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Qui, des filles ou des garçons, occupe le plus les bancs d’une spécialité donnée en terminale générale en 2020, soit la première promotion de la réforme ? Selon les données de la Depp, certaines matières scientifiques peuvent accueillir jusqu’à 87 % de garçons, quand des spécialités littéraires comptent 80 % de filles. Retrouvez le détail de leur choix, mais aussi une comparaison avec les anciennes séries du bac. Avec notamment l’éclairage de la sociologue spécialiste de l’éducation, Marie Duru-Bellat, et de l’artisan de la réforme Pierre Mathiot. À venir, un focus sur leurs profils sociaux.
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Nous nous basons sur la note d'information de la Depp de novembre 2020 qui analyse notamment les choix d’enseignements de spécialité des élèves de terminale pour l’année 2020 (lycées publics et privés y compris hors contrat, en France métropolitaine et dans les Drom). Nous nous focalisons sur le genre des élèves de terminale en filière générale, soit la première promotion du nouveau bac aménagé selon les modalités de la réforme initiée par Jean-Michel Blanquer.
Les enseignements de terminale sont en effet désormais composés d’un socle de 15h30 de cours de tronc commun par semaine (dont deux langues vivantes), de 12 heures de spécialité (deux enseignements de 6 heures chacun, les "doublettes") voire d’une option facultative de 3 heures
Afin de donner à voir les ordres de grandeur ces 10 dernières années par ailleurs, nous avons également utilisé les données de la Depp concernant la répartition, dans les 3 séries de bac en filière générale, des élèves de terminale selon leur genre entre 2010 et 2019.
Au sein de la première promotion issue de la réforme du lycée et du baccalauréat, quelle est la part de filles et de garçons de terminale générale en 2020-2021 selon leur enseignement de spécialité ?
58 % de garçons en mathématiques, 87 % en informatique
Dans les cinq premières disciplines de sciences dures à l’aune de leurs effectifs, les garçons sont majoritaires, à l’exception des SVT, prisées par les filles à hauteur de 63 %. En mathématiques et en physique-chimie, spécialités qui rassemblent respectivement 41 % et 33 % du total des lycéens en France, les garçons pèsent pour 58 % et 53 %. Et ce, bien que les filles représentent 56 % des lycéens de terminale.
L’écart entre filles et garçons se creuse particulièrement dans deux disciplines aux effectifs bien moins importants : numérique et sciences informatiques ( NSI) ainsi que sciences de l’ingénieur. Dans ces deux spécialités, quasiment 9 élèves sur 10 sont des garçons.
Au sein des cinq premières spécialités de SHS en matière d’effectifs, au contraire, les filles sont surreprésentées : 61 % en sciences économiques et sociales et 62 % en histoire-géographie, ou encore 77 % en LLCER, voire 80 % en humanités, littérature et philosophie.
filles/garçons : sont-ils enclins à choisir une spécialité ?
Mais dans quelle mesure une fille a-t-elle été encline à opter pour une spécialité de SHS ? Afin de mieux prendre la mesure de la tendance, lorsque l’on est une fille ou un garçon, à choisir une spécialité plutôt scientifique ou plutôt littéraire, nous avons rapporté l’effectif de filles ou de garçons de chaque spécialité à leur "vivier" respectif.
Ainsi, il apparaît que parmi l’ensemble des filles de terminale générale en 2020, 23,5 % ont choisi les LLCER contre 11,4 % parmi la cohorte des garçons. Soit deux fois plus que ces derniers. Les filles ont choisi 3 fois plus que les garçons humanités, littérature et philosophie. Elles ont de même sélectionné 1,2 fois plus les SES, 1,3 fois plus l'histoire-géo, et 2,6 fois plus les arts plastiques.
Du côté des sciences dures, 54,4 % des garçons ont opté pour les mathématiques contre 30,7 % des filles. Les garçons choisissent donc 1,8 fois plus que les filles cette matière, qui constitue pour rappel la plus massive de toutes en nombre d’élèves. Les garçons choisissent 1,4 fois davantage les sciences physiques, et 8 fois plus que les filles l'informatique ou les sciences de l’ingénieur. Seules les SVT voient la tendance inverse, les filles se déterminant 1,3 fois plus que les garçons pour cette discipline.
