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À la mi-juin, 26 universités sur les 31 ayant répondu à AEF info ont décidé de ne pas repousser la date de la rentrée 2020. La plupart estiment qu’elles délivreront entre le quart et la moitié de leurs cours à distance l’année prochaine, et une seule envisage de supprimer la "pause pédagogique" de la Toussaint. AEF info propose de tenir à jour, à partir de la semaine du 15 juin 2020, un baromètre des modalités d’organisation de la rentrée dans les établissements d’enseignement supérieur français. L’ambition de cette collecte de données est de dresser un état des lieux au temps T des principales décisions actées par les écoles et les universités en termes de calendrier, de modalités pédagogiques et de modalités d’accueil des étudiants. Après celui sur les business schools (lire sur AEF info), voici un premier panorama pour les universités.
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Après avoir contacté l’ensemble des universités, nous nous sommes basés sur les réponses apportées par les 31 premiers établissements ayant répondu à notre questionnaire à la date du 18 juin 2020. Il s’agit des universités suivantes : Aix-Marseille, Angers, Artois, Bordeaux, Bordeaux-Montaigne, Bretagne-Occidentale, Caen, Clermont, Haute-Alsace, Le Havre, La Rochelle, Le Mans, Lille, Lorraine, Nice, Dauphine, Paris-Saclay, Perpignan, Picardie, Poitiers, Reims, Rennes-I, Rennes-II, Rouen, Saint-Étienne, Strasbourg, Toulon, Toulouse-I, Toulouse-II, Tours, Université de Paris, Valenciennes (UPHF), UVSQ. Des informations concernant l’université de Nantes, reçues par communiqué, ont été ajoutées.
Contactées mi-juin, 31 universités, soit près de la moitié des universités françaises, ont répondu à AEF info sur la manière dont elles envisagent la rentrée 2020, alors que la pandémie de coronavirus leur impose de bâtir de nouveaux scénarios.
Le MESRI a diffusé une circulaire de rentrée le 11 juin dernier (lire sur AEF info) et devrait probablement assouplir les contraintes d’organisation des cours en présentiel dans une nouvelle version diffusée la semaine prochaine et qui pourrait exiger le port du masque lorsque la distance d’un mètre ne peut être respectée (lire sur AEF info).
des dates de rentrée plutôt maintenues
La plupart des répondants maintiennent la date de rentrée 2020 prévue initialement, souvent comprise entre le 1er et le 10 septembre. Paris-Saclay devrait toutefois la reporter "pour quelques parcours". Poitiers prévoit quant à elle une "rentrée filée tout au long du mois, avec reprise des cours au plus tard le 21 septembre".
Reims, Rennes-II et Toulouse-II ont en revanche choisi de décaler l’échéance : Reims prévoit d’échelonner selon les formations, misant sur une "borne universitaire avec ouverture le 31 août" et un "étalement des débuts de formation jusqu’au 21 septembre", la date de fin étant en cours d’arbitrage ; Rennes-II opte pour une rentrée "fin septembre voire début octobre", tandis que Toulouse-II, dont la date initiale de rentrée était le 21 septembre, table désormais sur le 19 octobre.
si chaque université se prépare à enseigner à distance, beaucoup favoriseront au maximum le présentiel
À l’heure de respecter les conditions sanitaires visant à éviter la contagion, plusieurs modèles pédagogiques sont en discussion :
Si une bonne dizaine d’universités n’a pour l’instant pas tranché entre les différents scénarios à l’étude (Aix-Marseille, Clermont, Angers, Dauphine, Le Havre, Lille, Rennes-I, Strasbourg, Toulon, Toulouse-I, Toulouse-II), au moins 10 universités affichent leur préférence pour le présentiel, qu’elles favoriseront au maximum : Lorraine, Caen, Nîmes, Nice, Picardie, Rouen, Tours, mais aussi Lille, Le Havre, ou Aix-Marseille qui, sans avoir arrêté de dispositif, expriment d’ores et déjà leur philosophie.
