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Réunissant plusieurs syndicats (dont la CGT et la FSU) et associations (Greenpeace, Oxfam, etc.), le collectif "Plus jamais ça !" a publié, le 25 août, son "plan de rupture sociale, écologique et solidaire" pour montrer qu’un "autre monde est non seulement urgent mais possible". Parmi les 36 mesures formulées, ses membres défendent notamment une reconversion sociale et écologique large, une régulation publique de l’activité bancaire en faveur des énergies fossiles ou encore la mise en œuvre d’une "économie de sobriété" pour mettre fin à la "surproduction et la surconsommation".
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Le collectif "Plus Jamais ça!" propose notamment d'entamer la reconversion des industries polluantes et de leurs emplois Pexels - Markus Spiske
Profitant de leur présence aux Universités d’été des mouvements sociaux, le 25 août à Nantes, plusieurs représentants du collectif "Plus Jamais ça !" ont dévoilé le contenu d’un "plan de rupture sociale, écologique et solidaire" pour mettre en œuvre les alternatives "crédibles, désirables et réalisables" au "capitalisme néolibéral" dont les impacts ont été exacerbés selon eux par la pandémie. "Parce que l’heure n’est plus à sortir de la crise mais à rompre franchement avec tout ce qui l’a nourri et la maintient vivace", exposent-ils, en préambule du document, appelant à débattre publiquement d’une série de 36 mesures dans les mois à venir.
"pragmatisme et ancrage dans le réel"
Créée en 2020 par huit associations et syndicats, parmi lesquelles Greenpeace, Les Amis de la Terre ou la CGT, la FSU et Solidaires, et composée aujourd’hui d’une trentaine de collectifs locaux, cette coalition propose de croiser les luttes sociales et écologiques. Deux documents ont déjà été publiés en ce sens : l’un, en mai 2020, programmait une "sortie de crise" dans le contexte sanitaire (lire sur AEF info), l’autre visait, en mai 2021, à "sauver le climat et créer des emplois" (lire sur AEF info), en proposant notamment d’imposer des conditionnalités sociales et environnementales aux aides publiques des entreprises en pleins débats parlementaires autour de la loi climat et résilience.
Ce nouveau plan, fruit d’un travail de plus d’un an, tend à "démontrer, à travers l’articulation de mesures de court et de long terme, le pragmatisme et l’ancrage dans le réel de notre démarche", précisent les organisations dans leur avant-propos. "Ces derniers mois nous ont prouvé que ces deux urgences, écologique et sociale, se rappelaient constamment à nous. Il ne s’agissait pas de brosser toutes les propositions des organisations mais de travailler ensemble à mettre en cohérence la vision systémique qu’on souhaite et le projet de société qu’on veut. C’est un moment très important pour montrer notre capacité de convergence", précise Aurélie Trouvé, porte-parole d’Attac, au cours d’un point presse, précisant que l’initiative n’a "pas vocation à tout traiter".
Rendre l’accord de Paris contraignant
La reconversion sociale et écologique des secteurs industriels constitue le cœur de cette stratégie. Elle vise notamment à contraindre les pouvoirs publics et "toutes les entreprises des secteurs de l’extraction, de la production, et des services (en premier lieu les entreprises soumises à la loi sur le devoir de vigilance)" de respecter l’accord de Paris. Dans le cas contraire, le versement des dividendes, jugés "climaticides", sera interdit. "La décision du Conseil d’État dans le recours de la ville de Grande-Synthe doit devenir la règle", estiment les organisations, la plus haute juridiction administrative ayant, en mars dernier, enjoint au gouvernement de prendre des mesures supplémentaires d’ici au 31 mars 2022 pour atteindre l’objectif, déjà obsolète, de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 40 % entre 1990 et 2030 (lire sur AEF info).
Devront également cesser tout soutien public (exemption fiscale, aides et subventions publiques) en faveur des énergies fossiles mais aussi concernant la construction de nouvelles centrales nucléaires type EPR. Ce dernier point faisait particulièrement débat, de l’aveu même des membres du collectif lors de la présentation de leur précédent rapport, estimant cette énergie "incontestablement dangereuse" et "de plus en plus coûteuse" en dépit de ses faibles émissions de CO2. Les aides pourraient dès lors être conditionnées à la transition des industries "fortement polluantes" de la pêche et de l’agriculture industrielle, quand celles octroyées en urgence aux transports polluants seraient "soumises à des obligations sociales et environnementales".
