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Rencontrée par AEF info à l’occasion d’un échange organisé par l’Afref sur le livre de Dominique Ledogar Apprentissage : ce que veulent les jeunes et les entreprises, Anne Biteau, adjointe au directeur de l’École connectée au futur de l’industrie, explique comment son CFA a développé l’outil utilisé aujourd’hui par tous les CFA qui développent la pédagogie proactive. Cette dernière, qui repose sur l’anticipation des besoins imminents des entreprises, nécessite en effet de remplacer le carnet de liaison habituel par un outil permettant à l’entreprise de mieux communiquer.
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La pédagogie proactive est expérimentée dans plusieurs CFA CFI
Pour remédier au fort taux de ruptures anticipées des contrats en apprentissage, la pédagogie proactive repose sur l’identification des besoins imminents des entreprises afin de permettre aux jeunes de réaliser des activités davantage valorisantes et formatrices. "Cette pédagogie est aujourd’hui expérimentée dans plusieurs CFA, avait expliqué Dominique Ledogar à l’occasion d’un échange organisé en début d’année 2019 par l’Afref sur son livre Apprentissage : ce que veulent les jeunes et les entreprises. Elle nécessite de disposer d’un outil proactif plus adapté que les outils de liaison afin de savoir à quel degré de complétude de sa formation se situe chaque jeune."
L’outil aujourd’hui utilisé par ces CFA trouve son origine dans un dispositif développé par l’École connectée au futur de l’industrie (CFI), un des CFA de la CCI Paris Île-de-France qui forme environ 800 alternants par an du niveau V au niveau II aux services à l’industrie (automobile et véhicules de transport routier, génie frigorifique et domotique, électronique et robotique, réseaux et génie informatique). Au départ, la création de cet outil ne répondait pas à la volonté de mettre en place la pédagogie proactive, mais à un besoin de mieux distinguer les compétences acquises en entreprises de celles à acquérir en formation.
UN SUBSTITUT AU CARNET DE LIAISON
"En 2005, alors que j’étais responsable des programmes dans l’automobile, le nombre d’heures de formation par diplôme a été revu à la baisse dans le cadre des conventions régionales, explique à AEF info Anne Biteau, aujourd’hui adjointe au directeur de l’école et directrice pédagogique des deux campus de Montigny-le-Bretonneux et Orly. Dès lors, il nous a fallu chercher un moyen de mieux communiquer avec les entreprises pour distinguer les compétences que les jeunes valideraient en entreprise de celles qu’il faudrait nécessairement enseigner au CFA, de manière à employer au mieux les heures de formation."
Dans cette optique, il était nécessaire de changer l’outil de liaison. "Nous avons tout d’abord pris la décision d’employer des termes différents de ceux du référentiel de formation afin qu’ils soient compréhensibles par les entreprises, détaille Anne Biteau. Nous avons traduit les compétences en une liste d’activités professionnelles (par exemple 'changer une roue') censées être maîtrisées par les jeunes à la fin de leur formation."
"Nous avons ensuite remplacé le carnet de liaison par un tableau Excel - appelé tableau individuel de suivi de la formation - comprenant la liste de ces activités professionnelles pour chaque formation, poursuit Anne Biteau. Dans ce tableau, chaque maître d’apprentissage cochait les activités professionnelles irréalisables au sein de son entreprise afin de permettre aux enseignants de les identifier et de les aborder en formation."
UNE AUTO-ÉVALUATION PAR LE JEUNE
Ce changement d’outil a conduit à un changement de pratique. "Grâce à ce tableau, l’apprenti s’auto-évaluait en indiquant pour chaque activité s’il y avait déjà participé ou s’il en avait complètement acquis la maîtrise, explique Anne Biteau. Le maître d’apprentissage ou le formateur complétait ensuite le tableau lorsqu’il estimait que le jeune maîtrisait effectivement l’activité. Les entreprises avaient quant à elles la possibilité d’indiquer une date ou une période à laquelle elles souhaitaient qu’un jeune ait acquis la maîtrise d’une activité."
Avec cet outil, le CFA disposait dès lors d’un terrain favorable au déploiement de la pédagogie proactive. "L’autoévaluation par le jeune et la réponse aux besoins imminents de l’entreprise sont également deux objectifs de la pédagogie proactive, relève Anne Biteau. Ces possibilités ouvertes par notre outil ont donc été le point d’entrée de la démarche proactive."
UNE IMPULSION DE LA RÉGION
C’est par le biais de la région Île-de-France que cette pédagogie a finalement été introduite. "En 2010, nous avons répondu à l’appel à projet proposé par la région Île-de-France visant à expérimenter la pédagogie proactive, raconte l’adjointe au directeur de l’école. La région a retenu notre candidature et l’expérience a été renouvelée jusqu’en 2016. Depuis 2016, les appels à projet sur cette thématique n’étant plus en œuvre, nous poursuivons le développement de la démarche proactive en dehors de toute convention régionale."
Au fil de ces années, le CFA a fait évoluer l’outil. "Depuis 2010 et les premières expérimentations de la démarche proactive, nous avons progressivement amélioré le tableau Excel, avant de le transformer en un tableur Google Sheets, détaille Anne Biteau. Depuis la rentrée 2017, l’outil est devenu une application web et mobile développée en partenariat avec la start-up GoWizYou et qui a fait depuis l’objet d’améliorations techniques et ergonomiques. Cette application permet de suivre la montée en compétences de l’apprenti et de communiquer avec l’entreprise, cette dernière pouvant faire part de ses besoins imminents via une messagerie instantanée."
une réponse à certains enjeux de la réforme
L’adjointe au directeur de l’école précise toutefois que cette démarche n’a pas emporté un soutien unanime. "Le déploiement de l’outil et de la pédagogie proactive n’ont pas été sans poser de problème, relève-t-elle. En effet, il n’est pas simple de convaincre tous les enseignants, apprentis et entreprises de remettre en cause leurs habitudes et d’adhérer à la démarche."
L’émergence de cette application rencontre en revanche un écho particulier au lendemain de l’entrée en vigueur de la loi "Avenir professionnel" du 5 septembre 2018. "Cet outil répond à plusieurs enjeux de la réforme, comme permettre des entrées et sorties permanentes et retrouver une entreprise à la suite d’une rupture de contrat, souligne Anne Biteau. En effet, il permet à n’importe quel moment de visualiser les acquis d’un jeune."
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Astrid Gruyelle,
journaliste