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Tous les étudiants n’ont pas encore fait leur rentrée mais le coronavirus, lui, est déjà bien présent sur les campus. De nombreux établissements sont confrontés depuis début septembre au signalement de "cas positifs" ou de "cas contacts", les contaminations ayant eu lieu en vacances ou lors de soirées festives. L’université de Nantes a ainsi recommandé à 500 étudiants en médecine de s’isoler, tandis que l’Icam de Toulouse a basculé en partie en télé-enseignement. Comment les universités et les écoles s’organisent-elles pour faire face à cette menace d’un nouveau genre ? Comment travaillent-elles avec les ARS pour décliner la stratégie nationale "tester, tracer, isoler" ? Quels messages portent-elles auprès de leurs étudiants pour éviter de perdre le contrôle de l’épidémie ? De Lille à Poitiers, en passant par La Rochelle, AEF info donne la parole à ceux qui sont en première ligne.
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Centre de dépistage du Covid-19, dans le centre-ville de Nantes. Droits réservés - DR - © Ouest-France/Franck Dubray
Patrick Goldstein, chef des urgences du CHU de Lille, doit assurer la conférence inaugurale de Sciences Po Lille ce vendredi 11 septembre. Son sujet : comment faire face à l'épidémie de Covid-19. L'urgentiste n'aura pas à chercher très loin des exemples concrets puisque l'Institut d'études politiques est confronté depuis quelques jours à ses premiers cas de contaminations. Deux étudiants ont été testés positifs après avoir participé à des soirées festives dans des appartements privés. Une cinquantaine de leurs camarades sont considérés comme "cas contacts" et ont été testés.
"On est encore en phase de prérentrée, cela arrive plus tôt que ce qu'on pensait", soupire le directeur de Sciences Po Lille, Pierre Mathiot, joint par AEF info en début de semaine. "Nous nous étions organisés pour faire face de façon théorique à cette situation. Mais c’est comme quand on crève un pneu : c’est en étant confronté au problème qu’on se pose vraiment la question de la manière dont on le remplace !"
Le directeur a ainsi expérimenté le week-end dernier l’efficacité du dispositif sanitaire. Si le rectorat s’est montré très réactif, l’agence régionale de santé a été difficile à joindre… "Le vendredi soir, j’ai eu un répondeur qui me renvoyait vers une adresse mail. Et j’ai reçu 36 heures après une réponse me disant que la boîte mail était saturée et que je devais… téléphoner", raconte Pierre Mathiot. Faisant jouer ses réseaux personnels, il a préféré contacter directement le CHU de Lille, pour éviter que l’angoisse ne monte chez les étudiants et pour freiner la propagation du coronavirus.
Une multiplication des contaminations
La reprise de l’épidémie, particulièrement forte chez les 15-25 ans, oblige les universités et les écoles à se mettre en ordre de bataille avant même que la rentrée soit terminée. Avec un seul objectif : éviter de transformer leurs campus en clusters. L’université de Nantes, après la confirmation de 9 cas positifs chez des étudiants de 2e et 3e années de médecine, a demandé aux étudiants positifs et à ceux qui pensaient avoir été en contact avec l'un d'entre eux de rester chez eux. Les cours sont proposés à distance pendant deux semaines. Même topo à l’Icam de Toulouse, qui a demandé à ses élèves de première et deuxième années de basculer en télé-enseignement, après la découverte de 15 cas positifs. L’Icam a aussi dû confiner une résidence, en attendant le résultat d’un dépistage collectif : 11 des 15 étudiants contaminés y vivent en colocation.
Autre exemple, l’université de Bordeaux, conseillée par l’ARS, a demandé à une dizaine d’étudiants de se placer à l’isolement. "C’est normal d’avoir des cas dans un établissement de 55 000 personnes et alors que la Gironde est classée en zone rouge", note la directrice de cabinet du président, Annabelle Ouvrard-Milon.
