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Plus de la moitié des patients présentent encore au moins un des symptômes initiaux du Covid-19 quatre semaines après le début de la maladie, et plus de 10 % à 6 mois, informe la Haute Autorité de santé lors d’une conférence de presse ce 12 février 2021. Elle publie ce jour des réponses pour aider les professionnels à les prendre en charge. L’objectif : proposer une approche globale, pratique et adaptée aux symptômes de chaque patient tout en évitant les examens non pertinents. La prise en charge du malade en tant qu’ALD présente un risque de dépression, indique les spécialistes de la HAS.
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Parmi la cohorte de l’Hôtel-dieu de Paris étudiée depuis février 2020, la perte d'odorat, la diarrhée ou la fatigue persistent chez 5 % des patients. Pexels
Plus de la moitié des patients présentent encore au moins un des symptômes initiaux de la Covid-19 quatre semaines après le début de la maladie, et plus de 10 % à 6 mois, informe la HAS ce vendredi 12 février. "Ce temps de récupération, plus ou moins long, fluctue en fonction des patients, sans que l’on comprenne complètement pourquoi. Bon nombre de médecins, qui découvrent cette maladie encore mal connue, peuvent se sentir démunis pour prendre en charge les patients qui présentent des symptômes prolongés de la Covid-19", reconnaît la HAS. Polymorphes, ces symptômes peuvent être la fatigue, un trouble de la mémoire (ou "brouillard cérébral" disent les Britanniques), palpitation, tachycardie, trouble goût ou de l’odorat, troubles digestifs ou cutanés, liste l’infectiologue Dominique Salmon.
amélioration en six mois en moyenne
Aussi, la Haute Autorité de Santé établit trois critères permettant de repérer les patients souffrant de symptômes prolongés du Covid : ils en ont présenté une forme symptomatique, ils présentent un ou plusieurs symptômes initiaux, quatre semaines après le début de la maladie et aucun de ces symptômes ne peut être expliqué par un autre diagnostic. La consultation médicale doit donc à la fois comprendre une évaluation de l’état de santé actuel du patient pour, notamment, identifier les facteurs déclenchant la survenue des symptômes et évaluer leur impact sur la qualité de vie, et une évaluation de l’épisode initial.
À la demande du ministère de la Santé, et afin d’aider les professionnels de santé qui interviennent en premier recours, la HAS a mis en place un groupe de travail constitué d’une quinzaine de professionnels de santé et diverses associations de malades pour "définir la prise en charge optimale qui doit être proposée à ces patients, souvent inquiets". Selon la HAS, il apparaît que l’état de santé s’améliore de façon progressive, en général en quelques mois, grâce à une prise en charge globale personnalisée pouvant inclure des traitements symptomatiques, du repos et une réadaptation respiratoire et/ou un réentraînement progressif à l’effort. En complément de ces réponses rapides, la HAS publie également dix fiches techniques précisant les explorations cliniques et paracliniques nécessaires et les éléments de traitement de premier recours pour les principaux symptômes ou atteintes d’organe identifiés.
Une prise en charge globale individualisée
La Haute Autorité de Santé attire l’attention sur le fait que le Covid est "une maladie encore mal connue, dont les manifestations, très variables, peuvent fluctuer dans le temps et d’une personne à l’autre : ceci génère beaucoup d’inquiétude et d’interrogations, tant du côté des patients que des cliniciens." Elle invite par conséquent les médecins à "faire preuve d’écoute et d’empathie envers leurs patients souffrants de symptômes prolongés", et à "les rassurer quant aux possibilités de prise en charge et au caractère temporaire et réversible de leur situation."
