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Une majorité d’établissements d’ESR a communiqué des informations sur leurs 10 plus hautes rémunérations de 2016 à 2018, comme les y oblige la loi. Si le détail des postes concernés n'est pas disponible, la moyenne annuelle est de 117 k€ euros bruts dans les organismes de recherche, contre 92 k€ dans les universités, et 88 k€ dans les écoles d’ingénieurs. Mais d’une université à l’autre, des disparités importantes existent. Les montants vont ainsi de 68 k€ pour l’INU Champollion à 111 k€ pour Paris-Diderot. Crous, ENS, IEP, écoles d’art : retrouvez le détail par an et par établissement.
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Nous sommes basés sur le jaune budgétaire "opérateurs de l’État" annexé au projet de loi de finances pour 2020. En annexe, ce document présente la somme des 10 plus importantes rémunérations brutes totales (y compris indemnités et parts variables) de chaque opérateur et autres organismes publics contrôlés par l’État
Parmi les 483 opérateurs au total, nous nous sommes concentrés sur 209 établissements d’ESR. Par ailleurs, afin d’établir un montant individuel moyen de rémunération, nous avons divisé ces montants par 10. Les établissements n’ont pas toujours répondu à l’exigence de transparence
Depuis la loi de programmation des finances publiques 2014-2019, une nouvelle exigence de transparence sur la somme des dix plus importantes rémunérations brutes totales des opérateurs d’État a été introduite par le Parlement. Quels sont les montants dans l’ESR ?
Des disparités significatives entre les crous, écoles, universités et organismes de recherche
C’est dans les organismes de recherche que les revenus annuels moyens bruts des dix plus hautes rémunérations sont les plus élevés, s’établissant à 117 k€ en moyenne par individu sur la période 2016-2018, avec un plancher de 78 k€ observé à l' Ined, et un plafond de 168 k€ constaté à l' IRD, soit le double. Ce dernier chiffre est toutefois à relativiser du fait d’un volume important d’agents expatriés bénéficiaires d’indemnités de résidence à l’étranger durant leur affectation.
En comparaison, les montants du top 10 des rémunérations des universités sont plutôt en moyenne de 92 k€, allant de 68 k€ pour l’INU Champollion à 111 k€ pour Paris-Diderot, voire 120 k€ à l’université de La Réunion. Ici aussi, le niveau élevé dans l’université ultra-marine s’explique notamment par les indemnités de sujétion géographique en faveur des fonctionnaires de l’État affectés en Outre-Mer.
Les grands établissements, les écoles d’ingénieurs et les ENS affichent des montants relativement similaires à ceux des universités, oscillant en moyenne entre 87 k€ et 90 k€ par année. Les IEP occupent le milieu du classement avec des chiffres autour de 68 k€.
Enfin, les Crous, les écoles d’architecture et les écoles d’art forment troisième sous-ensemble dont le top 10 des salaires varie entre 55 k€ et 60 k€ bruts par an. Si les Comue ferment le classement avec une moyenne de 32 k€, ces montants sont toutefois fortement sous-estimés du fait qu’ils concernent parfois bien moins que 10 agents, mais aussi peu significatifs en raison d’un manque de données, et de cas particuliers pour Paris-Saclay, PSL et Paris-Seine.
Zoom : dans quelles universités sont réparties les plus grosses rémunérations ?
Parmi l’ensemble des universités, plusieurs tendances se dégagent. Si l’on découpe l’échantillon en quatre parties distinctes basées sur le nombre d’étudiants inscrits, il apparaît globalement que plus l’établissement est grand, plus les rémunérations du top 10 sont élevées. Mais au sein d’un même groupe d’universités de taille comparable, la dominante disciplinaire joue également. Ainsi dans les établissements pluridisciplinaires avec santé, les rémunérations sont systématiquement plus attractives que dans les autres types d’universités. À l’inverse, les universités pluridisciplinaires hors santé ou à dominante lettres et sciences humaines octroient des salaires moins attractifs.