L’université de Poitiers pourrait de son côté fermer provisoirement une formation dans son IUT de Châtellerault (Vienne), à la suite de la découverte de six cas positifs ou cas-contacts. "C’est normal qu’il y ait des cas positifs", dit aussi son président, Yves Jean, joint par AEF info le 9 septembre. "Et il y en aura d’autres, malgré les consignes sanitaires au sein des universités : nos étudiants covoiturent ensemble, prennent un verre après les cours…"
Les universités et les écoles peuvent être averties de la présence de cas positifs ou de cas contacts dans leurs rangs par leur ARS, elles-mêmes renseignées par la base de données nationale des CPAM. Mais la plupart du temps, elles sont informées par les étudiants eux-mêmes. "Nous incitons les personnes à se signaler, dans une démarche citoyenne, et ça marche plutôt bien", confirme Christine Blanc, conseillère prévention et référente Covid d’Aix Marseille université, jointe mardi 8 septembre.
Des soirées à haut risque
Après avoir isolé les étudiants positifs, les établissements prennent souvent l’initiative d’identifier les "cas contacts" sans attendre l’intervention de l’ARS. "Nous commençons nous-mêmes le contact tracing pour éviter de perdre une semaine", explique Didier Gosset, délégué aux affaires sanitaires à l’université de Lille, qui constate que les services de l’ARS sont "totalement saturés". Le but est d’éviter des contaminations en chaîne. C’est une course de vitesse, qui demande de mobiliser du personnel. Un "travail très lourd", souligne Yves Jean, président de l’université de Poitiers, qui estime lui aussi que l’ARS dont il dépend est "débordée".
Les mesures prises sur les campus ne suffisent donc pas ? "Si le masque est porté partout sur le campus, et correctement porté, il y a 0 % de risque de contamination", répond Didier Gosset. "Ce n’est pas là que sont les risques, mais quand des étudiants discutent dans un coin en relâchant le masque ou lorsqu’ils partagent une cigarette à l’extérieur. La restauration représente aussi un risque – même si les Crous ont fait un énorme travail – tout comme la vie dans certaines résidences, avec des sanitaires communs par exemple. Enfin, il y a le problème des soirées estudiantines : cette année plus que toute autre, il faut éviter les fêtes et les intégrations sauvages", recommande l’ancien doyen de la faculté de médecine de Lille.
Éviter les fêtes ? Conscients d’être moins sujets aux complications en cas de contamination, les étudiants ont du mal à faire une croix sur ces occasions de rencontres, surtout lorsqu’ils débarquent dans une nouvelle ville. Alors, ils continuent à se réunir, souvent sans respecter les gestes barrière. La semaine dernière, une étudiante de première année a été testée positive au Covid-19 à l’IAE d’Aix-Marseille, deux jours après avoir participé à une soirée organisée par le BDE dans le centre-ville d’Aix-en-Provence. Résultat, sur 80 étudiants présents, 19 ont été placés à l’isolement et suivent leurs cours à distance.
Autre exemple, à l’université de La Rochelle, dans un département encore en "vert" sur la carte des contaminations, une dizaine d’étudiants ont été empêchés de faire leur rentrée parce qu’ils sont "cas contacts" ou "positifs", après des réunions familiales ou amicales. "Les rentrées sont toujours des moments festifs mais nous essayons de sensibiliser les étudiants et de réfléchir à des alternatives avec les BDE pour éviter les brassages", explique Jean-Michel Carroza, vice-président CFVU joint le 8 septembre. Aucun événement festif n’est autorisé sur le campus rochelais. Mais pour ne pas se transformer en fac morte, l’université a maintenu à la rentrée son "village des services" – en extérieur, avec des stands espacés et un sens de circulation.
La carte de la prévention
"Je comprends que nos étudiants attendent des interactions sociales mais vu le contexte, il faut faire extrêmement attention", rappelle Pierre Mathiot, à Sciences Po Lille. "Nous allons monter de deux crans dans notre appel à la responsabilité, en évoquant le risque qu’ils font courir à leurs camarades vulnérables et à leurs proches, parents et grands-parents. Le Covid, ce n’est pas une menace fantôme !"
