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L’essor du télétravail depuis le début de la crise sanitaire "a accéléré les besoins en termes de flexibilité et de changement de méthodes de travail. De ce point de vue, les administrations vont devoir évoluer et revoir leurs organisations", estime Sigrid Berger, la présidente fondatrice de la plateforme d’emploi Profil public
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Selon Sigrid Berger, présidente fondatrice de Profil Public, la crise "incite de nombreuses personnes à repenser leur avenir professionnel en se tournant vers des métiers d’intérêt général ayant davantage de sens". © Julien Labrosse
AEF info : En tant que plate-forme d’emploi pour le service public, quelle incidence a eu la crise sanitaire sur votre activité ?
Sigrid Berger : En tant que plateforme d’emploi, nous avons clairement eu une baisse d’activité. Comme de nombreuse start-up, nous avons subi un impact en termes économiques mais aussi en termes de visibilité. Nous devions en effet participer à de nombreux évènements qui n’ont pu se tenir, comme Vivatech, le rendez-vous de l’innovation et de la tech qui était prévu au mois de mai.
Mais cette période de crise permet aussi de se recentrer sur l’essentiel. Nous nous sommes donc très vite demandé quel type d’aide nous pouvions apporter au secteur public durant cette période. Nous avons ainsi contribué à relayer les offres de l’AP-HP et des hôpitaux qui étaient à la recherche de volontaires, au-delà des seuls métiers de la santé. Leurs demandes portaient en effet sur des compétences en matière de communication, de logistique, de développement informatique et de data science. Ces demandes correspondaient d’ailleurs davantage à notre communauté, dont beaucoup de membres ont décidé de se porter volontaires.
Concernant les administrations qui utilisaient déjà notre plateforme, nous avons eu deux types de réactions. Certaines ont souhaité poursuivre leurs recrutements tout en s’adaptant, via la visioconférence notamment, afin d’anticiper leurs besoins post-crise. Cela a été le cas de l’Arcep, de l’agence Nord Tourisme, ou encore de la Ville de Lille. Une fois le temps d’adaptation passé et les outils en place, leur processus de recrutement a pu se poursuivre. À l’inverse, d’autres structures ont préféré geler leurs recrutements.
AEF info : Alors que vous faites la promotion de la "marque employeur", quels impacts la crise sanitaire va-t-elle avoir sur l’image des services publics et la façon de recruter des administrations ?
Sigrid Berger : La crise a eu trois impacts principaux. Tout d’abord, au-delà du secteur de la santé, tous les services publics ont été en première ligne et ont dû s’organiser dans l’urgence en activant leurs plans de continuité d’activité. La crise les a donc remis sur le devant de la scène.
" La crise incite de nombreuses personnes à repenser leur avenir professionnel en se tournant vers des métiers d’intérêt général ayant davantage de sens, relevant du secteur public."
Ensuite, la crise incite de nombreuses personnes à repenser leur avenir professionnel en se tournant vers des métiers d’intérêt général ayant davantage de sens, relevant du secteur public (des administrations aux entreprises à impact, en passant par le tissu associatif). Enfin, le confinement a fait évoluer le rapport au travail et l’approche de l’équilibre vie professionnelle-vie personnelle, encourageant certaines personnes à se tourner vers des métiers plus en accord avec ces valeurs. L’essor du télétravail a également accéléré les besoins en termes de flexibilité et de changement de méthodes de travail.
De ce point de vue, les administrations vont devoir évoluer et revoir leurs organisations. Le secteur public a été mis en avant durant la crise ; c’est une opportunité dont il doit se saisir. Mais il ne pourra le faire qu’à la condition de revoir ses méthodes de travail : mise en œuvre de nouvelles approches et outils, accélération du télétravail… Et encore davantage qu’avant la crise, les administrations devront être en mesure de satisfaire les besoins en compétences nouvelles dans la data science, le développement web, la gestion des risques, sans parler du secteur de la santé.
AEF info : Vous avez lancé en avril une enquête pour mesurer l’attractivité des services publics. Qu’attendez-vous de cette enquête et quels en sont les premiers retours ?
Sigrid Berger : Nous avons lancé deux enquêtes dont les résultats seront publiés à l’automne 2020. L’une auprès des étudiants, complétée en mai par un débat en ligne ; l’autre auprès du grand public. L’objectif est de mesurer les attentes de ces publics différents. Côté étudiants, il s’agit de savoir si la crise a déclenché des vocations pour le secteur public. Sachant que ceux qui sont déjà dans les filières "secteur public" ont été confortés dans leur choix. Côté grand public, nous cherchons à savoir si certaines personnes ont pu être amenées à revoir leur projet professionnel.
Les étudiants expriment vis-à-vis des métiers du secteur public "un besoin accru de souplesse, de flexibilité, d’innovation et de créativité."
À ce stade, les premières remontées expriment, de la part des étudiants – qui n’ont pas forcément une bonne image du secteur public –, un besoin accru de souplesse et de flexibilité, via notamment le télétravail, l’innovation et la créativité. Ils souhaitent également moins de procédures. À noter que si les étudiants en filière "affaires publiques" ou "action publique" ayant déjà effectué des stages en administration commencent à avoir une bonne connaissance de la palette des métiers publics, ce n’est pas le cas de ceux qui n’ont encore jamais fait de stage.
Dans ce contexte, l’enjeu de la "marque employeur", qui n’est pas qu’un enjeu de communication mais est aussi un enjeu de transformation, prend tout son sens. La crise actuelle peut donc être à ce titre un accélérateur de transformation pour les administrations mais aussi pour les établissements d’enseignement supérieur. Ces derniers ont un travail à faire sur leurs filières en lien avec les institutions publiques, encore trop souvent absentes des forums d’orientation et de recrutement.
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Clarisse Jay,
journaliste