En plus des cookies strictement nécessaires au fonctionnement du site, le groupe AEF info et ses partenaires utilisent des cookies ou des technologies similaires nécessitant votre consentement.
Avant de continuer votre navigation sur ce site, nous vous proposons de choisir les fonctionnalités dont vous souhaitez bénéficier ou non :
Avec une session du baccalauréat marquée par un taux de réussite de 91,5 % avant rattrapage, ce sont environ 35 000 néobacheliers supplémentaires qui pourraient entrer à l’université en septembre, estime la CPU lors d’une conférence de presse le 9 juillet 2020. Elle réclame 150 à 300 M€ supplémentaires pour faire face à cet afflux, précisant toutefois que "l’argent ne fera pas tout", les limites étant aussi bâtimentaires et en ressources enseignantes. Elle appelle à dépasser d’urgence la discussion annuelle sur le nombre de places et à mener une "réflexion globale" et "pluriannuelle".
Cette dépêche est en accès libre.
Retrouvez tous nos contenus sur la même thématique.
Guillaume Gellé, président de la commission formation de la CPU, lors d'une conférence de presse de la CPU le 9 juillet en visio Droits réservés - DR
"Notre message aujourd’hui, c’est qu’il faut une loi de programmation pluriannuelle de l’enseignement supérieur", déclare Gilles Roussel, président de la CPU, lors d’une conférence de presse le 9 juillet 2020. Vu la situation attendue à la rentrée, la CPU juge urgent d’en finir avec les discussions de "rapiéçage" sur le nombre de places dans chaque établissement, au profit d’une vision pluriannuelle permettant aux universités d’avoir des marges de manœuvre. Cette revendication qui n’est pas nouvelle trouve un écho particulièrement fort en cette rentrée en raison des conséquences de la crise sanitaire due au coronavirus.
Plus d’étudiants à l’université
En effet, alors que depuis quelques années, ce sont entre 15 000 et 20 000 nouveaux bacheliers qui sont accueillis à l’université à chaque rentrée, la CPU chiffre à environ 35 000 ceux qui iront à l’université en septembre prochain. Avec 91,5 % de réussite au baccalauréat avant rattrapage, ce sont 100 000 nouveaux bacheliers qui sont attendus dans l’enseignement supérieur.
Des places ne seront-elles pas libérées par le fait que le taux de réussite en L1 a lui aussi augmenté du fait de la bienveillance des jurys – de 25 % dans certaines formations selon la CPU – et qu’il y aura donc moins de redoublants ? "Cela va libérer des places en L1 mais la pression va s’exercer sur tous les niveaux, et cela peut poser problème lors du passage en master par exemple", répond Guillaume Gellé, président de l’université de Reims et président de la commission formation de la CPU.
Il ajoute qu' "en temps de crise, il y a un phénomène d’allongement des études : ceux qui pensaient travailler, comme les bacheliers professionnels, rencontrent des difficultés d’insertion professionnelle (lire sur AEF info) et prolongent leurs études. Il y aura aussi un phénomène de reprise d’études. Tout cela risque de demander des efforts aux universités, d’où le besoin d’une réflexion globale sur les places et les moyens accordés."
Besoin de moyens pérennes
"Depuis Parcoursup, la logique est de créer des places de manière ponctuelle, chaque année. Or, la crise du Covid-19 nous a montré que nous sommes arrivés au bout de ce système", déclare Guillaume Gellé. Interrogée sur le chiffrage des moyens nécessaires pour faire face à cet afflux, la CPU évoque une fourchette basse de 150 M€ (en se basant sur un coût de la formation de 4 000 euros par étudiant) et une fourchette haute de 350 M€ (en se basant sur la dépense par étudiant qui est de 10 000 à 12 000 euros).
"Mais même avec cet argent, la situation ne serait pas réglée. Car c’est sans compter sur les problèmes de locaux et de ressources humaines enseignantes", prévient Guillaume Gellé. "Il y a des secteurs comme l’économie-gestion dans lesquels nous n’arrivons déjà plus à recruter d’Ater ou d’enseignants contractuels. Et en Staps nous nous heurtons à des problèmes d’infrastructures. Nous sommes arrivés à la limite du système. Il faut des moyens pérennes."
Gilles Roussel ajoute qu’il "ne faut pas croire que c’est le numérique qui va permettre d’absorber tous ces étudiants", d’autant plus si les normes sanitaires en vigueur à la rentrée ne permettent pas d’accueillir tout le monde. Il insiste en outre sur l’importance de faire revenir les étudiants sur les campus afin de s’assurer de l’égalité d’accès à Internet, même si devait se mettre en place un enseignement hybride.
Avoir plus de bacheliers signifie-t-il avoir plus d’embouteillages dans Parcoursup alors que la veille, 87 % des candidats lycéens avaient reçu une proposition d’admission ? Difficile de prévoir alors que les candidats ont tendance à garder des vœux en attente, estime la CPU. "Il y a aussi un engorgement lié à la crise : les étudiants de Paces, qui sont parfois candidats en réorientation, ont passé tardivement leurs examens et gardent des places en attente. Cela devrait se régulariser dans le temps", explique Guillaume Gellé. Pour l’instant 6 300 candidats ont saisi une CAAES.
Quels dispositifs d’accueil pour les néobacheliers ?
Concernant l’accueil de ces primo-entrants, qui pour certains auront passé plusieurs mois sans enseignement, les universités prévoient des dispositifs de soutien spécifiques. "Depuis la loi ORE, les universités disposent d’une panoplie de dispositifs pour accompagner les étudiants en 'oui si' ", rappelle le président de la commission formation. "Mais il ne faut pas faire d’amalgame. Les dispositifs de remédiation devront être élargis pour accueillir davantage d’étudiants. Et il nous faudra beaucoup plus personnaliser l’accompagnement car tous les lycéens n’auront pas vécu la même chose. Mais là encore se pose la question des moyens." Il ajoute une autre problématique : celle des jobs étudiants qui risquent de se faire plus rares. "Il va sans doute nous falloir en offrir plus nous-mêmes, universités."
Invitée à réagir à la récente décision du Conseil d’État validant l’arrêté gouvernemental sur les droits différenciés pour les étudiants extracommunautaires, la CPU répond que les universités étaient "en position d’attente" et qu’elles vont bien entendu appliquer la loi. "Nous devrions encore cette année pouvoir exonérer tous les étudiants étrangers dans la limite des 10 % autorisés par les textes, mais le problème se posera l’année suivante", détaille Mohamed Amara, président de l’UPPA et de la commission des relations internationales de la CPU. "Une des options pourrait être de ne faire payer que les étudiants de licence et d’exonérer les étudiants inscrits en master. Nous resterions sous la barre des 10 %."
Interrogé sur la stratégie de l’université d’Orléans de faire voter un moratoire sur l’augmentation des droits par son CA, Mohamed Amara décrypte : "Il s’agit d’un simple rétropédalage, l’université d’Orléans ayant, contrairement à la grande majorité des universités, voté l’augmentation des droits en décembre dernier."
Vous souhaitez contacter
Malika Butzbach,
journaliste