Pour éviter d’être débordés, les établissements misent tous sur le rappel incessant des gestes barrière et sur la prévention. Ainsi, La Rochelle université a décidé de proposer avec l’ARS une formation sur les questions sanitaires aux 160 "mentors" recrutés avec l’Afev pour accompagner les L1 dans leurs démarches d’orientation. L’université de Lille va elle aussi former des étudiants "médiateurs", en commençant par la faculté de droit, chargés de "faire de la pédagogie". Et un peu partout, des tests collectifs de dépistage vont être organisés régulièrement, pour montrer que l’épidémie est toujours là.
Une rentrée "morose"
"L’épidémie n’est pas aussi aiguë qu’en février mais elle est plus larvée. Nous sommes partis pour plusieurs mois de combat, voire plusieurs années, tant qu’on n’aura pas de vaccin", résume Didier Gosset. Le retour des étudiants ne ressemble pas à cette grande fête de retrouvailles dont beaucoup rêvaient pendant le confinement… L’arsenal de mesures à respecter et l’angoisse sous-jacente de la contamination créent un climat "morose" sur les campus.
À La Rochelle, une enseignante a pris l’initiative de renvoyer une trentaine d’étudiants chez eux, après avoir été informée pendant son cours qu’ils avaient été en contact avec une étudiante testée positive. Or, tous n’étaient pas à risque : la mesure d’éviction était disproportionnée. L’université doit aussi répondre à une dizaine d’étudiants qui demandent à bénéficier d’un télé-enseignement, alors qu’ils ne sont pas contaminés. "Leur malaise témoigne d’une difficulté à sortir du confinement", estime, compréhensif, Jean-Michel Carozza. Ils se sont vus proposer un accompagnement psychologique et pourront suivre une partie de leurs cours à distance.
À l’université de Poitiers aussi, Yves Jean se montre préoccupé par le "discours anxiogène ambiant qui entraîne repli sur soi et clivages". Le président juge que "la communauté universitaire ne s’est pas vraiment ni retrouvée, ni recréée". "Les enseignants viennent a minima : ils donnent leur cours puis repartent", relate-t-il. "Dans les laboratoires, des collègues appréhendent de se retrouver à plusieurs quand un membre de l’équipe est testé positif à la Covid-19. Pourtant, dans les sciences fondamentales, en biologie, en chimie…, les collectifs de travail sont essentiels. Et nous sommes en peine pour les rassurer car nous n’avons pas d’horizon à leur proposer pour un retour à la normale".
"Le suivi de l'état médical de nos étudiants ou de nos personnels ne relève pas de nos compétences", déclare Olivier Laboux, vice-président de la CPU, à l’occasion d’un point presse le 10 septembre 2020. "Il ne faut pas s’approprier les responsabilités médicales, cela peut-être dangereux. On ne doit en aucun cas demander un certificat médical par exemple pour le retour d’un étudiant déclaré positif au Covid-19. Nous ne sommes pas non plus fondés à transmettre la qualité de malade d’une personne à nos partenaires comme le Crous. Tout comme nous ne sommes pas décisionnaires quant à l'obligation de se faire dépister. Cela relève de la seule ARS."
Qu'est-il prévu pour les étudiants placés en quatorzaine ? Doivent-ils se débrouiller pour récupérer les cours ? Pour Gilles Roussel, "le fait de passer d’une situation à une autre est imprévisible. Il y a un travail à faire avec les composantes pour s’adapter au fur et à mesure. L’intérêt de l’hybride est de pouvoir raccrocher un certain nombre d’étudiants. Nous aurons aussi le cas inverse d’un enseignant porteur ou ayant des enfants porteurs : il faudra donc mettre en place ce type de mesure."
Le tribunal judiciaire de Versailles juge le 30 mai 2023 que lorsque les effectifs de l’entreprise tombent sous le seuil de 50 salariés pendant moins de 12 mois avant le renouvellement du CSE, ce dernier conserve les attributions du CSE prévu pour les entreprises d’au moins 50 salariés. Ce n’est que si l’effectif reste inférieur à 50 salariés pendant 12 mois consécutifs qu’il doit exercer les attributions d’un "CSE d’une entreprise de moins de 50 salariés".
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Sabine Andrieu,
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