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Comment organiser la rentrée 2020, alors que la nouvelle version de la circulaire ministérielle sur les conditions sanitaires est toujours en attente ? Pour Arnaud Fontanet, épidémiologiste à l’Institut Pasteur et membre du conseil scientifique Covid-19, plutôt que de définir des règles immuables, les établissements doivent faire preuve de "bon sens" pour gérer chaque situation particulière. Ils doivent avant tout comprendre les principes de transmission du virus pour adapter leurs mesures, détaille-t-il lors d’un webinaire organisé par AEF info le 2 juillet 2020.
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AEF info Live avec l'épidémiologiste Arnaud Fontanet sur les conditions de la rentrée universitaire from AEF info on Vimeo.
"Vous aurez des décisions à prendre et c’est votre bon sens qui va prendre le pas sur les directives ministérielles qui ne s’appliqueront pas aux cas particuliers", affirme Arnaud Fontanet, épidémiologiste à l’Institut Pasteur et membre du conseil scientifique Covid-19 et du comité européen sur ce virus, lors d’un webinaire organisé par AEF info sur les conditions sanitaires pour la rentrée universitaire, le 2 juillet 2020.
Dans ce contexte incertain, comment préparer la rentrée 2020 (lire sur AEF info) ? Comment éviter l’apparition de clusters sur les campus ? Il ne faut pas seulement penser aux règles sanitaires "car moi-même, j’ai beaucoup d’incertitudes sur ce qu’il faut faire", insiste-t-il. Les établissements devront donc se montrer "flexibles" et prudents en remplissant les amphithéâtres à moitié, en limitant les rassemblements, en faisant "au maximum" de l’enseignement hybride… Mais si la situation se dégrade, ils devront être prêts à repasser entièrement en distanciel.
Comprendre les principes de transmission du virus
Selon Arnaud Fontanet, les universités et grandes écoles doivent surtout comprendre les principes de transmission du virus et la dynamique de l’épidémie. Car pour l’épidémiologiste, ce nouveau coronavirus pourrait de nouveau circuler de manière intensive au mois d’octobre ou novembre. "Le virus est transmis par voies respiratoires, et contrairement à d’autres virus, il est logé dans la gorge. […] Les concentrations virales sont plus importantes que celles retrouvées par exemple pour le coronavirus SARS. La transmission ne se fait donc pas uniquement en toussant mais aussi en parlant, avec l’émission de particules virales contagieuses", expose-t-il.
Par conséquent, il faut adopter une distance d’un mètre entre les individus pour éviter la projection de postillons. Il faut également aérer fréquemment les pièces pour éviter les particules fines, appelées aussi "aérosols", qui restent en suspension et peuvent contenir du virus. "Dans un amphithéâtre, sans fenêtres, les étudiants devront tous porter un masque même avec la distance physique", recommande Arnaud Fontanet. "À partir du moment où le virus va recommencer à circuler, il faudra être très vigilant. La probabilité pour qu’un étudiant se retrouve dans un amphithéâtre et contamine son environnement sera plus forte. D’autant que la contamination pourra commencer avant l’apparition des symptômes", met-il en garde.
"Est-ce que les établissements doivent demander à chaque étudiant et personnel d’utiliser l’application StopCovid ?" Ce sondage, réalisé pendant le webinaire, révèle que 47 % des participants sont pour son utilisation, 25 % ont répondu non et 28 % "je ne sais pas".
"C’est un outil très simple qui peut nous aider sur la gestion de l’épidémie", pense Arnaud Fontanet. "Mais trop peu de personnes l’ont utilisé pour que cela marche. Pour l’instant, ça à l’air d’être un véritable flop. Si le virus recommence à circuler, ça peut être extrêmement utile […]. Cette application a beaucoup de sens et je ne pense pas qu’elle soit intrusive, même si on peut revoir les paramètres."