L’agriculture et l’alimentation font l’objet d’une attention particulière. Le collectif propose ainsi un "plan de transition sociale et écologique" spécifique qui viserait à réorienter les soutiens publics en faveur des circuits courts et des "filières longues relocalisées", à créer plus d’un million d’emplois, notamment grâce à une refonte de la politique agricole commune pour soutenir "les actifs et non les hectares", ou encore à garantir l’égal accès à "une alimentation saine et de qualité" avec une régulation publique des produits et des labels alimentaires.
Régulation des activités bancaires
"Reprendre le contrôle sur le monde de la finance et la dette publique" figure également en bonne place des ambitions de la coalition. Ses membres veulent rompre avec la politique monétaire actuelle de l’Union européenne et le rôle de la BCE "pour s’affranchir des marchés, financer la solidarité et la transition écologique". L’institution doit selon eux exclure les entreprises les plus polluantes de ses achats d’actifs pour les "rediriger vers les secteurs socialement et écologiquement bénéfiques" et "refuser de refinancer les banques contre des actifs polluants". Parmi les leviers à enclencher, ils citent notamment le financement direct des plans d’urgence et de reconversion des États et collectivités locales par la création monétaire, ou encore le rachat de dette publique, sujet largement débattu, notamment à gauche, pour répondre aux impacts économiques de la crise sanitaire.
Parmi les autres propositions, les membres soutiennent le rétablissement d’un ISF renforcé de "règles d’exemplarités écologiques", la réduction du temps de travail à 32 heures hebdomadaire pour gagner en qualité de vie et réduire les émissions de gaz à effet de serre ou la mise en place de "plans de transition écologique" dans les entreprises.
Au cœur de l’action de plusieurs ONG, dont les Amis de la Terre, la régulation des activités bancaires est également soutenue. "Le gouvernement doit exiger des acteurs financiers des plans d’alignement sur une trajectoire de réchauffement de 1,5 °C, incluant l’arrêt immédiat de leurs soutiens au développement de nouveaux gisements ou projets d’énergies fossiles ainsi qu’une sortie totale du charbon d'ici 2030 et de toutes les énergies fossiles d'ici 2040 dans l’OCDE, 2050 dans le monde", détaille notamment le collectif. Pour éviter d’alimenter de futurs "chocs climatiques, économiques et financiers", le plan propose également de séparer les activités de dépôt et d’affaires des banques, d’interdire les opérations spéculatives menées par les banques d’affaires ou de créer un "pôle public financier au service de l’intérêt général […] pour que l’épargne populaire soit investie sur le long terme selon des priorités sociales et environnementales".
"Économie de sobriété"
Dans son opposition au modèle économique actuel, le collectif "Plus Jamais ça !" aspire à lutter contre "la surproduction et la surconsommation". Outre le rejet des accords de libre-échange actuel, ses membres défendent l’adoption d’une loi pour construire une "économie de sobriété", fondée sur le gel de la surcapacité commerciale et l’arrêt de l’expansion du e-commerce (zéro implantation d’entrepôts et zones commerciales en périphérie), l’interdiction de la publicité des entreprises et des produits très polluants ou encore le contrôle avec sanctions de l’obsolescence programmée. Là encore, le but est de créer des emplois locaux, notamment dans les secteurs de l’économie circulaire (réparation, réemploi et recyclage).
Les organisations appellent par ailleurs à "repenser la mobilité" pour faire émerger un "service public de transport écologique, solidaire et multimodal". Dans cette optique, les investissements dans l’aviation sont délaissés au profit du ferroviaire, en faveur notamment des trains de nuits et des petites lignes régionales. "Pas de privatisation et d’extension des aéroports, pas de création de lignes superflues et arrêt des vols courts quand une alternative en train existe", avance ainsi la coalition, alors que loi climat et résilience a abaissé les ambitions originelles de la convention citoyenne pour le climat en la matière (les vols intérieurs sont supprimés lorsqu’existe une alternative en moins de 2h30 en train, contre 4 heures dans le texte de la CCC).
"Cette année sera celle d’une année politique très forte. Il est hors de question de discuter des thèmes de l’extrême droite. Le débat doit se faire sur des propositions concrètes pour améliorer les conditions de vie locales, nationales et internationales", affirme Marie Buisson, membre de la direction exécutive de la CGT. "Nos aspirations sont utopiques mais réalisables. Il y a les moyens de transformer réellement la société pour la rendre plus vivable."
Voici une sélection des brèves fonction publique de la semaine du 20 mars 2023 :
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Antoine Corlay,
journaliste