose de données comparables, l’espérance de vie a reculé.
Aux États-Unis, la baisse est particulièrement marquée avec 1,5 an en moins d’espérance de vie, au même niveau que l’Espagne (-1,6) fortement touchée durant l’année 2020 et un peu plus que l’Italie (-1,2 an). En France (7,2 millions de cas et 120 000 décès), l’espérance de vie à la naissance a décliné de 6 mois durant la première année de la pandémie, passant de 82,9 ans en 2019 à 82,3 ans en 2020, en ligne avec le déclin moyen observé de six mois dans les pays OCDE. Aux États-Unis (46 millions de personnes infectées et 750 000 décès), l’espérance de vie à la naissance est passée, avec la crise Covid, de 78,9 ans à 77,3 ans en 2020.
les plus vulnérables touchés de "manière disproportionnée"
La Covid-19 a touché de "manière disproportionnée" des populations vulnérables en raison de l’âge (plus de 90 % des décès concernent les plus de 60 ans) mais aussi les plus défavorisées socialement. Sont ainsi plus exposées au risque de contamination et de décès les populations qui vivent dans des zones déshéritées et la plupart des minorités ethniques et des immigrés.
S’agissant de la proportion de personnes vaccinées, elle atteint plus de 70 % dans neuf pays, dont la France : 68 % de la population totale française est entièrement vaccinée, soit trois points de plus que la moyenne OCDE (65 %). Un pays comme l’Australie a vacciné 65 % de sa population totale avait, au 1er novembre 2021, déclaré 170 000 cas de contamination et un peu plus de 1 750 décès seulement.
explosion des syndromes dépressifs et de l’anxiété
La proportion de personnes pour laquelle des syndromes dépressifs sont rapportés a néanmoins presque triplé passant à 28 % au début de 2020, à comparer avec les 10 % de l’année précédente. De fait, les effets de la pandémie sur l’équilibre psychique des populations sont une des conséquences de la crise apparue avec l’expansion de ce virus. La prévalence de l’anxiété et de la dépression a plus que doublé par rapport aux niveaux d’avant crise dans la plupart des pays pour lesquels l’organisation dispose de données. Là encore, c’est particulièrement vérifié pour des pays comme le Mexique et les États-Unis outre-Atlantique et le Royaume-Uni outre-Manche.
En France, où la gestion de la pandémie s’est traduite par la décision présidentielle de confinement de l’ensemble de la population durant deux mois et demi au printemps 2020, et par des couvre-feux à répétition tout au long des mois suivants, on observe un quasi-doublement de la prévalence des troubles anxieux en début d’année 2020 par rapport à la même période de 2019 (27 %).
triplement des dépressions en Italie
En Italie, premier pays européen à avoir été durement frappé, en particulier dans sa partie transalpine industrialisée, on a assisté à un triplement de la prévalence de la dépression : 17,3 % de la population était touchée début 2020. Au Japon (1,7 million de cas et 18 000 décès), le taux de dépression a doublé à 17 % dans la population.
Au Royaume-Uni (9,1 millions de cas d’infection et 140 000 décès au 1er novembre), la crise a aussi lourdement impacté la population avec un doublement de la prévalence des troubles dépressifs (21 % de la population). De même aux États-Unis, où le président alors en exercice a systématiquement nié l’impact du virus. Les mêmes troubles dépressifs ont plus que triplé pour atteindre un quart de la population américaine.
L’OCDE observe aussi que les cas de Covid longs ralentissent et compliquent le retour à la normale dans de nombreux pays. Début septembre 2021, près de 2 % de la population du Royaume-Uni avait déclaré une forme longue de la Covid, soit 1,1 million de personnes. Aux États-Unis, où seulement 57 % de la population totale est vaccinée au 1er novembre (65 % de moyenne pour l’OCDE), de récentes études ont estimé que 37 % des personnes atteintes par le virus avaient connu un symptôme de Covid long quatre à six mois après avoir été diagnostiquées.
Modes de vie et pollution de l’air : des facteurs de fragilisation
L’OCDE pointe le fait que des modes de vie néfastes pour la santé (tabagisme, obésité, consommation nocive d’alcool) et de mauvaises conditions environnementales (pollution de l’air extérieur) non seulement réduisent la durée de vie mais contribuent à fragiliser les populations face aux chocs sanitaires. Pourtant, malgré ces constats, les dépenses consacrées à la prévention des maladies évitables restent "relativement faibles" puisqu’elles ne pèsent que 2,7 % de l’ensemble des dépenses de santé en moyenne.
Pour ne prendre que l’exemple du taux d’obésité, l’organisation de coopération et de développement souligne que le taux d’obésité continue d’augmenter dans la plupart des pays industrialisés membres de l’OCDE : 60 % des adultes sont en surpoids ou obèses. Ce taux est le plus élevé dans des pays comme le Chili, le Mexique ou les États-Unis. Quant à la pollution de l’air, elle entraîne un nombre de décès pour 100 000 personnes qui varie du simple à plus du septuple selon les pays et pourrait causer de 6 à 9 millions de décès prématurés par an à l’échelle mondiale d’ici à 2060.
