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France ville durable organise, mercredi 19 mai 2021, avec le ministère de la Transition écologique, la communauté urbaine de Dunkerque et l’Agur, un colloque intitulé "Villes durables en actions". À quelques jours de l’événement, Patrice Vergriete et Sébastien Maire, respectivement président et délégué général de l’association, reviennent pour AEF info sur ses enjeux. France ville durable mettra notamment en débat son manifeste : "nous ouvrons en quelque sorte portes et fenêtres pour l’enrichir et le faire évoluer", explique Patrice Vergriete. L’association entend également promouvoir les bonnes pratiques, car "si on parle d’urgence climatique, il est urgent d’essaimer tout ce qui fonctionne déjà", justifie Sébastien Maire. La liste des 100 "démonstrateurs territoriaux" sera dévoilée à cette occasion, et la ministre du Logement fera un point sur la démarche "Habiter la France de demain".
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AEF info : Vous organisez le 19 mai "Villes durables en actions". Pourquoi cet événement ?
Patrice Vergriete : Il y a plusieurs raisons, mais la première vise à mettre en débat le manifeste que nous avons construit avec les quatre collèges de l’association et qui pose les fondamentaux de la ville durable à la française. Nous voulons entendre ce que les acteurs français ont à dire sur ce concept : pour cela, nous ouvrons en quelque sorte portes et fenêtres pour l’enrichir et le faire évoluer.
Notre deuxième intention rejoint notre ambition d’essayer de transmettre les bonnes pratiques, de mettre en avant les expériences réussies. Nous souhaitons accompagner la transmission de tout ce qui peut favoriser la mise en œuvre des villes durables en France. Nous dévoilerons ainsi le 19 la liste des 100 "démonstrateurs territoriaux" que nous avons identifiés à la demande de la ministre du Logement, Emmanuelle Wargon (lire sur AEF info), et qui doivent permettre de donner des idées et des recettes.
Notre événement sera aussi l’occasion de montrer l’approfondissement des partenariats qui est à l’œuvre, ainsi que le renforcement du travail que l’on fait avec les associations d’élus notamment, mais aussi avec les réseaux de villes.
AEF info : Cet événement a vocation à devenir annuel, pour quelle raison ?
Patrice Vergriete : La ville durable est un concept mouvant, nous l’avons vu avec la crise sanitaire, qui a notamment fait émerger la notion de résilience (lire sur AEF info). Même s’il s’appuie sur des fondamentaux, nous devons en accepter l’évolutivité ; c’est pourquoi la remise en débat chaque année me semble pertinente. En outre, si on veut mettre en avant des expériences enrichissantes, année après année ce répertoire des bonnes démarches ne va que s’accroître. Par exemple - pour parler d’un territoire que je connais bien, nous allons faire à Dunkerque cet été ce qui sera sans doute la première cour résiliente végétalisée de France : je suis certain que l’an prochain, ce projet va nourrir les réflexions d’autres métropoles.
Sébastien Maire : Je précise que cet événement, qui se tient en format numérique pour des raisons sanitaires, est co-organisé par France ville durable, avec la Halle aux sucres de Dunkerque et l’agence d’urbanisme Flandre Dunkerque. Ce partenariat est important pour nous car le territoire dunkerquois a depuis des années une dynamique en matière de ville durable, qui intéresse beaucoup une association comme la nôtre, qui représente les parties prenantes professionnelles de [ce secteur]. Il nous permet de faire le pont avec la population, cela sera visible tout au long de l’événement.
En résumé, cette journée est un condensé de tout ce qu’est France ville durable : nous voulons faire se rejoindre une vision, de grands objectifs, avec l’opérationnel. Par exemple, sera présenté le travail d’un étudiant de Sciences-Po qui a cherché à caractériser les spécificités françaises en comparant cinq écoquartiers, sur cinq continents, notamment à travers la question de la gouvernance de ces transformations urbaines.
Le maître-mot est la massification : nous voulons montrer qu’il existe déjà énormément d’outils, de méthodes, de solutions et de réalisations sorties de terre qui fonctionnent aujourd’hui, qui correspondent aux objectifs de la ville durable et de notre manifeste. Si on parle d’urgence climatique, il est urgent d’essaimer tout ce qui fonctionne déjà.
AEF info : Comptez-vous uniquement sur la mise en avant des bonnes pratiques pour parvenir à cette massification ?