Dans la visualisation "en radar" ci-dessous, nous avons superposé l’état des lieux chez les filles (en violet) et chez les garçons (en vert) dans les 5 principales matières en SHS, puis en sciences dures.
Passez votre souris sur la toile pour avoir le pourcentage de filles et de garçons dans chaque enseignement. Si vous ne voyez pas l’infographie dans son intégralité, cliquez ici pour l’ouvrir dans une nouvelle fenêtre.
"on peut s’attendre à ce que le choix soit encore plus genré"
Pour Philippe Vincent, secrétaire général du SNPDEN-Unsa, ces données sont un "constat d’échec". "On n’arrive pas à infléchir le choix des filles dans la préparation aux carrières scientifiques alors qu’il y a eu plusieurs actions entreprises pour promouvoir leur intégration, explique le représentant des chefs d’établissement de l’Éducation nationale. Il y a une marge de progrès indéniable."
Marie Duru-Bellat, professeure émérite en sociologie et spécialiste des questions d’éducation, s’inquiète de son côté de ces premières données. "Dans l’ancien bac, les filles faisaient S parce qu’elles étaient de bonnes élèves, mais elles s’orientaient moins vers les sciences" dans le supérieur. "Aujourd’hui, poursuit la sociologue, on leur demande d’anticiper leur carrière professionnelle et l’on peut s’attendre à ce que leur choix soit encore plus genré."
quelle répartition dans les ANCIENNES SÉRIES DE BAC ?
La donne a-t-elle beaucoup changé par rapport au bac précédent ? Afin de donner un ordre de grandeur approchant la situation des anciennes séries de bac, nous avons aggloméré les principaux duos de spécialités, dits "doublettes", relevant soit exclusivement des sciences dures (2), soit comprenant des sciences économiques et
Si l’on compare cet état des lieux avec la répartition dans les anciennes séries, il apparaît qu’entre 2010 et 2019, la part de filles parmi les élèves en série scientifique évoluait entre 45,2 % et 47,4 %, quand en 2021 elle est de 46 %. La proportion, si elle s’est légèrement accentuée en faveur des filles, est donc relativement similaire.
En série ES, la part des filles a peu varié en une décennie, passant de 61 % à 60 %. En 2021, elle est de 61 % dans les doublettes comprenant des SES : la proportion est ici aussi relativement similaire à celle de l’ancien bac.
En série littéraire, la part des filles a très peu varié en une décennie : 79 %. La comparaison avec le nouveau système est moins aisée pour la série L, du fait que les duos de matières comprenant LLCER ne permettent de repérer que très imparfaitement les élèves assimilables à l’ancien bac littéraire. Il apparaît que les 3 doublettes analysées attirent 75 % des filles, soit 4 points de moins que dans les anciennes séries L. De même, les garçons représentent près de 5 points de plus en 2021 en LLCER dans le système issu de la réforme que dans l’ancien bac L.
Dans l’ensemble, il semble que les écarts de choix de matières entre les garçons et les filles, les premiers se tournant davantage vers les sciences dures, tandis que les dernières optent plutôt pour les SHS, à l’exception des SVT, n’ont pas été bouleversés par le nouveau bac.
Joint par AEF info, Pierre Mathiot, auteur du rapport "Un nouveau baccalauréat pour construire le lycée des possibles" et cheville ouvrière de la réforme (lire sur AEF info), n’est "pas si étonné que cela par les chiffres", car pour lui, "on ne change pas une société par décret". Selon le directeur de l’IEP lillois et copilote du comité de suivi de la réforme, "il y a un travail à mener qui n’a pas été suffisamment fait à ce stade", notamment au niveau des "messages qui ne passent pas suffisamment auprès des garçons et des filles". Qui s’ajoutent aux "difficultés de mise en œuvre techniques" liées notamment à la pandémie.
Voici une sélection des brèves fonction publique de la semaine du 29 mai 2023 :
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Ana Lutzky,
journaliste