12 autres universités ont d’ores et déjà pris leurs dispositions pour une rentrée mixte ou hybride. À Bordeaux-Montaigne, les enseignements à distance se feront via la plateforme dédiée de l’établissement, consultable à tout moment ; d’autres enseignements pourront être proposés en mode comodal aux horaires correspondant à l’emploi du temps de l’étudiant. Mais ici aussi, "le souhait de l’université est de proposer le plus d’enseignements possibles en présentiel, car les équipes de formation sont convaincues de la nécessité de ce mode d’enseignement pour lutter contre le décrochage, notamment des primo-entrants".
"Pour les évaluations (contrôle continu ou partiels), le présentiel sera aussi privilégié car le constat du confinement, c’est que l’évaluation à distance est trop compliquée", souligne la VP CFVU de l’université de Poitiers, Virginie Laval. Afin d’y parvenir, les amphis seront réservés pendant 15 jours et les étudiants pourront être convoqués le samedi pour ces contrôles. Le Crous serait aussi d’accord pour mettre à disposition les locaux des RU pour ces évaluations au premier semestre. L’université a renoncé, au 1er semestre, à libérer le jeudi après-midi pour les étudiants, comme elle le faisait habituellement, afin de disposer de plus de plages horaires pour organiser les alternances de groupes d’étudiants présents sur site. L’établissement qualifie son modèle de "présentiel hybride". Cette organisation, votée en CFVU le 3 juin et présentée en CA le 12 juin, permet de dispenser un même enseignement à une partie des étudiants d’une même promotion en présentiel et l’autre partie à distance. L’établissement va fonctionner par rotation de groupes d’étudiants, plutôt sur un rythme hebdomadaire (1 cours par semaine + 1 TD d’accompagnement). Sachant que les règles sanitaires "conduisent à diviser par 3 l’occupation des amphis et par 2 celle des salles de TD".
À La Rochelle, "on part sur le principe d’une rentrée normale en présentiel mais avec masques et on organise la pédagogie pour basculer vers un enseignement hybride et comodal en cas de retour à un confinement total ou partiel, si par exemple le préfet le recommande, ou si un cluster se déclare localement", souligne son président Jean-Marc Ogier. "Ce qui donnerait pour ce scénario B - si des difficultés se font jour, donc - 25 % des effectifs accueillis en présentiel et 75 % à distance. Ces deux scénarios seront votés la semaine prochaine en CFVU."
Même chose à Nantes, où plusieurs scénarios sont en préparation : "Notre souhait et notre objectif principal est que la rentrée se déroule normalement, c’est-à-dire en présentiel, et nous ferons tout notre possible pour accueillir les étudiants physiquement sur nos campus", indique Olivier Laboux, président de l’université de Nantes, dans un communiqué daté du 16 juin 2020. "Pour autant, […] nous nous devons de garantir à nos étudiants et aux personnels les meilleures conditions sanitaires. Il nous appartient donc d’anticiper plusieurs scénarios de rentrée afin d’être prêts à faire face à toutes les situations dans le respect des consignes qui seront déterminées par l’État".
À Aix-Marseille de même, le VP formation Lionel Nicod, souligne que l’établissement a élaboré ses emplois du temps "comme si tout devait se dérouler en présentiel. Sur cette base, nous adaptons plusieurs scénarios : des cours en amphis et en salles remplis à moitié et retransmis en direct ; des TP avec port du masque obligatoire ; et des TD soit en présentiel avec l’effectif normal, soit en hybride asynchrone si la jauge doit être limitée."
À l’heure de quantifier la part de distanciel dans les enseignements, 4 universités l’évaluent à moins d’un quart des cours (Caen, La Rochelle, Nice, Le Mans), 12 établissements anticipent entre un quart et la moitié des cours (Artois, Bordeaux-Montaigne, Clermont, Lille, Lorraine, Paris-Saclay, Perpignan, Reims, Toulouse-II, Tours, UVSQ, Valenciennes), tandis que Mulhouse se projette sur plus de la moitié des cours.
