En plus des cookies strictement nécessaires au fonctionnement du site, le groupe AEF info et ses partenaires utilisent des cookies ou des technologies similaires nécessitant votre consentement.
Avant de continuer votre navigation sur ce site, nous vous proposons de choisir les fonctionnalités dont vous souhaitez bénéficier ou non :
"Nous pouvons faire davantage et aller plus loin avec les fonctionnaires issus des concours internes et des troisièmes concours" pour diversifier la haute fonction publique, plaide ce 5 mars 2021, dans un entretien à AEF info, Guillaume Hermitte, le président de l’association ENA3C, réagissant à la création cette année de nouveaux concours Talents. L’ENA3C a adopté fin 2020 avec l’AAEENA et Intern’ENA une contribution en ce sens et va faire ses propositions d’ici à fin mars à la ministre de la Fonction publique pour une meilleure valorisation de la carrière de ces hauts fonctionnaires.
Cette dépêche est en accès libre.
Retrouvez tous nos contenus sur la même thématique.
Rentrée des élèves de l'ENA de la promotion Hannah Arendt (janvier 2019). L'EN3C défend, avec les autres autres associations d'anciens élèves, la création d'une voie professionnelle. Droits réservés - DR - ENA
Diversifier oui mais à tous les niveaux. À l’instar de l’association La Cordée (lire sur AEF info), l’association ENA3C, qui regroupe d’anciens élèves de l’ENA issus du 3e concours
La création des concours Talents et le développement des classes préparatoires Égalité des chances "vont dans le bon sens. Il est nécessaire d’avoir une approche volontariste pour diversifier l’accès à la haute fonction publique afin que celle-ci soit davantage représentative de la société française. Mais ces mesures ne traitent que 50 % des cohortes", l’autre moitié étant issue du concours interne et du 3e concours", nuance Guillaume Hermitte, le président de l’association ENA3C.
"rechercher davantage de diversité professionnelle"
Pour rappel, le président de la République a annoncé le 11 février dernier à Nantes une série de mesures (lire sur AEF info) visant à diversifier l’accès à la haute fonction publique parmi lesquelles la création à titre expérimental pour quatre ans d’un concours "Talents" pour cinq écoles de la haute fonction publique (ENA, Inet, ENSP, EHESP et Enap) et le développement des CPI (classes préparatoires intégrées), rebaptisées prépas Talents. L’ordonnance et le décret concrétisant ces annonces ont été publiés le 4 mars (lire sur AEF info).
Toutefois, l’ENA3C, qui a réagi mi-février avec les associations Intern’ENA
"Les candidats à ces concours les passent avec maturité et un engagement particulier alors qu’ils doivent par ailleurs déjà assumer des responsabilités professionnelles voire une charge de famille. Le choix d’un concours d’accès à une école de service public à un âge plus avancé est toujours particulièrement mûri. Par ailleurs, ces publics ont, au cours de leur expérience professionnelle, été en contact avec les administrations et ont donc souvent connu ce dernier kilomètre de l’action publique. Ils sont aussi généralement plus diversifiés et plus paritaires que les candidats aux concours externes", défend Guillaume Hermitte, lui-même passé par le 3e concours après 10 années d’entreprenariat dans l’économie sociale et solidaire.
Identifier de nouveaux profils de terrain
L’EN3C, qui plaide pour une "approche plus différenciée, tout en insistant davantage sur la construction d’alliances et de synergies nouvelles entre des porteurs de projet dans les territoires et la haute fonction publique", œuvre en ce sens. Elle a adopté en décembre dernier une contribution élaborée avec l’AAEENA et Intern’ENA pour la création d’une voie professionnelle dans la haute fonction publique. Pour les trois associations, la crise sanitaire rend urgent le besoin "de s’appuyer sur des ressources disposant déjà d’une expérience, de compétences diversifiées et d’une connaissance du terrain dont l’accès plus rapide à des responsabilités importantes doit être encouragé".
"Il est nécessaire d’aller détecter davantage de profils plus diversifiés parmi les PME, les petites collectivités territoriales, les entrepreneurs sociaux ou encore les commissaires de police exerçant dans les quartiers difficiles", explique Guillaume Hermitte, constatant qu’à l’heure actuelle, les profils des candidats au concours interne et au 3e concours restent encore trop homogènes. Les propositions des trois associations d’anciens de l’ENA défendent donc notamment, à l’instar de la mission Thiriez (lire sur AEF info), la création d’une voie professionnelle unique.
L’EN3C travaille également à un projet de convention avec l’Apec et le ministère de la Transformation et de la Fonction publiques pour promouvoir les carrières du secteur public. Guillaume Hermitte espère ainsi voir la DGAFP davantage agir "dans une logique de GPEC" et anticiper ses besoins en compétences.
Pour une banque d’épreuves communes
Se pose aussi toujours la question des concours. Si l’EN3C défend leur maintien, elle juge nécessaire de faire évoluer le contenu de leurs épreuves en s’appuyant sur le réseau des classes préparatoire Égalité des chances (les futures classes prépas Talents). "Il faut davantage tenir compte de ce qu’est le 3e concours et à quel public il s’adresse. La préparation doit tenir compte d’un certain écart vis-à-vis des codes en matière de culture générale par exemple."
À cet égard, le débat que compte ouvrir sur le sujet le directeur de l’ENA, Patrick Gérard, lors du conseil d’administration du 17 mars prochain (basé sur des interrogations relatives à la réduction du nombre d’épreuves et l’évolution de leur contenu) "va dans le bon sens", salue le président de l’association, qui milite pour des épreuves "plus professionnalisantes" tout en conservant des sujets de culture générale. "La culture générale est certes discriminante mais elle reste fondamentale", estime Guillaume Hermitte. Il soutient également l’idée de la mission Thiriez d’une banque d’épreuves communes qui réduirait le nombre d’épreuves et serait le prélude à un tronc commun, à condition que soit maintenue la spécificité de chaque formation.
Adapter l’affectation à l’expérience
Enfin, la nécessité s’impose également d’adapter l’affectation des hauts fonctionnaires issus du 3e concours et de concours interne. "Le problème à la sortie de l’ENA est que l’employabilité est la même pour les candidats, quel que soit le concours dont ils sont issus. Or ce message n’est pas naturel pour des profils ayant auparavant dirigé dix ans durant une entreprise", illustre l’ancien entrepreneur. Celui-ci milite pour le développement par les administrations d’outils de GPEC à même de permettre d’identifier les compétences.
À cet égard, il espère que la réforme de la scolarité mise en place cette année à l’ENA, qui prévoit un parcours d’apprentissage basé sur un référentiel de compétences (lire sur AEF info) permettra aux employeurs publics de mieux identifier ces dernières. En revanche, "tant que l’on ne changera pas le classement de sortie, cela restera compliqué. Mais il serait possible de mettre en place des cartographies de compétences pour les employeurs. À condition que la DRH de l’État et celles des différents corps suivent le mouvement et soient en mesure de proposer les postes adéquates et une progression de carrière adaptée.
"Les employeurs publics doivent être en mesure de proposer des outils d’accélération pour l’accès à des postes à responsabilité prenant en compte les acquis de l’expérience professionnelle. Un haut fonctionnaire issu du concours interne ou du 3e concours doit-il attendre autant de temps qu’un externe avant de changer de grade et avoir accès à postes de direction ?". Non, estime l’EN3C qui travaille actuellement, à l’invitation de la ministre de la Fonction publique Amélie de Montchalin, à des propositions qu’elle remettra à la fin du mois.
Vous souhaitez contacter
Clarisse Jay,
journaliste