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La Conférence des doyens de médecine alerte sur la détresse psychologique des étudiants en santé, devant faire face aux réformes en cours mais aussi à la crise du Covid-19, lors d’un point presse virtuel le 20 janvier. Les doyens ont présenté diverses mesures pour "sensibiliser, alerter et accompagner les étudiants" dans leur cursus. Le CNA sera notamment doté "dans les semaines qui viennent" d’un numéro vert pour centraliser les appels de détresse, explique Patrice Diot, président de la conférence. Les doyens se préparent également à accueillir leurs étudiants en présentiel au travers des TD.
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Patrice Diot, président de la conférence des doyens des facultés de médecine Droits réservés - DR
Les étudiants, qui ont intégré les facultés de santé à la rentrée 2020, doivent faire face aux impacts de la crise du Covid-19 mais aussi à la mise en place de la réforme du 1er cycle, "extrêmement complexe et pas toujours comprise", expose d’emblée Patrice Diot, président de la Conférence des doyens de médecine, lors d’un point presse portant notamment sur "les conditions exceptionnelles" de la rentrée étudiante, mercredi 20 janvier 2021.
Les étudiants des autres années sont, quant à eux, impliqués dans la crise sanitaire, que ce soit au travers des politiques de dépistage ou bientôt de vaccination. "Cela crée des turbulences et des pertes de repères pour les étudiants qui se sentent, à juste titre, parfois considérés comme des auxiliaires de santé et non comme des apprenants", relève Patrice Diot. Il rappelle que la "priorité" des doyens est de "garantir la qualité de leur formation", y compris en distanciel grâce à une co-construction avec l’Uness.
"Sensibiliser, alerter, accompagner"
Sur la santé mentale des étudiants, la conférence observe "des signaux extrêmement préoccupants" : un certain nombre d’entre eux sont "dans des conditions précaires, isolés socialement, ce qui a conduit à des drames dans les universités", poursuit Patrice Diot, faisant référence à plusieurs suicides (lire sur AEF info). Il estime que "les étudiants ont besoin aujourd’hui de retrouver leurs enseignants mais encore plus de se retrouver entre eux". Face à cette situation, les doyens doivent instaurer dans les universités le triptyque suivant : "sensibiliser, alerter, accompagner les étudiants".
Pour se faire, la conférence a élaboré un plan d’action. Tout d’abord, il faut "améliorer l’accès" des commissions d’accompagnement des étudiants mises en place dans les facultés de médecine, pour permettre de mieux alerter au niveau local. Ensuite, les facultés doivent être capables de répondre à ces alertes "7 jours sur 7 et 24h/24". Le CNA (Centre national d’appui à la qualité de vie des étudiants en santé) sera doté "dans les semaines qui viennent d’un numéro vert pour centraliser les appels de détresse, et ensuite redescendre vers les facultés de médecine pour mettre en place les accompagnements nécessaires", explique Patrice Diot.
Une autre piste de travail est d’accompagner les étudiants lors des résultats des concours, qui se font par internet, pour éviter qu’ils se retrouvent seuls dans cette situation stressante, propose le président de la Conférence des doyens de médecine.
Le retour des étudiants par "plusieurs dizaines"
Même si l’annonce du gouvernement de 80 nouveaux psychologues et 60 assistants sociaux est une avancée (lire sur AEF info), "les étudiants insistent beaucoup sur le fait que ce n’est pas la seule solution. Ce dont ils ont besoin aujourd’hui, ce sont de perspectives, d’un avenir, d’un cadre", rapporte Patrice Diot. "La reprise dans les universités est importante car elle va permettre de rétablir, voire d’établir, le contact avec les étudiants", estime-t-il.
Les facultés de santé accueillent environ 60 0000 étudiants en première année. "Notre défi, c’est de convaincre nos universités et nos tutelles de permettre le retour d’étudiants en groupe de plusieurs dizaines", prévoit-il. Par exemple, l’université de Tours, dans laquelle il exerce, envisage le retour de 80 à 160 étudiants dans des amphithéâtres de 400 à 600 places. "Je demanderai aux professeurs de terminer un peu plus tôt les séances d’enseignements dirigés pour ensuite garder un temps d’échanges avec les étudiants", complète le doyen.
Enfin, Patrice Diot avance l’idée d’un "baromètre de vie dans les universités" : les établissements renseigneraient des indicateurs à échéances régulières pour connaître le moral des étudiants et ainsi, "agir sur le quotidien".
Emmanuel Touzé, doyen de la faculté de santé de l’université de Caen et président de l’observatoire de la démographie médicale, fait le point sur la réforme du 1er cycle, avec la suppression du numerus clausus conformément à la loi Santé de 2019.
Ce système est désormais remplacé par des objectifs nationaux pluriannuels, définis par université, pour chacune des formations, pour une durée de cinq ans. Ils sont fixés par arrêté des ministres chargés de l’enseignement supérieur et de la santé, sur proposition d’une conférence nationale réunissant les acteurs de la formation des professionnels de santé et du système de santé (lire sur AEF info).
Cette conférence se réunira "fin mars 2021" pour déterminer les objectifs à partir de la rentrée 2022, indique Emmanuel Touzé. "Par rapport au numerus clausus, les objectifs nationaux pluriannuels seront beaucoup plus souples. Il s’agira d’une fourchette prédéfinie et chaque université pourra décider si elle prend plus ou moins d’étudiants dans cette fourchette", explique-t-il.
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Julie Lanique,
journaliste