Mobiliser les étudiants
Néanmoins, selon Arnaud Fontanet, plutôt que de tout de suite établir des règles strictes, comme la prise de température systématique, il faut surtout "avoir une vigilance efficace pour que les mesures puissent être durcies dès que l’on sait que le virus recommence à circuler". L’épidémiologiste en appelle aussi à "la responsabilité des individus" qui doivent se faire dépister dès l’apparition des symptômes.
Il propose également de mobiliser les associations étudiantes et de former des "ambassadeurs" pour sensibiliser les étudiants sur les principes de transmission. Si ces derniers développent rarement des formes graves de la maladie, "le risque est surtout pour les enseignants et le personnel des établissements", ainsi que pour les proches, rappelle-t-il.
De plus, grâce à l’adhésion des étudiants, des campagnes de dépistage, qui seraient coordonnées par les ARS, pourraient être "pertinentes", estime-t-il. "Le dépistage peut se faire via le test PCR, qui indique si on est porteur du virus. Ce type de campagne pourrait vraiment être utile pour connaître les personnes infectées dans les universités et les placer en isolement."
La mobilité internationale pourra-t-elle reprendre ?
Par ailleurs, concernant la mobilité internationale entrante des étudiants, Arnaud Fontanet décrit une situation "compliquée". Si pour l’espace Schengen la situation sanitaire est assez "homogène", dans d’autres pays le virus circule encore beaucoup. "J’imagine que l’on peut bloquer les vols directs mais ce n’est pas très utile. […] On peut aussi refuser des visas ou proposer des quatorzaines volontaires à l’arrivée", anticipe-t-il.
À l’inverse, pour aller à l’étranger, il faut se demander si le virus est encore présent et si les structures sanitaires peuvent suffisamment prendre en charge les malades, recommande-t-il.
S’inspirer des standards de certains pays asiatiques
Arnaud Fontanet donne pour exemple la gestion de la crise sanitaire en Corée du Sud, au Japon, à Hong Kong (lire sur AEF info), à Singapour et à Taïwan (lire sur AEF info). "Ils ont réussi à contrôler le virus sans passer par le confinement et tous portent des masques. Ils continuent à avoir une vie sociale et économique car ils ont associé les gestes barrières avec le fait de tester, tracer et isoler les personnes positives", décrit-il.
Il conseille alors aux établissements français de s’inspirer des standards de ces pays. "Vous verrez que ce n’est pas drôle, mais ils ont réussi à continuer les cours. C’est parfois excessif mais cela peut vous donner des idées", dit-il. Et de conclure : "Nous avons vécu la crise sanitaire la plus grave depuis la grippe espagnole, il faut donc accepter que cela puisse être inconfortable. Nous ne nous en sortirons pas avec un retour à la vie normale."
Est-ce que cette crise va faire évoluer les pratiques de recherche ? "Nous sommes allés très vite dans le partage de données, pour le meilleur et pour le pire", analyse Arnaud Fontanet, avant de poursuivre : "Je suis très déçu de la médiatisation de certaines théories scientifiques qui n’étaient pas du tout consensuelles. Alors que le débat scientifique que nous avions était au contraire très bon, avec beaucoup de collaborations, de partage d’informations et avec une méthodologie très scientifique. Malheureusement, les médias n’ont pas retenu cela et nous avons perdu la confiance d’une partie de la population qui ne comprenait pas ces déchirures scientifiques." Selon lui, "certains dissidents qui avaient beaucoup de visibilité ne représentaient pas du tout les échanges et le consensus qui existaient entre les scientifiques".
L’employeur qui n’aménage pas en télétravail, conformément aux préconisations du médecin du travail, le poste occupé par un salarié déclaré inapte, n’exécute pas loyalement son obligation de reclassement dès lors que cet aménagement est compatible avec les missions réalisées par l’intéressé. Peu importe que le télétravail n’ait pas été mis en place dans l’entreprise, cette organisation du travail pouvant résulter d’un avenant au contrat de travail (aujourd’hui, d’un accord par tout moyen). C’est ce que retient la Cour de cassation dans un arrêt publié du 29 mars 2023.
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Julie Lanique,
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