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Avec la période de confinement et de déconfinement, les services de l’Éducation nationale "ont franchi un cap sur la gestion de crise", estime Katia Béguin, rectrice d’Orléans-Tours, dans une interview à AEF info, début octobre 2020. "Nous en ressortons peut-être un peu plus solide", ajoute celle qui préside également la conférence des recteurs. Selon Katia Béguin, "cette période a démontré à quel point les professeurs se démenaient pour accomplir leurs tâches", démontrant "le sens du service public". La rectrice se satisfait également que la mise en œuvre du "grand oral" au lycée va "permettre de travailler la prise de parole, l’aisance à l’oral étant déterminante". Katia Béguin explique aussi que l’académie "croule sous les demandes" des personnels dans le cadre de la GRH de proximité, "ce qui démontre que les personnels sont intéressés par l’évolution de leur carrière".
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Katia Béguin, rectrice de l'académie d'Orléans-Tours Académie d'Orléans-Tours
AEF info : Quel bilan faites-vous de ces premières semaines de reprise de l’école ?
Katia Béguin : La rentrée a été réussie. Il y avait, chez les élèves et les professeurs, un désir et un besoin de se retrouver dans les lieux habituels d’enseignement. Les protocoles sanitaires sont exigeants et il faut remercier tous les acteurs pour leur mise en œuvre, pour leur vigilance de chaque instant, et leur sens des responsabilités.
Dans le premier et le second degré, les professeurs ont fait un travail essentiel de repérage des lacunes éventuelles, pour y remédier par un accompagnement approprié, personnalisé, afin que les élèves reprennent confiance en eux et progressent dans les apprentissages.
Dans la continuité des "Vacances apprenantes", les dispositifs destinés à combattre les inégalités tels que "Devoirs faits" au collège, ont été très largement déployés.
AEF info : Quel est votre état d’esprit pour cette année qui commence, avec ce contexte sanitaire et social ?
Katia Béguin : Nous sommes dans une période extrêmement stimulante, en dépit des circonstances épidémiques auxquelles nous faisons face. Je pense tout d’abord au fait que les personnels de jeunesse et sport rejoignent le ministère de l’Éducation nationale. C’est très positif car, depuis le confinement, ce sont eux qui prennent le relais, par exemple, pour l’accueil des enfants de soignants pendant les week-ends et les vacances.
Ils ont également participé aux "Vacances apprenantes". Il y a beaucoup de travail en commun et le sport peut apporter énormément, notamment sur le plan des valeurs et pour la lutte contre les inégalités de réussite et de destin.
Puis, nous continuons la mise en œuvre de la réforme de la voie professionnelle avec la préparation des élèves au chef-d’œuvre et des campus des métiers et des qualifications qui mettent en valeur, dans notre académie, le tourisme vert et patrimonial (lire sur AEF info), et la réforme du lycée GT, avec notamment la mise en œuvre du grand oral. L’oral, si on ne le travaille pas, est un exercice très inégalitaire. Le grand oral permet justement de le travailler, ce qui est utile également pour les études post-bac.
AEF info : Toutefois, aucun horaire n’est fléché directement pour la préparation de cette épreuve (lire sur AEF info). Comment être certain qu’elle sera bien travaillée en amont ?
Katia Béguin : La préparation du grand oral va se fonder sur les enseignements de spécialité. Il va être travaillé. Nous entamons en outre des journées de formations pour les professeurs, au cours d’un grand séminaire académique.
66 collèges de notre académie expérimentent aussi l’éloquence en troisième, au rythme de 30 minutes par semaine, en faisant intervenir des avocats, des comédiens. L’aisance à l’oral est déterminante, il faut accompagner la prise de parole.
AEF info : Où en est la mise en place de la GRH de proximité (cf. encadré bas) ?
Katia Béguin : Nous croulons sous les demandes et c’est bon signe, cela confirme que les personnels sont intéressés par l’évolution de leur carrière. Nous devons alors leur démontrer qu’en devenant enseignants, ils n’entrent pas nécessairement dans un tunnel de 42 ans d’une carrière linéaire.
Il faut personnaliser l’accompagnement et aider les personnels à repérer leurs possibilités d’évolution, que ça corresponde à des envies. Un enseignant peut devenir inspecteur, chef d’établissement… Il y a des perspectives, mais il faut les repérer.
Par ailleurs, l’académie expérimente une mission académique de l’encadrement (lire sur AEF info). L’objectif est de constituer des viviers de talents pour des parcours professionnels menant à des emplois de haute responsabilité.
AEF info : Vous êtes présidente de la conférence des recteurs (lire sur AEF info). Que retenez-vous, vous et vos collègues rectrices et recteurs, de la période de confinement et du déconfinement en termes de pilotage ?
Katia Béguin : Comme pour tout le monde, cette période a nécessité une grande capacité d’adaptation et de résilience en gardant à l’esprit l’objectif principal : garantir l’éducation à tous les enfants.
Nous avons franchi un cap sur la gestion de crise, nous sommes devenus réactifs, nous savons que nous devons être en soutien de tous les acteurs de terrain. Nous en ressortons peut-être un peu plus solides et avec une expérience qui a servi pour la rentrée de septembre.
En outre, aussi complexe qu’elle a pu être, cette période a démontré à quel point les professeurs ont eu à cœur d’accomplir leurs tâches. Toutes les forces se sont conjuguées pour aider les élèves : enseignants, personnels de directions, CPE, PsyEN…
Nous avons pu sentir à quel point l’école était centrale dans la société. Des parents nous remercient encore et, à travers nous, l’Institution et les enseignants, qui ont montré le sens du service public. Il y a un sentiment de fierté.
Six conseillers RH de proximité officient dans l’académie d’Orléans-Tours (un par département), ainsi qu’un coordonnateur RH au rectorat. Ces conseillers ont tous suivi une formation à l’IH2EF ainsi qu’une formation interministérielle sur les RH. 2 conseillers sont d’anciens attachés, un est un ex-ITRF, un ex-principal de collège, un ancien conseiller formation continue et un professeur des écoles en disposition.
En 2019-2020, 1 024 entretiens individuels ont été réalisés (600 l’année précédente). Le nombre de demandes varie du simple au triple selon les départements, correspondant à la démographie. Les professeurs des écoles sont surreprésentés chez les personnels reçus (47 %), suivis par les enseignants du 2nd degré (34 %) et les IATSS (10 %). Les quadragénaires sont les plus nombreux. Les motifs d’une demande de rendez-vous avec le conseiller RH de proximité sont :
Dans un courrier du 17 septembre envoyé aux AED que publie le Snes-FSU d’Orléans-Tours, Katia Béguin, la rectrice, assure que, "puisque les brassages inhérents à vos activités ne peuvent guère être limités, c’est votre sens civique et des responsabilités qui permettra de freiner la propagation du virus". Le Snes "dénonce avec la plus grande fermeté" ce courrier, qui est un "un sec rappel bien peu propice à susciter une réelle adhésion". Le syndicat pointe de son côté la "responsabilité" du MEN qui, "alors que des mesures de renforcement sanitaire sont prises partout, allège le protocole sanitaire dans les établissements scolaires et met en danger les personnels". Le Snes regrette en outre "qu’aucun recrutement d’AED n’ait eu lieu ni au niveau national, ni au niveau académique, depuis le début du quinquennat alors que les effectifs augmentent dans le 2nd degré".
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Erwin Canard,
journaliste