Autre leçon tirée de la crise sanitaire actuelle, une pathologie virale comme celle suscitée par la diffusion rapide du coronavirus impacte très sensiblement l’accès aux soins des personnes ayant d’autres besoins que l’accès à des services de soins critiques. Le dépistage du cancer du sein a, par exemple, reculé de - 5 points en moyenne en 2020 par rapport à 2019 ; il est de 49 % chez les femmes de plus de 50 ans en France en 2020 alors que la moyenne OCDE est de 62 %. Dans un pays comme l’Australie, ce recul a été de 20 % chez les femmes âgées de 50 à 69 ans entre janvier et septembre 2020 par comparaison avec 2018. En Autriche, le dépistage du cancer colorectal a quant à lui chuté de 34 %.
un essor généralisé de la télésanté
Les délais pour des interventions chirurgicales non urgentes, qui posaient déjà problème dans plusieurs pays, se sont accrus avec la pandémie. Le nombre médian de jours sur liste d’attente a augmenté de 58 jours pour une arthroplastie de la hanche et de 88 jours pour la même intervention du genou.
Dans les sept des huit pays pour lesquels elle dispose de données par habitant, le rapport sur la santé 2021 évoque des baisses importantes de consultations médicales en direct : jusqu’à - 30 % en Espagne ou au Chili. Fort heureusement, cette baisse a pu être compensée en partie par une hausse des téléconsultations. Un des points notables positifs relevé par l’OCDE est justement l’accélération de la transformation numérique des services de santé. En moyenne, 45 % des adultes ont ainsi eu recours à une téléconsultation médicale en 2021.
croissance de +2,6 % des dépenses de santé au Royaume-Uni
Côté dépenses, la crise sanitaire a conduit à une forte pression sur les dépenses de santé sans pour autant que les pénuries de personnels de santé ne diminuent. Conjugué à la baisse de l’activité économique, le ratio moyen dépenses de santé/PIB a globalement augmenté d’un point, de 8,8 % avant crise à 9,7 % en 2020.
Les pays les plus durement frappés font état de hausses sans précédent de la part de la richesse nationale affectée à la santé. Le Royaume-Uni signale une croissance de +2,6 points (10,2 % du PIB à 12,8 %) de ses dépenses de santé, à comparer avec une hausse de +0,9 point dans la zone OCDE. En Italie, la hausse a été de +1 %, en Allemagne de +0,8 % et en France de +1,3 %.
Dernière leçon de la crise Covid en cette fin d’année 2021, la mise sous le projecteur de façon aiguë des manques de personnels de santé et pour les soins aux personnes âgées dans presque tous les pays concernés par ce panorama. Et cela, alors même que le vieillissement de la population (17 % de la population a 65 ans et plus en 2019, contre 9 % en 1960) va encore accroître mécaniquement la demande en services de santé et en aides formelles.
Grand âge et aides : alerte sur la pénurie de soignants
Entre 2015 et 2030, le nombre de personnes âgées ayant besoin de soins doit augmenter de 100 millions au niveau mondial, rappelle le rapport. Des pays comme les USA sont déjà confrontés à une baisse des travailleurs intervenant auprès des plus âgés. Dans les 3/4 des pays OCDE, entre 2011 et 2016, la croissance du nombre des gens âgés dépassait celle des effectifs de soignants.
Une personne sur dix atteindra les 80 ans et plus dans presque 18 des 37 pays de l’OCDE en 2050. Dans 5 pays (Portugal, Grèce, Italie, Corée et Japon) ce sera plus d’une personne sur 8 qui atteindra ou dépassera ce seuil des 80 ans et plus. Le rapport souligne que la Covid-19 a mis en lumière les faiblesses préexistantes du secteur des soins de longue durée (long terme care), notamment la maîtrise difficile du risque infectieux dans les Ehpad.
La pandémie de Covid-19 s’est traduite par une diffusion extrêmement rapide du virus parmi les résidents et les personnels travaillant auprès des personnes très âgées hébergées en collectivité. L’avancée en âge de nombreux résidents, le manque d’EPI pour les personnels et la faiblesse du contrôle de l’infection a conduit de nombreux services de soins de longue durée à affronter des contaminations soudaines et foudroyantes.
Toutefois, et hors phases virales épidémiques, le rapport estime que la moitié des maux survenant dans ces établissements (effets secondaires des benzodiazépines prescrits à long terme, poly médication, et résistance aux antibiotiques) sont évitables. Et que 40 % des admissions à l’hôpital en provenance de ces établissements pour gens très âgés le seraient tout autant.
La situation des personnes vivant à leur domicile à un âge avancé n’est pas non plus beaucoup plus enviable La moitié de celles vivant à domicile avec une seule limitation dans leurs activités quotidiennes et 37 % de celles vivant avec trois ou plus de ces mêmes limitations rapportent en effet qu’elles ne reçoivent pas suffisamment d’aides informelles de leurs proches ou d’aidants ou qu’elles ne reçoivent pas du tout d’aides formelles.
Si la situation épidémique s’améliore, le virus reste présent sur le territoire "avec la diffusion de variants plus contagieux", constate la Haute autorité de santé le 1er juillet 2021 dans un avis actualisé sur la vaccination. "L’enjeu aujourd’hui est de poursuivre la vaccination", ce qui nécessite de démultiplier les actions auprès des personnes vulnérables et précaires face à la Covid-19 et non vaccinées ainsi qu’auprès des professionnels à leur contact, à commencer par les soignants et les professionnels des établissements sociaux et médico-sociaux. "La question de l’obligation vaccinale devra être rapidement posée" pour ces derniers, et en fonction de l’évolution de l’épidémie et de la couverture vaccinale [pour] "l’ensemble de la population". La veille, Jean Castex avait annoncé devant le Sénat vouloir consulter "les élus locaux et les présidents des groupes politiques" en ce sens.
Voici une sélection des brèves fonction publique de la semaine du 29 mai 2023 :
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Corinne Duhamel,
journaliste