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Les 150 dirigeants de la Convention des entreprises pour le climat "ne veulent pas de greenwashing ou faire de la RSE à la papa !" C’est le sentiment de Grégoire Fraty après la 1re session à l’ESTP Cachan du 9 au 11 septembre 2021. "Leur ambition n’est pas moindre que celle de la convention citoyenne pour le climat", se réjouit l’ex-membre de la CCC, rejoint par Eric Duverger, initiateur de la CEC. "Nous sommes heureux de la réussite de ce lancement. Nous avons désormais la responsabilité de ce collectif pour produire des feuilles de route et des propositions de qualité au monde politique."
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Les 150 dirigeants de la Convention des entreprises pour le climat, réunis pour leur première session de travail sur le campus de l'ESTP Cachan Droits réservés - DR - Noël Bauza, Zei - Noël Bauza, Zei
L'un des temps forts de cette première session de la Convention des entreprises pour le climat, qui s’est tenue du 9 au 11 septembre à l’ESTP Cachan, a été le discours inaugural de Valérie Masson-Delmotte, coprésidente du groupe n° 1 du Giec, le jeudi soir. Présentant les points clés du dernier rapport du Giec, ce constat scientifique "a marqué les esprits, un peu comme pour la convention citoyenne pour le climat qu’elle avait également ouverte", raconte à AEF info Grégoire Fraty, l’un des 150 citoyens tirés au sort en 2019 et aujourd’hui membre du pôle presse de la CEC (lire sur AEF info). Lors de cette soirée de "montée à bord", "tous ont ainsi vécu la même 'claque climatique' que les citoyens, indispensable pour se mettre au diapason et être à la hauteur des enjeux environnementaux."
Constat et limites
Les 150 dirigeants se rencontraient pour la première fois sur le campus de cette école d’ingénieurs. Ils pouvaient être accompagnés d’un binôme, leur "planet champion". En général, "les grosses structures ont fait ce choix de venir avec une personne de leur entreprise, plus spécialisée en RSE", précise Grégoire Fraty. Ces trois jours étaient axés sur le constat climatique et les limites planétaires. La Fresque du climat, organisée le vendredi matin, a commencé à "souder les 150, en permettant de se poser les bonnes questions" (lire sur AEF info).
Pour chacune des six sessions (voir encadré ci-dessous), "le temps de travail des participants sera réparti en trois moments", explique Eric Duverger, créateur de la CEC, qui reconnaît que cette première séquence a été particulièrement "riche en émotions" et "très dense". 30 % du temps est ainsi dédié à des contenus d’experts (climatologues, économistes…). 50 % sont prévus pour les "camps de base" : les dirigeants sont répartis en quinze équipes de dix à douze personnes pour travailler sur leur feuille de route qu’ils affineront au fur et à mesure. Être en petit groupe permet aussi de "se connecter les uns aux autres" et de trouver un "équilibre entre le cœur et le cerveau" après avoir reçu les informations des scientifiques et conférenciers.
Deux livrables distincts
Les 20 % restants sont consacrés aux dix "ateliers de biens communs" : apprendre et transmettre / communiquer / être en bonne santé / gérer les ressources naturelles et l'énergie / s’équiper / se déplacer / se divertir / habiter et se loger / se nourrir / travailler et créer. "Ici, les dirigeants sont davantage experts de leur secteur. Ils réfléchissent à des propositions que l’on pourra remettre au monde politique", indique Eric Duverger. Chaque groupe — qu’il s’agisse des camps de base ou des ateliers de bien communs — est le " résultat d’un savant équilibre selon la taille de l’entreprise, son secteur, son territoire et l'approche des patrons car ces derniers sont plus ou moins avancés", énonce Grégoire Fraty.
En juin, il y aura donc deux livrables distincts. "L’objectif des camps de base est d’arriver à une feuille de route pour chacune des 150 entreprises, en espérant qu’elle soit source d’exemplarité et d’inspiration pour susciter des niveaux d’ambition plus forts. Et celui des ateliers de biens communs est d’avoir des propositions politiques d’ordre systémique, dépassant la vision sectorielle habituelle", résume Eric Duverger.
Tenir huit mois
Bilan de cette première session ? "Nous avons réussi à créer un engouement : nous sommes contactés par des dizaines d’entreprises qui veulent participer !" Faisant face à une certaine frustration de devoir refuser de nouvelles candidatures, l’équipe réfléchit "à un dispositif permettant la démultiplication, pour proposer quelque chose à un deuxième cercle de dirigeants, sans grandir trop vite", se méfie le créateur de la CEC. Une captation vidéo pour faire un film de rattrapage a par exemple été réalisée, "ce qui permettrait de le montrer" à d’autres dirigeants, en "gardant en tête que cette première session de prise de conscience peut créer un choc psychologique. Il vaut mieux être physiquement ensemble et être accompagnés que seul derrière son ordinateur" pour recevoir ce bilan scientifique.
Il précise d’ailleurs que cette première session était volontairement restreinte aux dirigeants afin de préserver une certaine "intimité" : il y a eu "des larmes au milieu des constats alarmants sur le climat, la biodiversité et de la projection du documentaire 'Une fois que tu sais' d’Emmanuel Cappellin", qui sortira en salles ce mercredi.
Après un an de préparation, "nous sommes heureux de la réussite de ce lancement", déclare Eric Duverger. La contrepartie, c’est que "quelque part nous avons désormais la responsabilité de ce collectif pour produire des feuilles de route et des propositions de qualité au monde politique". Il souligne aussi la "force d’engagement des bénévoles". "Je leur demande d’ailleurs de se ménager car nous devons tenir huit mois !" Grégoire Fraty ajoute : "En termes d’organisation, l’armée de 70 bénévoles n’a rien à envier à ce que pouvait faire le Cese".
Fougue et ambition
"Cela me fait plaisir de constater cette dynamique de groupe et la même fougue qui animait les citoyens !", déclare Grégoire Fraty. "L'ambition des dirigeants n’est pas moindre que celle de la convention citoyenne pour le climat : il y a un vrai changement de paradigme", considère-t-il. "Ils ne veulent pas de greenwashing ou faire de la RSE à la papa !" L’ancien membre de la CCC a le sentiment qu’avec la CEC, "on entre plus vite dans le vif du sujet, tandis que la convention des citoyens avait été un peu plus longue au démarrage".
Et l’avantage d’avoir 150 patrons, "c’est qu’ils sont libres de leur emploi du temps". Les frais de déplacement et de logement sont à leur charge, seuls les bénévoles sont défrayés. A Cachan, les dirigeants se sont montrés "à fond, motivés, sérieux… Nous avions peur qu’ils aient les yeux rivés à leur smartphone mais il n’en n'a rien été". "On demande quand même douze jours pleins à des personnes pour lesquelles chaque minute est précieuse… Pourtant, samedi matin à 8h, l’amphithéâtre était plein ! A 17h aussi !" Grégoire Fraty a "hâte de les retrouver à la deuxième session pour voir comment ils ont digéré la première, dévolue à mettre la machine en route".
La session suivante se tiendra du 20 au 22 octobre au Grand Palais de Lille. Intitulée "Réinventer son rôle et sa contribution dans le monde de demain. Défricher son nouveau modèle d’activité", elle abordera les sujets de la raison d’être et des nouveaux modèles d’affaires. "Les intervenants sont en train d’être calés", indique Eric Duverger qui tient le décompte jusqu’à cette deuxième rencontre. J - 30.
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Ioana Doklean,
journaliste