Dans les gros établissements de plus de 30 000 étudiants, on retrouve l’université de Montpellier en première position avec une moyenne annuelle du top 10 de 107 k€ par personne et par an. Paris-Diderot domine les universités de taille moyenne avec 111 k€, tandis Paris-II affiche 109 k€ parmi les établissements de taille plus modeste. Dans les très petites universités où l’on recense moins de 10 000 inscrits, c’est l’université des Antilles qui affiche plus haut niveau de rémunération avec une moyenne de 109 k€ liée aux primes d’éloignement, l’université de Corse se situant au même niveau que celle de Guyane (91 k€), devant Évry (88k€).
Toutes tailles confondues, l’université de la Réunion surplombe ses homologues avec 120 k€ bruts annuels par personnes, ici aussi en raison des indemnités de sujétion géographique en faveur des fonctionnaires de l’État affectés en Outre-Mer. Parmi les universités qui comprennent entre 10 000 et 20 000 étudiants, l’université de Bordeaux-III occupe la dernière place avec 82 k€. Quant aux établissements de 20 000 à 30 000 inscrits, les universités de Toulouse-II et Rennes-II, toutes deux SHS, sont respectivement les deux dernières de la liste, avec un montant de 82 k€.
S’il semble difficile d’expliquer ces écarts de salaires sans connaître avec précision le détail des postes les mieux rémunérés, ce que ne précise par le jaune budgétaire, pour Jérôme Eneau, vice-président des ressources humaines et du dialogue social à Rennes-II, une des raisons tient au fait que les moyens alloués aux universités différent selon la dominante disciplinaire.
"On ne sait effectivement pas ici si ce top 10 est constitué d'enseignants-chercheurs ou de personnels administratifs ni dans quelle proportion. Mais s'agissant des enseignants-chercheurs, nous nous sommes penchés dans le cadre la LPR et du protocole de revalorisation des rémunérations sur les universités à dominante LLSHS. Les taux d'encadrement et le ratio PU/MCF y sont inférieurs comparés aux universités d'autres disciplines. A Rennes-II, nous avons même des taux encore plus bas que dans les universités de notre discipline", pose-t-il. Situées "dans le bas du panier", les universités LLSHS sont en effet particulièrement concernées par le "repyramidage" promis par les pouvoirs publics : à l'aune des 800 promotions de MCF en PU annoncées par le MESRI le 1er février, Rennes-II devrait par exemple promouvoir 15 MCF dès cette année. "Par ailleurs en LLSHS, nous avons des collègues qui ont souvent une première carrière avant de passer une thèse tardive : les salaires sont donc moindres qu'en droit ou en médecine où l'on commence plus tôt dans la carrière."
Quant aux personnels administratifs, "les disparités peuvent s'expliquer par le fait que l'on n'a pas les mêmes indices IFSE : dans une petite université, un DGS ou un DRH peut avoir des grilles de salaire inférieures à celles d'une université de taille plus importante." Même à taille égale toutefois, l'université de Rennes-II fait partie des universités "pauvres" : "voici 4 ans, nous avions fait une étude sur des universités comparables à la nôtre (Toulouse-II ou Lyon-II) et avions constaté que notre dotation par étudiant était moindre : nous avons moins de marges de manœuvre dans ce que nous pouvons offrir en matière de salaires attractifs. De manière globale, aujourd’hui les désavantages en termes de rémunérations ne sont pas ou plus compensés par l’avantage du statut de la fonction publique, soumis au déclassement du statut d’enseignant-chercheur."
Pour aller plus loin : le détail par établissement et par année
Dans la visualisation ci-dessous, retrouvez le détail de la rémunération brute annuelle moyenne (y compris indemnités et parts variables) individuelle parmi les 10 plus importantes dans chaque établissement, pour les années 2016, 2017 et 2018 lorsque l’établissement a donné l’information.
Avec le filtre, sélectionnez le type d’établissement qui vous intéresse (organisme de recherche, université, Crous, école d’ingénieurs, ENS, IEP, etc.). Au survol de chaque barre, consultez d’éventuels commentaires formulés par l’établissement pour justifier le niveau de rémunération observé.
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Théophile Magoria,
journaliste