"Difficile de l’estimer à ce stade", répond pour sa part Poitiers. "Cette part d’enseignement à distance sera tributaire des sites et des locaux disponibles équipés, et adaptée au sein de chaque composante en fonction des formations." L’université veut équiper ses 67 amphis et 250 de ses 460 salles d’un système de podcast, permettant l’enregistrement du cours ou TD puis son dépôt sur une plateforme où il peut être téléchargé. "Mais les incertitudes sur les approvisionnements en matériel et les délais d’installations, rendent difficile, à ce stade, une estimation précise du nombre d’enseignements en distanciel et du nombre d’enseignement en présentiel hybride (avec rotation de groupe)."
priorité aux nouveaux entrants sur les campus
"Les L1 sont le public cible de cette rentrée", souligne auprès d’AEF info l’université de Bordeaux. "Leur accueil est en cours d’élaboration." Objectif : répondre aux enjeux d’intégration et de sentiment d’appartenance à l’établissement. Un accueil sera organisé en partie en présentiel, quand les protocoles sanitaires et les règles de distanciation pourront être appliqués et respectés (visites de campus en petits groupes, villages de découverte des associations sur les campus, certains amphis de rentrée….). En revanche, "pas de grands évènements de rentrée tels que des concerts par exemple, ni de week-end d’intégration organisés par les associations". De nouveaux outils dématérialisés vont être développés pour nourrir des réseaux sociaux, des lives, un site web dédié à l’accueil de la rentrée, afin d’être "les supports d’une programmation d’offre culturelle, d’informations, d’animations diverses totalement réinventées". "Tous les services de la vie universitaire, les VP étudiants et la direction communication sont mobilisés à plein."
À l’université de Picardie Jules-Verne, de même, "le mois de septembre sera consacré à l’accueil et à l’intégration des étudiants de première année : présentation de l’établissement, de ses services, de son environnement et de ses partenaires ; formation aux compétences transversales, en particulier à la méthodologie de travail universitaire et à la méthodologie de travail à distance ; tests de positionnement ; cours de remise à niveau ; séances de tutorat et de monitorat". Ces primo-entrants seront accueillis du 5 septembre au 28 septembre, tandis que les cours commenceront à compter du 28 septembre pour l’ensemble des étudiants, souligne l’établissement.
Bordeaux-Montaigne prévoit d’accueillir des "petits groupes sur les 15 jours de pré-rentrée", soit 216 groupes entre le 7 et le 22 septembre 2020. Au programme : visite de l’université, ateliers d’échanges sur les services numériques, la documentation, l’information, l’orientation, l’insertion professionnelle ; espace des associations étudiantes ; moments d’échange avec les enseignants et les gestionnaires de la formation et distribution des cartes d’étudiants. L’université réfléchit également à un "système de parrainage entre étudiants avancés et nouveaux entrants tout au long du semestre 1". Enfin, "les directeur(trice)s des études auront un rôle prépondérant sur ce 1er semestre notamment". Sur le plan "dématérialisé", la conception d’un portail web spécial "Rentrée des L1" doit guider les étudiants pas à pas dans leur découverte de l’université, tandis que le déploiement d’une application mobile doit faciliter la communication directe grâce à des notifications relatives à la vie étudiante, la scolarité, ou aux emplois du temps.
À l’université de Haute-Alsace, deux semaines d’accueil sont prévues, avec des modalités pédagogiques distancielles pour présenter l’ensemble des services aux étudiants et pour s’approprier le "métier" d’étudiant. Il s’agit d’un kit de rentrée composé de 3 modules (atelier d’apprentissage des usages numériques, cours "connaissance de l’université", découverte de la formation).
