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Les grandes lignes du 14e plan quinquennal chinois, dévoilées vendredi 5 mars 2021, n’apportent guère de précisions sur la capacité du pays, premier émetteur mondial de gaz à effet de serre, à atteindre la neutralité carbone avant 2060. D’ici à 2025, l’intensité énergétique devra baisser de 13,5 % et l’intensité carbone de 18 % (un objectif similaire à celui du précédent plan, déjà considéré comme modéré). Ce plan déçoit également car il ne donne pas de plafond d’émissions absolues à respecter, et de manière inédite, ne fixe aucun objectif en termes de croissance à horizon 2025.
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MaxPPP - Kyodo
Le Premier ministre chinois Li Keqiang a dévoilé ce vendredi les éléments clés du projet de 14e plan quinquennal du pays, lors d’un discours prononcé à l’occasion de la session annuelle du Congrès national du peuple.
un plan attendu
Un plan dont les objectifs en matière de climat et d’énergie étaient particulièrement attendus, après que le président chinois Xi Jinping a surpris en annonçant en septembre dernier lors de l’Assemblée générale des Nations unies deux nouveaux objectifs pour le premier émetteur de gaz à effet de serre mondial : atteindre le pic des émissions de CO2 avant 2030 et la neutralité carbone avant 2060 (lire sur AEF info).
Un objectif, qui, "s’il est atteint", permettrait de réduire de 0,2 à 0,3˚C le réchauffement climatique en 2100, selon Climate Action Tracker. Et qui a été complété le 12 décembre 2020 (à l’occasion du sommet des cinq ans de l’accord de Paris) par des engagements supplémentaires à horizon 2030 :
En plus de ces objectifs, la Chine ambitionne désormais, sur la période 2021-2025, de :
Pas d’objectif en termes de PIB
Ces objectifs de court terme permettent-ils au pays de se placer sur une trajectoire cohérente avec l’atteinte de la neutralité carbone avant 2060 ?
Une première comparaison peut être tentée avec les projections réalisées en octobre dernier par les experts de l’université Tsinghua. Ils préconisaient, en prenant pour hypothèse un taux de croissance moyen annuel du PIB de 5,3 % à horizon 2025, que l’objectif de réduction de l’intensité énergétique soit de 14 % dans le prochain plan quinquennal et que celui de réduction de l’intensité carbone soit d’au moins 19 %. La part des énergies non fossiles devant quant à elle atteindre 20 % en 2025.
Ainsi, les objectifs annoncés s’approchent de ceux recommandés. Mais la comparaison est rendue difficile par le fait que ce plan quinquennal (à la différence de ses prédécesseurs depuis 1953) n’annonce pas d’objectif explicite en matière de taux de croissance du PIB. Au lieu de cela, et dans un contexte de reprise économique post Covid-19, il énonce un objectif annuel, fixé à au moins 6 % de croissance pour l’année 2021.
Par ailleurs, le plan quinquennal ne fixe pas de plafond d’émissions absolu ou budget carbone à respecter d’ici à 2025.
"Signal indécis"
Ainsi, Li Shuo, conseiller politique de Greenpeace pour l’Asie de l’Est, considère que ce plan pluriannuel "envoie un signal indécis en matière de climat, et ce, au milieu de grandes incertitudes économiques et géopolitiques". Climate Action Tracker observe également que ce plan ne fait état d’aucun "changement significatif dans le discours de la Chine vis-à-vis du charbon et de l’énergie propre : il fait la promotion des deux".
Pour Greenpeace, Li Shuo ajoute cependant qu' "étant donné que la Chine a l’habitude de dépasser les objectifs de son plan quinquennal, il est possible d’espérer que ces objectifs permettront de se prémunir contre une nouvelle poussée de croissance des émissions de gaz à effet de serre". Il craint cependant que "les groupes industriels ne se servent de l’objectif modeste d’intensité carbone (–18%) comme d’une excuse pour continuer à faire comme si de rien n’était", alors qu’il plaide pour que le pays atteigne le pic de ses émissions avant 2025.
Des "pas de bébé"
"La communauté internationale s’attendait à ce que la politique climatique de la Chine 'saute'. En réalité, elle continue à 'ramper'", analyse pour sa part Zhang Shuwei, économiste en chef du Draworld Environment Research Center. Centre dont les calculs "montrent que si la croissance annuelle réelle du PIB est supérieure à 3,9 % d’ici à 2025, les émissions absolues de la Chine continueront d’augmenter". De même, le centre pour la recherche sur l’énergie et l’air propre, Crea, estime qu’avec ce plan, la Chine avance "à pas de bébé" vers la neutralité carbone.
Pour Dimitri de Boer, responsable Chine de l’ONG ClientEarth, "ce qui importe maintenant, c’est de savoir si le pays se tournera rapidement vers l’énergie propre". Tandis que "de nombreuses nouvelles centrales au charbon ont été approuvées en 2020", il espère "que beaucoup de ces projets seront annulés".
Selon un observateur joint par AEF info, la Chine est d’ailleurs "en capacité d’arrêter de construire de nouvelles centrales, mais il existe une certaine inertie au niveau local". En effet, une partie des nouvelles centrales ne dépend pas de la planification centralisée mais des provinces, qui pour atteindre leurs objectifs de croissance se lancent dans l’investissement de grands projets dont les centrales à charbon. Des constructions qualifiées d' "irrationnelles" puisqu’en réalité nombre d’entre elles sont "sous-utilisées" et "à moitié rentable".
D’autres plans à venir
Le plan quinquennal dont les grandes lignes ont été dévoilées ce jour sera officiellement rendu public le 11 mars, après avoir été approuvé par les membres du congrès à la fin de la session annuelle. Des précisions sur l’objectif que se fixe le pays en matière de développement des énergies renouvelables pourraient alors être connues.
Par ailleurs, ce plan sera suivi de la publication de plans provinciaux et sectoriels. L’un d’eux, spécifiquement dédié au climat, est ainsi attendu à l’automne, en amont de la COP 26. Dans son discours, le Premier ministre a également assuré que le plan permettant au pays d’atteindre le pic de ses émissions avant 2030 serait achevé cette année.
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Émilie Legendre,
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