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Alors que la CPU a lancé une enquête sur l’apprentissage dans le supérieur, la mission d’information du Sénat sur les conditions de vie étudiante auditionnait, le 20 mai 2021, des acteurs du secteur. L’apprentissage, qui s’est fortement développé depuis 2018, se révèle être, pour ces derniers, un "formidable vecteur d’égalité", qui favoriserait l’employabilité des étudiants et une rémunération plus élevée pour les jeunes diplômés. Ces offres de formation souffrent néanmoins d’un sous-encadrement pédagogique et d’une surcharge administrative que les établissements peinent à assumer.
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La mission d'information du Sénat sur les conditions de la vie étudiante auditionnait, le 20 mai 2021, les acteurs de l'apprentissage et des chercheurs sur le salariat étudiant. Droits réservés - DR
"Vraie démocratisation de l’accès aux études supérieures", "formidable vecteur d’égalité", les acteurs auditionnés le 20 mai 2021, par la mission d’information du Sénat sur les conditions de vie étudiante ont dressé un tableau favorable des offres de formation en apprentissage dans le supérieur, qui se sont particulièrement développées depuis 2018. Ils évoquent un "changement des mentalités" survenu ces dix dernières années au sein des équipes pédagogiques, dû principalement à une insertion professionnelle qui serait facilitée avec l’apprentissage ou l’alternance.
l’apprentissage "assure une insertion plus rapide"
Pour Frédéric Sauvage, président de l’Association nationale pour l’apprentissage dans l’enseignement supérieur (Anasup), ces types de formations permettent surtout aux étudiants apprentis – dont 30 à 40 % sont boursiers – de "ne pas choisir entre un petit boulot et des études", et d’éviter des abandons précoces, contrairement à ce qui est observé avec le salariat étudiant (lire sur AEF info).
"Sans l’apprentissage, une fraction très importante de nos apprentis n’aurait pas suivi d’études supérieures", abonde Muriel Jougleux, vice-présidente "Partenariats et professionnalisation" de l’université Gustave Eiffel (Marne-la-Vallée). L’apprentissage permet ainsi de financer les études "dans des missions en adéquation avec les projets professionnels des étudiants, avec des rythmes adaptés. La tension entre emploi et études est très largement aménagée". "L’apprentissage les rassure sur leur employabilité et assure une insertion plus rapide à des niveaux de rémunérations un peu supérieurs à ceux des étudiants en formation initiale", indique-t-elle.
Si les étudiants en apprentissage de l’université Gustave Eiffel ont moins souffert économiquement de la crise sanitaire que les étudiants qui ont perdu leurs jobs, ils ont exprimé des sentiments d’isolement pour 20 % d’entre eux, de mal-être et de surcharge de travail. 38 % des apprentis étaient en télétravail complet et seuls 56 % ont eu un contact régulier avec leur maître d’apprentissage. "On a été amené à mettre en place des dispositifs d’aide spécifique", indique Muriel Jougleux.
"La crise a beaucoup impacté les apprentis, qui cumulent les problématiques des jeunes travailleurs et des étudiants : on a eu des cas difficiles à gérer, avec des étudiants parfois sans nouvelles de leur entreprise, ou du CFA qui a mis du temps à se réorganiser, explique Aurélien Cadiou, président de l’Association nationale des apprentis de France (Anaf). Il y avait ainsi beaucoup d’incertitudes sur l’ouverture ou non de leur lieu de travail, le passage ou non en télétravail, la modification des calendriers de formation, etc."
À CY Cergy université, des mesures ont été prises, grâce à la CVEC, pour aider les apprentis à prendre en charge leurs loyers et leurs dépenses de transport. "La rémunération parfois ne suffit pas et il est important d’offrir un soutien de la part des équipes pédagogiques et des CFA sur le plan social", estime France Vélazquez, vice-présidente déléguée à la formation professionnelle de l’établissement, pour qui il reste encore "beaucoup à faire" sur les aides aux logements et pour les transports.
Une surcharge pour les équipes administratives et pédagogiques
Il reste encore des "pans entiers" d’enseignements où l’apprentissage n’est pas développé, notamment en SHS, "et au vu des profils des jeunes, il y aurait nécessité à booster l’alternance", estime Frédéric Sauvage. "On ne le dit jamais assez, mais c’est une modalité pédagogique intéressante, qui permet de faire réussir les étudiants." Mais encore faut-il, selon lui, "savoir construire des rythmes d’alternance et des modalités pédagogiques attrayantes" : "l’enseignement magistral, c’est compliqué face à des publics d’apprentis qui ont des responsabilités et de l’autonomie. Il faut savoir aller les solliciter dans leurs expériences."
Autre limite importante, celle de l’encadrement pédagogique qui nécessite des enseignants "en nombre", pour accompagner et tutorer les étudiants. Il faut ainsi "reconnaître l’investissement pédagogique" des enseignants, tant pour Frédérique Sauvage que pour France Velasquez, cette dernière regrettant la tendance à valoriser uniquement l’aspect recherche et les publications scientifiques. À Gustave Eiffel-Marne-la-Vallée, une politique de rémunération incitative a été mise en place auprès des responsables de formations et des secrétariats pédagogiques qui ont fait le choix de ces formations en apprentissage.
Celles-ci génèrent en effet des surcharges de travail sur le plan pédagogique et administratif qui viennent aggraver la situation de sous-encadrement chronique des établissements, relève Muriel Jougleux. "La réforme de 2018 avait promis une forme de simplification, mais force est de constater que sur l’aspect administratif, ce n’est pas au rendez-vous. Pour les établissements qui opèrent directement la contractualisation des apprentis, il y a une surcharge de travail pour les conventions avec les opérateurs de compétence par exemple." Des incertitudes subsistent également quant à la rémunération "correcte" de l’apprentissage, ce qui "freine aujourd’hui les perspectives de développement", voire amène l’université à s’interroger sur son maintien à plus long terme dans l’offre de formation.
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Sarah Bos,
journaliste