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"Pour l’instant, il n’y a pas, dans l’Éducation nationale, une culture partagée et unanime de l’encadrement", déclare à AEF info le 26 novembre 2020, Lionel Tarlet, IGÉSR et secrétaire général de l’atelier "encadrement" du "Grenelle de l’éducation". Le métier de cadre s’avère "peu attractif" car il est "mal connu", se heurte encore à "une image parfois négative" et souffre d’un cloisonnement de grades qui restreint l’accès à ces postes. Au-delà de mesures visant à accroître l’attractivité de ce métier, les membres de l’atelier
Lionel Tarlet, IGESR Droits réservés - DR
AEF info : Vous avez animé deux réunions de l’atelier "encadrement" du Grenelle de l’éducation. Comment abordez-vous ce sujet ?
Lionel Tarlet : Pour l’instant, il n’y a pas, dans l’Éducation nationale, une culture partagée et unanime de l’encadrement, même si on note des évolutions. Ce qui me frappe, dans l’atelier, c'est qu’on peut désormais parler de "management" ou de "leadership" sans que ces expressions soient considérées comme des gros mots !
On ne peut envisager l’acte d’enseigner sans les fonctions d’encadrement, parce que tout enseignant doit pouvoir aspirer à exercer un jour des responsabilités dans l’encadrement. L’efficacité de l’école tient à la fois de l’évaluation de l’acte pédagogique et de l’encouragement des initiatives. Pourtant, de nombreux personnels (enseignants, CPE, etc.) hésitent ou ne souhaitent pas franchir le pas pour devenir cadres.
AEF info : Pour quelles raisons le métier de cadre (personnel de direction, personnel d’inspection ou cadre administratif) est-il peu attractif ?
Lionel Tarlet : Un enseignant qui devient cadre doit réaliser une conversion professionnelle, qui peut être une conversion identitaire difficile et on se heurte encore à des représentations fondées sur une image négative du chef : "celui qui est passé de l’autre côté".
Les missions de cadre de proximité sont par ailleurs souvent méconnues et le cloisonnement des grades restreint aussi l’accès à l’encadrement. La porosité est faible par exemple entre le premier et le second degré, ou entre le champ pédagogique et l’administratif. La charge de travail et la crainte de délaisser les missions pédagogiques au profit de l’administratif peuvent également freiner les candidats aux postes d’encadrement.
En outre, la mobilité géographique imposée pour les cadres peut avoir pour corollaire de nombreuses contraintes, comme la difficulté familiale ou une perte de pouvoir d’achat. L’absence d’accompagnement des conjoints dans cette mobilité constitue par exemple une lacune, qui a été soulevée dans l’atelier.
AEF info : Quels sont les autres freins ?
Lionel Tarlet : Les personnels ont l’impression d’une irréversibilité dans les décisions prises une fois qu’un personnel accepte une fonction d’encadrement. Il devrait pourtant être possible que, dans un parcours d’évolution professionnelle, la courbe soit irrégulière ou discontinue, pourvu qu’elle soit ascendante. Or les ruptures de continuité sont encore peu acceptées dans l’Éducation nationale.
"Il faut encourager la diversité des profils de cadres."
Notre atelier proposera des mesures pour faciliter ce passage vers des postes d’encadrement et franchir ainsi le Rubicon. Nous devrons progresser sur l’attractivité des métiers d’encadrement - qui sont mal connus - et sur la fluidité des carrières pour les personnels. Le métier de cadre est perçu comme un corps de débouché, or, il faudrait travailler sur des possibilités de 3e ou 4e carrière qui suivraient cette étape, vers d’autres ministères ou vers l’étranger par exemple. Nous avons encore au moins deux réunions pour élaborer des propositions concrètes sur tous ces aspects.
AEF info : Comment améliorer l’accompagnement des personnels enseignants pour recruter de nouveaux cadres ?
Lionel Tarlet : L’enjeu est de mieux acculturer les enseignants aux fonctions de management. Les fonctions d’encadrement pourraient par exemple être abordées dans leur formation continue. Lors de l’atelier, nous avons évoqué le cas intéressant de Singapour qui a déployé le Leaders in Education, dans lequel la préparation à l’exercice d’un métier de cadre constitue un élément clé de la formation des enseignants.
Il faut aussi progresser sur le repérage de viviers de cadres. C’est ce que font d’ailleurs les académies qui expérimentent les "missions académiques de l’encadrement" qui repèrent les cadres potentiels et les accompagnent (lire sur AEF info).
AEF info : La question des compétences minimales et de la formation des cadres, qui n’est pas toujours organisée, a été abordée par les membres de l’atelier. Qu’en ressort-il ?
Lionel Tarlet : Nous avons en effet discuté de la tension entre les compétences pédagogiques et les autres compétences transversales (animation d’équipes, sens du dialogue social, coopération, conduite de projets, etc.) pour un cadre. On a tendance à dire que le pilotage doit être pédagogique pour pouvoir encourager les professeurs à donner le meilleur et faire réussir les élèves. Le profil serait donc plutôt un pédagogue mais est-ce qu’un attaché administration ne serait pas aussi légitime ? Et un gendarme pour occuper un poste de chef d’établissement ? Ce sont de vrais débats, mais je crois qu’il faut encourager la diversité des profils de cadres.
Actuellement, il y a trois voies d’accès pour prendre des fonctions d’encadrement : le concours, le détachement ou la liste d’aptitude. Il faudrait sûrement clarifier ces différentes voies d’accès pour que les candidats aient une meilleure visibilité sur ces métiers d’encadrement. On voit par exemple que certains chefs d’établissement "faisant fonction" échouent au concours des personnels de direction, or, ils ont sûrement des compétences à valoriser sur leur expérience. Il va falloir résoudre la discordance entre les compétences acquises et le concours.
L’Ucanss et les caisses nationales de sécurité sociale lancent en ce mois de janvier la première campagne de recrutement de la Sécurité sociale, annoncent-elles dans un communiqué vendredi 15 janvier 2021. La Sécurité sociale compte ainsi recruter 10 000 personnes dans ses différentes branches sur près de 80 métiers différents, et dans toute la France. À travers cette campagne, baptisée "Je suis ce que je fais", elle "a voulu valoriser l’engagement de ses collaborateurs, notamment celui démontré pendant la crise sanitaire, pour attirer des candidats", indique-t-elle.
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Cécile Olivier,
journaliste