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Les hôpitaux universitaires de Marseille - AP-HM sont "en ordre de marche" pour faire face à la pandémie de Covid-19, dont le pic est attendu "en fin de semaine prochaine", affirment Jean-Olivier Arnaud, directeur général, et Dominique Rossi, président de la CME, lors d'une conférence de presse, jeudi 26 mars 2020. Le CHU concentre l'accueil des patients infectés sur quatre sites avec 500 lits dédiés dont 142 en réanimation. Son organisation a été conçue pour le "pire" des scenarios. Personnels et matériels sont en nombre suffisant. Plus de 200 malades sont actuellement hospitalisés.
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Les urgences de la Timone ont réorganisé l'accueil des patients en deux files, pour séparer les malades du Covid-19 des autres, et sont en lien direct avec les quatre unités dédiées d'hospitalisation et de réanimation. MaxPPP
Le pic de la pandémie de Covid-19 est attendu pour "la fin de la semaine prochaine" par les Hôpitaux universitaires de Marseille - AP-HM. "Pour le moment, nous sommes sollicités en dessous de ce que nous attendons. Ça va véritablement commencer dans les 72 heures, avec un maximum en fin de semaine prochaine", estime Jean-Olivier Arnaud, directeur général du CHU marseillais, au cours d’une audioconférence de presse organisée jeudi 26 mars 2020.
L’établissement hospitalier a développé un modèle mathématique pour "anticiper la vague attendue", sans toutefois tenir compte de l’effet épidémiologique positif du confinement, "difficile à intégrer", précise Dominique Rossi, président de la CME. Les prévisions établies correspondent donc au scénario "le pire". "L’AP-HM est aujourd’hui un modèle d’organisation pour la prise en charge des patients Covid-19. Nous sommes en ordre de marche, avec un effort hors du commun de la part de tous les personnels", insiste Dominique Rossi.
Quatre unités dédiées
Ces deux dernières semaines, l’établissement hospitalier a "mis à profit" cette attente pour déprogrammer toute l’activité non urgente et "repositionner" les moyens disponibles sur la prise en charge des malades du Covid-19. Il dispose désormais d’un potentiel de 500 lits dédiés, dont 142 en réanimation. L’ensemble de ces lits sont répartis entre quatre unités logées au sein de l’IHU Méditerranée infection et des hôpitaux de la Timone, la Conception et Nord.
Ces unités sont reliées par "des circuits spéciaux" avec les urgences de la Timone et de Nord. Celles-ci ont réorganisé leur accueil et leur fonctionnement autour de "deux files de patients, les Covid+ et les Covid-". Les capacités du Samu ont également été "accrues" et une application de suivi à domicile pour les patients à risques vus à l’hôpital a été lancée. Une unité de soins palliatifs dédiée est aussi en cours de constitution.
Les capacités nécessaires ont été maintenues pour l’ensemble de l’activité qui ne peut pas être reportée, en particulier en pédiatrie, cancérologie, radiothérapie, cardiologie, neurologie, et maternité. Un service d’urgence en odontologie a été mis sur pied en intégrant toutes les protections nécessaires pour les professionnels de santé. Des prises en charge spécifiques ont été élaborées pour continuer à traiter les patients Covid-19 qui présentent par ailleurs des pathologies chroniques nécessitant un suivi hospitalier. C’est déjà notamment le cas dans les services de dialyses où une zone isolée a été mise en place.
Saturation attendue à la fin de la semaine prochaine
Depuis 48 heures, une douzaine de malades arrivent chaque jour en réanimation, "et la courbe s’accélère", indique Dominique Rossi. Ce jeudi, selon les données consolidées à 8 heures du matin, sur 88 lits de réanimation actifs, 55 étaient occupés. Par ailleurs, 150 lits hors réanimation étaient également occupés, sur 246 actuellement disponibles. "Une trentaine de malades supplémentaires sont hospitalisés chaque jour dans les quatre unités Covid-19. On peut monter à 142 lits en réanimation et 358 lits hors réanimation, on va vite y arriver", précise le président de la CME.