À Strasbourg chaque année, "l’agora de rentrée" comporte plusieurs temps forts et espaces d’information : les "village des services" et "village des associations" seront organisés en numérique ou plus tard dans l’année. Le guichet multi-services (où sont présents la préfecture, la Caf, le Crous, la sécurité sociale, les transports…) est maintenu, ainsi que le "village solidaire" (une brocante sur 2 journées et deux lieux). Pour ces rencontres, les mesures de précaution seront prises ; certains stands, tel l’accueil général, seront à l’extérieur. Les étudiants vacataires recrutés habituellement pour l’occasion, recevront une formation sanitaire. Une "brigade sanitaire" d’étudiants vacataires aura pour objectif de faire respecter toutes les consignes mises en place.
Poitiers table enfin sur des réunions de rentrée organisées en présentiel pour tous les étudiants primo-entrants, et lissées sur plusieurs jours pour éviter le nombre trop important d’étudiants en même temps. L’établissement vise l’accueil en 100 % présentiel pour ces primo-entrants (soit 6 500 à 7 000 étudiants). "Les amphis seront donc réservés en priorité aux L1 pour les cours magistraux. Et s’il reste des créneaux disponibles, pour les L2 et L3." Pour les L1, la priorité est aussi à des TD en présentiel. L’université va renforcer le nombre de tuteurs étudiants (plusieurs centaines) dédiés à l’accueil de ces nouveaux arrivants.
Un seul projet de suppression des congés de Toussaint
Qu’en est-il du calendrier des vacances d’automne ? La plupart des universités le maintiennent. Seule Toulouse-II envisage la "suppression de la semaine de suspension des activités pédagogiques" qui était prévue dans le calendrier initial, sous réserve de validation par les instances. Aix-Marseille réserve son choix selon le scénario qui prévaudra, Angers doit voter en CA sur le sujet en juillet, et UVSQ estime qu’il est "trop tôt pour le dire".
Aucune ne signale par ailleurs son intention de se doter de tests PCR.
S’équiper en matériel de captation, en masques, louer des salles : quel budget ?
Reste que l’éventuel port du masque obligatoire sur les campus ou l’équipement numérique de captation en particulier, impliquent un investissement : celui-ci est chiffré pour la captation à 2 M€ pour Caen comme pour Rouen, et entre 500 000 € et 700 000 € pour Le Havre, selon les présidents des trois universités normandes joints par AEF info. S’y ajoute l’anticipation d’une forte baisse sur l’activité de formation continue, largement réalisée en distanciel (environ 10 % des étudiants actuellement pour Rouen et Caen) : l’équation pour les finances des universités sera de taille.
Outre la mise en place d’aides à l’achat de matériel informatique et de connexion au réseau pour les étudiants dès l’inscription dans le cadre de l’ASIU, Paris-Saclay prévoit par exemple d’équiper locaux et enseignants en matériels informatiques et audiovisuels permettant la captation d’enseignements ou la préparation de capsules vidéo. L’université compte mettre à disposition des enseignants un accompagnement sous forme de tutoriels, webinars, guides, formations.
Autre exemple : l’enregistrement des cours ou TD à l’université de Poitiers puis leur dépôt sur une plateforme de téléchargement, évoqué plus haut. À l’université d’Aix-Marseille, qui envisage de retransmettre en direct des cours magistraux, et de réserver l’accès à l’amphi en priorité aux étudiants en fracture numérique ou en difficulté, Lionel Nicod, son VP, sait d’ores et déjà que le budget ne permettra pas de le faire pour ses 400 amphis. D’autant qu’il lui faudra "identifier un serveur de streaming, réguler les accès aux amphis, définir précisément qui sont les étudiants prioritaires, s’assurer que les autres sont équipés d’un outil informatique mobile…", énumère-t-il. Quant aux bâtiments, si le Crous met à disposition ses restaus U auprès de certains établissements pour permettre des dédoublements, d’autres locations de salles sont parfois à prévoir.
le Tableau de bord au 22 juin 2020
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Sabine Andrieu,
journaliste