Sébastien Maire : Nous avons eu la confirmation de la présence des dirigeants des établissements et agences de l’État, qui sont directement à la manœuvre - Ademe, Anru, Cerema, etc. - qui viendront parler des dispositifs existants, et les illustrer par des réalisations. Nous aurons aussi, puisque c’est dans notre ADN, la présentation d’outils et de méthodes venant d’acteurs privés. C’est donc une synthèse qui doit montrer que des solutions existent, qui seront mises en avant sur notre futur portail qui sera livré en juin.
Patrice Vergriete : Nous voulons par exemple faire connaître un outil inventé cette année, les "ateliers territoriaux" durant lesquels nous proposons, sur une journée, d’apporter (sur place) des éléments d’éclairage aux politiques et aux cadres locaux.
AEF info : L’événement ne risque-t-il pas d’attirer des acteurs déjà très au fait de ces questions ?
Sébastien Maire : C’est un événement public, retransmis en direct, ouvert à tous mais qui s’adresse en priorité à la sphère professionnelle. Ces acteurs ne sont pas tant que ça déjà au courant, car il y a des évolutions lourdes en cours sur ce qu’on entend par ville durable. De nouveaux concepts ont émergé ces dernières années : la résilience, l’adaptation au dérèglement climatique, ou encore la sobriété (premier pilier de notre manifeste et qui est une véritable nouveauté)… Cela change la donne sur la façon de conduire les projets : les priorités et les outils ne sont plus les mêmes. Il y a un mouvement en cours, et les acteurs publics font évoluer leurs dispositifs en ce moment, et dans nos échanges avec les élus, nous voyons qu’ils sont demandeurs de cette mise à jour. C’est aussi le cas de la sphère privée, dans une logique d’anticipation des futurs marchés.
AEF info : Comment avez-vous sélectionné les projets retenus parmi les 100 démonstrateurs ?
Sébastien Maire : Nous nous sommes appuyés sur la trentaine de têtes de réseaux (publics et privés) qui organisent déjà des concours sur la ville durable, à qui nous avons demandé de faire une sorte de méta-sélection parmi leurs lauréats, en essayant de caractériser ce qui pouvait être la réponse à nos quatre piliers [sobriété, inclusion, résilience et créativité]. Le bureau de l’association a ensuite fait sa propre sélection. Les 100 projets ne cochent pas forcément les quatre critères, mais il y a des réalisations très intéressantes, notamment sur cette question de la sobriété. On présentera notamment un écoquartier entièrement bâti sur cette logique, ou encore une opération bâtiment qui correspond presque entièrement aux quatre piliers.
Patrice Vergriete : Cette sélection, qui sera mise en avant sur notre portail, va se renouveler chaque année.
AEF info : Pour revenir sur votre manifeste, a-t-il évolué depuis la première version, mise en ligne en février (lire sur AEF info) ?
Sébastien Maire : Il a évolué depuis la version initiale pour intégrer ce que les membres de France ville durable ont proposé. Il a été précisé mais en revanche, il n’a pas changé dans ses grands fondamentaux. Le 19, nous en débattrons : Philippe Madec, architecte qui a élaboré le manifeste pour la frugalité heureuse, viendra par exemple nous dire que selon lui, il vaut mieux une ville frugale qu’une ville sobre. Cela ne veut pas dire que l’association sera d’accord, mais il y aura une vraie discussion sur les concepts.
Patrice Vergriete : Après l’événement, nous verrons avec les membres de France ville durable comment faire évoluer ce manifeste. C’est bien que ce document reste vivant, mais qu’en même temps on garde à un endroit quelques éléments de référence sur ce qu’est la ville durable chez nous, en particulier sur la dimension démocratique. Nous défendrons notamment cette vision lors de l’Exposition universelle à Dubaï
AEF info : Le gouvernement a-t-il vocation à reprendre à son compte ce manifeste ?
Patrice Vergriete : Le gouvernement fait ce qu’il veut ! En l’occurrence, Emmanuelle Wargon a décidé de s’inspirer de ce manifeste, auquel la DGALN a contribué. L’État est donc un acteur parmi d’autres qui s’en saisit. C’est aussi le cas de la communauté urbaine de Dunkerque, qui a choisi le manifeste de France ville durable pour présenter son rapport du développement durable en conseil communautaire. C’est d’ailleurs une suggestion que je vais faire aux présidents d’intercommunalité. Mais encore une fois, chacun est libre de s’en saisir ou pas.
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Emilie Buono,
journaliste