À l’issue de cette consultation, le médecin devra proposer un projet de soins personnalisé, assorti d’objectifs réalisables (être soulagé plutôt que guéri par exemple), et d’un suivi dont il aura discuté et convenu avec son patient (son entourage ou ses soignants si nécessaire). Outre des traitements symptomatiques adaptés, la rééducation est un aspect important dans la prise en charge des patients présentant des symptômes prolongés.
persistance ou apparition de nouveaux symptômes
"On ne sait pas encore quelle proportion [des malades est concernée] au niveau populationnel", explique Dominique Salmon. Mais l’infectiologue rapporte des études menées au Royaume-Uni qui montrent "des taux de plus de 20 % à cinq semaines et plus de 10 % à six mois" de patients présentant des symptômes persistants. D’après l’Office National des statistiques britannique, 300 000 personnes sont concernées. "Mais les formes sont diverses", rappelle-t-elle. "Pour l’anosmie persistante par exemple, environ 10 % de ces 10 % [à six mois] peuvent avoir des troubles plus graves". Le Royaume-Uni commence également à faire quelques recommandations.
En France, des études sont en cours (Ifen, Isaric) qui donnent des résultats assez similaires, rapporte le Dr Salmon. D’après l’étude menée sur une cohorte de l’Hôtel-dieu (depuis février 2020), "10 à 15 % n’ont plus besoin de nous revoir, 70 % sont sur la bonne pente et 5 %" ne s’améliorent pas, pour cause d’anosmie importante, d’exacerbation de diarrhée ou de fatigue. Le Covid long écarte-t-il les symptômes du début de la maladie ? "Le plus souvent, les patients qui font des formes prolongées ne guérissent pas complètement", note Dominique Salmon. "Soit ces symptômes persistent, soit des nouveaux apparaissent comme le brouillard cérébral (difficulté de concentration). De même, on peut faire un Covid initial avec des problèmes ORL puis avoir des douleurs thoraciques" sur le long terme. Le Covid sévère présentant de graves symptômes pulmonaires peut lui mener au syndrome d’hyperventilation en forme prolongée.
un soutien global comme une maladie chronique
À ce stade, les connaissances sur le Covid long restent maigres. "Nous n’avons pas fait la part des choses entre les suites de la maladie et symptômes du temps long", note Dominique Salmon. Cependant, "on commence à voir une différence entre les formes graves visibles à l’hôpital, souvent des hommes âgés en surpoids, et les formes prolongées qui touchent souvent les femmes jeunes, en âge de procréer, et très souvent allergiques, dont beaucoup de jeunes soignantes. Peut-être en raison d’une immunité particulière ou d’un terrain génétique", suppose-t-elle.
Comment prendre en charge cette maladie ? "Au bout de neuf mois, on peut mettre certains patients en ALD, mais le risque est de sombrer dans la dépression." Selon les spécialistes de la HAS, il faut mettre en place un soutien global comme dans toutes les maladies chroniques. Continuer les activités qui procurent du plaisir, ou faire du sport - ce qui n’est pas forcément systématique face au Covid long, car symtômes peuvent être exacerbés suite à l’effort, notent-ils. Il ne faut donc pas arrêter, mais aller doucement.
Plusieurs facteurs déclenchent la fatigue
Les dix fiches ont été relues pas des généralistes, des kinésithérapeutes, et des associations de patients. Les traitements restent symptomatiques car la cause de la persistance reste inconnue. Pour la fatigue par exemple, "qui est au premier plan et parfois extrême, obligeant parfois à arrêter de travailler le patient, on note qu’elle est souvent déclenchée par certains facteurs (effort physique ou intellectuel, règles…)", constate l’infectiologue de l’Hôtel-Dieu, à Paris. "Il est important que le patient reconnaisse ces facteurs." Les douleurs thoraciques, fréquentes mais bénignes, peuvent correspondre à des atteintes cardiaques, il est donc important que les généralistes sachent repérer et faire les examens en conséquence, alertent les spécialistes. La HAS recommande au généraliste de débuter le traitement puis de contacter un spécialiste.
Rappelons que la prise en charge du Covid long et d’éventuelles séquelles suite à l’infection fait l’objet de débats. "Pour mieux identifier et accompagner les personnes souffrant de 'covid long' en leur proposant un parcours de soins dédié", une proposition de résolution de la majorité sera examinée le 17 février à cet effet (lire sur AEF info).
Voici une sélection des brèves fonction publique de la semaine du 29 mai 2023 :
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Vincent JAOUEN,
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