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Plusieurs ONG environnementales françaises posent huit conditions au "développement soutenable de la voiture électrique en France", dans un document publié le 25 août 2021. Estimant que "le véhicule électrique ne peut être l’unique solution de remplacement", elles appellent à "une réduction des distances parcourues", "une diversification des modes de déplacement" et "au développement des véhicules au gaz renouvelable". Plus largement, elles imaginent des villes à basses émissions où la place de la voiture est réduite, la vitesse limitée à 30 km/h et le stationnement en voirie maîtrisé.
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La seule électrification du parc automobile n'empêche pas la congestion Pixabay - Ri_Ya
Pollutions locales, épuisement des ressources, congestion routière, encombrement de l’espace public et conditions de travail indignes dans les mines… "Les décideurs politiques font encore trop peu de cas des impacts environnementaux et sociaux que le développement du véhicule électrique engendrera", écrivent de concert le Cler, le Réseau action climat, France nature environnement, la Fondation pour la nature et l’homme et le WWF, dans un document publié le 25 août. Ils y posent huit conditions "pour un développement soutenable de la voiture électrique en France" alors que la loi climat et résilience, publiée au Journal officiel du 24 août 2021, rend obligatoire l’instauration d’une zone à faibles émissions dans toutes les agglomérations de plus de 150 000 habitants en métropole au plus tard le 31 décembre 2024 (lire sur AEF info).
Première condition, les ONG estiment qu’il faut "repenser, avant tout, la place de la voiture", qui reste le premier mode de déplacement utilisé en France. Si la voiture électrique est présentée comme la pierre angulaire d’une politique de mobilité durable, "elle ne pourra suffire", mettent-elles en garde. "La baisse du nombre de véhicules en circulation, la baisse des distances parcourues et le transfert vers d’autres modes de déplacement sont indispensables pour atteindre les objectifs de neutralité carbone tout en préservant l’environnement", poursuivent-elles. Des objectifs qui peuvent être favorisés par le soutien à toutes les mobilités alternatives et par une réorientation des pratiques d’aménagement et d’urbanisme vers une plus grande maîtrise des déplacements.
Une prime à la mobilité plutôt qu’à la conversion
Pour cela, les auteurs du rapport demandent aux pouvoirs publics "d’articuler urbanisme et transports" en vue de privilégier la "mixité fonctionnelle" et inscrire la "multimodalité" dans les documents de planification. Elles appellent aussi à bâtir des villes à basses émissions où la place de la voiture est réduite, la vitesse de circulation limitée à 30 km/h, comme c’est le cas à Paris depuis le 30 août 2021, et où le stationnement en voirie est maîtrisé.
A l'échelle nationale, il faut aussi "donner les moyens financiers aux collectivités territoriales de développer des solutions de mobilité adaptées" et "passer de la prime à la conversion automobile [qui favorise seulement les véhicules électriques] à la prime à la mobilité adossée aux conditions de revenus et différenciée en fonction des territoires". Une prime qui prendrait en compte les voitures, les deux-roues motorisés, les vélos, les abonnements de train et les services d’autopartage.
Deuxième condition : "repenser la voiture comme service plutôt que comme objet privé". L’idée est d’intensifier l’usage du véhicule électrique grâce à son partage entre usages professionnels et privés de façon à "mutualiser les impacts environnementaux liés à la fabrication de la voiture". Objectif : réduire le temps de stationnement d’une voiture, qui représente aujourd’hui 95 % de sa durée de vie.
Pour un développement soutenable de l’électromobilité, les cinq ONG estiment par ailleurs nécessaire d’accélérer la transition vers un mix électrique 100 % renouvelable et de maîtriser la consommation d’électricité pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. "Selon la composition du mix, le bilan carbone d’une citadine électrique pourra en effet varier de 8 à 14 t de CO2 en 2030", affirment-elles. Côté maîtrise, il est préconisé d’établir un schéma directeur national des infrastructures de recharge, pour trouver un juste équilibre entre les différents types de bornes et une implantation géographique cohérente et de déployer des "smart grids" pour faciliter les services au réseau électrique.
"Le gaz renouvelable en complémentarité"
Le tout électrique ne pouvant être l’unique solution, elles appellent aussi "à développer, en complémentarité, le gaz d’origine renouvelable". Une stratégie également préconisée par plusieurs élus métropolitains, dont le maire EELV de Grenoble Éric Piolle, dans une tribune publiée le 23 juillet (lire sur AEF info). Ceux-ci y vantent notamment les mérites du bio-GNV "qui équipe déjà les véhicules de nombreux transporteurs et collectivités". Les ONG demandent aussi des objectifs clairs d’énergies renouvelables, et notamment de bio-GNV, "pour donner de la visibilité aux filières".
Autre condition posée : "adapter les véhicules aux besoins des usagers et aux limites de la planète en termes de taille, vitesse et puissance". La raréfaction des ressources naturelles impose de revoir la gamme des voitures vers "des modèles sobres, moins lourds et moins puissants" et "d’éviter les véhicules surdimensionnés" en référence aux SUV. Pour un moindre impact environnemental, les organisations préconisent enfin de "relocaliser la production des batteries et d’organiser leur recyclage complet", en misant sur l’écoconception ainsi que de "garantir la transparence et le devoir de vigilance sur les filières d’extraction" pour assurer des droits aux populations affectées par les activités minières.
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Stéphanie Senet,
journaliste