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Le tissu militant se féminise mais les femmes restent sous-représentées dans les organisations syndicales, tant en nombre d’adhérentes que de militantes, ou aux postes exécutifs, selon une étude publiée dans le numéro de juillet 2019 de La revue de l’IRES. Cette faible adhésion des femmes au mouvement syndical s’explique en partie par le caractère de plus en plus "vorace" de cette activité, ainsi que par des difficultés d’articulation entre vie professionnelle et vie personnelle.
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Parmi les femmes syndiquées, on retrouve de plus en plus de cadres. Dares
Malgré l'instauration de politiques en faveur de la parité, les femmes sont toujours sous-représentées au sein du mouvement syndical, selon une étude publiée dans la Revue de l’Ires
Avant même que la loi Rebsamen relative au dialogue social et à l’emploi de 2015 n’impose une obligation de "mixité proportionnelle" dans la composition des listes des élections professionnelles, la question de la parité a préoccupé certaines syndicales. Dès 1982, la CFDT instaure ainsi "une mixité proportionnelle à son pourcentage d’adhérentes pour ses exécutifs nationaux", tandis que la CGT "impose directement la parité (à 50 %) en 1999 à ses instances nationales". Mais ces initiatives ne suffisent pas à équilibrer la part des deux sexes dans le mouvement syndical.
Plus de cadres et moins d’ouvrières
Certes, le tissu militant se féminise, mais la proportion de femmes dans les organisations syndicales reste inférieure à ce qu’elle est sur le marché du travail. Et cette sous-représentation se remarque à tous les niveaux, du nombre d’adhérents aux postes exécutifs de l’appareil syndical en passant par la proportion de militantes sur le lieu de travail.
Cette tendance est due à plusieurs facteurs parmi lesquels l’articulation entre vie professionnelle et vie privée, l’insertion plus tardive des femmes sur le marché du travail, l’âge d’obtention d’un contrat à durée indéterminée ou encore la hausse du niveau de qualification des engagés entre 2004 et 2010.
Un paysage militant presque inchangé
En 2004, les femmes représentaient 30 % des adhérents à un syndicat et 36 % en 2010. Leur nombre s’est donc accru en six ans mais elles restent sous-représentées par rapport à leur proportion dans la population active. En effet, elles constituaient 47,5 % de la population active en 2010, soit plus de dix points de plus.
D’autre part, l’étude s’est interrogée sur le renouvellement générationnel du tissu militant. En 2009, seuls 7 % des adhérents de la CGT, et 13 % de ceux de la CFDT, avaient moins de 35 ans. Les adhérents sont donc principalement des employés d’âge mûr et ce, encore plus chez les femmes, notamment à cause de l’intégration sociale et professionnelle tardive des nouvelles générations.
En effet, les femmes font des études plus longues et obtiennent plus tardivement un CDI, symbole d’une stabilité économique et professionnelle, qui leur permet de se projeter à l’intérieur de leur entreprise et de s’engager plus facilement dans une organisation syndicale.
L’étude remarque également une augmentation du nombre d’adhésions des femmes faisant partie du 5e décile, c’est-à-dire de celles qui touchent au moins 2 841 euros net par mois. Ainsi, plus les femmes sont qualifiées, plus elles sont aptes à se syndiquer de par la stabilité économique et professionnelle acquise avec l’expérience.
Un "régime de genre"
Cependant, une fois arrivée dans la vie active avec un salaire qui lui permet de subvenir à ses besoins, la femme trentenaire désire généralement fonder une famille. Or, l’étude révèle que lorsqu’une femme est en couple ou bien qu’elle a des enfants à charge, elle est moins encline à se syndiquer. L’arrivée d’un enfant perturbe le mode de vie des femmes, leur articulation entre vie professionnelle et vie personnelle et elles ont moins de temps à accorder au mouvement syndical.
"L’activité syndicale demeure un support des inégalités de genre au sein des organisations et également en dehors", mentionne l’enquête qui conclut à une persistance d’un "régime de genre".
La culture du cumul des mandats
Au début des années 2000, en France, le processus d’institutionnalisation du syndicalisme et du dialogue social a été renforcé avec la mise en place de nouvelles obligations et incitations à la négociation collective dans le secteur privé. Mais faute de militants supplémentaires chaque année, le taux de syndicalisation français étant l’un des plus bas parmi les pays de l’OCDE, ces réformes tendent à favoriser le cumul des mandats.
En 2013, le taux de syndicalisation en France s’élevait à 11 %, soit seulement un point en dessous de celui des États-Unis. Parallèlement, entre 1999 et 2011, la part des militants qui exercent trois mandats ou plus a crû de 24 points alors que la part de ceux qui n’occupent qu’un seul mandat a chuté de 14 points.
Si les femmes occupent davantage de mandats (31 % en 2011, contre 24 % en 1999), elles n’ont pas tiré profit du modèle de cumul des mandats : entre 1999 et 2011, le nombre de femmes ouvrières et employées qui cumulaient des mandats a diminué de 16 points au profit des femmes cadres et techniciennes, qui représentaient 40 % de celles qui avaient plusieurs mandats à leur actif en 2011.
Les femmes ont moins de temps de délégation syndicale
Conséquence : alors que 39 % des hommes disposent de plus de 70 heures dédiées à leurs activités syndicales, c’est le cas de seulement 19 % des femmes. Cette répartition est inégale entre les deux sexes mais également entre les catégories socioprofessionnelles, chez les femmes, rendant plus difficile l’articulation des temps de vie des femmes.
"L’articulation des sphères chez les militants est encore un frein à l’adhésion syndicale, en particulier chez les femmes", observe l’étude, et ce d’autant plus que "l’institution syndicale tend à renforcer le caractère 'vorace' de l’engagement militant, lequel requiert de plus en plus de temps disponible".
"Ces contraintes temporelles aboutissent également à une sélection des militants à l’entrée ou au sein des syndicats, en l’occurrence des militants culturellement et économiquement dotés, notamment chez les femmes où sont surreprésentées celles qui sont le plus en capacité d’externaliser facilement le travail parental et domestique", conclut l’étude. "On peut légitimement s’interroger si cela n’est pas le reflet de politiques d’'égalité élitiste', qui négligent les problématiques matérielles, économiques et sociales propres aux ouvrières et employées."
Le projet de loi relatif au dialogue social et à l'emploi, adopté définitivement par l’Assemblée nationale jeudi 23 juillet 2015, réforme notamment les IRP (institutions représentatives du personnel) : regroupement par accord dans les entreprises de 300 salariés et plus, mise en place de DUP (délégations uniques du personnel) élargies dans les entreprises de moins de 300 salariés, création de CPRI (commissions paritaires régionales interprofessionnelles) pour les salariés et employeurs des TPE, représentation équilibrée entre femmes et hommes, conditions de mise en place des CHSCT ou encore révision des effets de franchissement des seuils pour les comités d’entreprise figurent dans ce texte. Les parlementaires de l'opposition ont annoncé vouloir saisir le Conseil constitutionnel pour contester plusieurs dispositions du projet de loi.
Voici une sélection des brèves fonction publique de la semaine du 20 mars 2023 :
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Lise Boulesteix,
journaliste