Les Hôpitaux universitaires de Marseille n’attendront pas d’arriver à saturation de leurs capacités, "en fin de semaine prochaine", pour faire appel aux autres établissements du territoire. "La stratégie définie par l’ARS au niveau régional consiste à solliciter les capacités d’autres établissements publics et privés qui se sont mis en condition de recevoir des patients Covid, à raison d’un ou deux au début, afin de réaliser une montée en charge progressive dans l’ensemble des unités. Cela permettra aussi d’être dans une courbe progressive d’apprentissage pour les équipes", explique le directeur général.
L’AP-HM prépare aussi "l’après-phase aiguë, c’est-à-dire les soins de suite et les unités de pré-domicile pour les patients qui à un moment, pourront ne plus être hospitalisés mais ne pourront pas retourner sur leur lieu de vie habituel car ils sont seuls ou âgés ou vivent en Ehpad. Nous réfléchissons aux possibilités qui peuvent s’offrir à nous", indique Jean-Olivier Arnaud. "Le turn-over sur l’occupation des lits sera essentiel dans la prise en charge", insiste Dominique Rossi.
Autosuffisants en ressources humaines
Le centre hospitalier ne fait pas état de difficultés sur le plan des ressources humaines. "Pour le moment, nous sommes autosuffisants", assure son directeur général. À ce jour, 40 personnels soignants et non soignants ont été infectés au Covid-19, avec des durées d’arrêt de travail variable. "Ils reviennent à leur poste dès que le résultat est négatif", précise Jean-Olivier Arnaud.
La déprogrammation des activités non urgentes a permis de libérer des personnels soignants. L’AP-HM est en particulier en train de renforcer ses effectifs en infirmiers anesthésistes et infirmiers spécialisés en réanimation, "le point le plus chronophage avec des procédures d’habillement et déshabillement extrêmement lourdes, complexes et fatigantes ", insiste le directeur général. Par ailleurs, "des équipes médicales ont été laissées en réserve ou au repos en prévision du point chaud de la semaine prochaine". Les internes sont mobilisés pour assurer une partie de l’activité courante et il est "marginalement" fait appel aux élèves infirmières en fin de formation. Les élèves auxiliaires de régulation ont aussi été sollicités pour renforcer le Samu.
"La priorité, c’est de garder nos soignants à l’hôpital, donc tout est fait pour les soutenir", assure Dominique Rossi. Des dispositions ont été prises pour les accompagner dans la garde des enfants, le transport, les courses alimentaires et l’hébergement pour ceux qui "hors de Marseille, veulent venir nous aider". Un formulaire a d’ailleurs été créé sur le site internet de l’AP-HM pour enregistrer les propositions de renfort en personnel. Par ailleurs, une cellule médico-psychologique a été mise sur pied pour soutenir les équipes. "Nous allons devoir prendre des décisions médicales complexes si jamais nous venons à manquer de place en réanimation", craint notamment Dominique Rossi.
Les achats, fonction stratégique
La déprogrammation des activités non urgentes a aussi permis de libérer du personnel administratif. Certaines fonctions ont été renforcées, en particulier les achats "devenus stratégiques pour l’approvisionnement en moyens à usage unique et en moyens médicaux techniques", souligne Jean-Olivier Arnaud. Une commande de 50 respirateurs, dont 20 attendus vendredi 27 mars, a été passée. "Nous disposons déjà de 170 respirateurs pour 142 lits de réanimation, nous avons donc déjà de la marge", se réjouit le directeur général.
L’établissement dispose d’un stock en masques, blouses, tabliers, charlottes, pyjamas de blocs… suffisant pour "quelques semaines", qui permet de travailler selon les normes en vigueur. Néanmoins, une adresse e-mail a été créée afin d’organiser au mieux la collecte de dons. Un compte bancaire spécifique pourra aussi prochainement recevoir les dons numéraires.
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Marie-Pierre Vega,
journaliste