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En matière de lutte contre le réchauffement climatique, "l’État doit être exemplaire mais cela ne suffit pas. Chaque Français doit être accompagné dans sa vie quotidienne […] Et les acteurs de la finance doivent jouer le jeu : c’est pour cela que je les réunirai bientôt", déclare Bruno Le Maire, le 26 novembre 2018, au premier jour de la table ronde mondiale de l’Unep-Fi. "Je leur demanderai d’arrêter, selon un calendrier à définir ensemble, tout financement de charbon. Le rôle de l’État sera de garantir, par souci de cohésion nationale, que les engagements pris ne restent pas lettre morte."
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Bruno Le Maire à la Global Roundtable de l'Unep-Fi, le 26 novembre 2018 Ministère de l'Economie et des Finances
"Je souhaite que toutes les sociétés dans lesquelles l'État a une participation soit exemplaire en matière de lutte contre le réchauffement climatique", annonce ce lundi Bruno Le Maire, ministre de l'Économie et des Finances, lors du premier jour de la table ronde mondiale de l'Unep-Fi. "J'ai donc demandé que chaque entreprise dans laquelle l'État a une participation de mettre en place dans les semaines qui viennent une stratégie de réduction des émissions de CO2." Cet engagement devra figurer dans "le rapport RSE de chacune de ces entreprises". "Je souhaite que nous commencions immédiatement par les 25 entreprises les plus importantes du portefeuille de l'État, avec des objectifs qui devront être chiffrés, précis, contrôlés, évalués. L'État actionnaire sera demain un État exemplaire en matière de lutte contre le réchauffement climatique", met en avant le ministre.
"Le secteur financier doit jouer pleinement le jeu"
Bruno Le Maire énonce ensuite un engagement devant "permettre d'engager les Français via leur épargne". La loi Pacte a prévu un certain nombre de dispositifs, en particulier l'obligation "pour les nouveaux contrats d’assurance-vie de proposer au moins un support labellisé Teec". Quant aux livrets développement durable solidaire, "je souhaite que tous les nouveaux placements aillent exclusivement à des investissements verts… Je ne vous cache pas ma surprise d’apprendre que ce n’était pas le cas avant…" "La confiance c’est bien, le contrôle c’est mieux : nous contrôlerons que ces fonds placés dans les livrets DD et solidaires, centralisés à la Caisse des dépôts — ce qui me donne tous les moyens de contrôler ces fonds —, aillent exclusivement à des investissements verts", précise le ministre.
Lors de la précédente édition du Climate Finance Day, en décembre 2017, Bruno Le Maire avait déjà fait une promesse similaire, annonçant que "chaque euro placé dans un livret développement durable solidaire centralisé à la Caisse des dépôts sera[it] associé à un projet contribuant effectivement à la transition énergétique ou à la réduction de l’empreinte climatique de notre modèle économique" (lire sur AEF info). Mais des travaux d'Attac France et de 350.org publiés récemment montrent que ce n'est toujours pas le cas (lire sur AEF info).
"Comment aller encore plus loin ? Si nous voulons réussir, il faut que l’État, l’État actionnaire en particulier, soit exemplaire, nous devons accompagner les ménages mais il faut également que le secteur financier joue pleinement le jeu", souligne Bruno Le Maire ce lundi. "J’ai eu l’occasion de dire que la finance serait verte ou ne serait pas l’année dernière" (lire sur AEF info). "Je vous redis la même chose cette année. J’ajoute qu’il faut sans doute être un peu plus volontariste en la matière si nous voulons avoir des résultats. Nos compatriotes ne se contenteront pas de belles déclarations."
"Nous avons besoin de la finance"
"Nous avons besoin de la finance pour réussir cette transition énergétique, pour lutter contre le réchauffement climatique. Nous avons besoin que tous les acteurs du secteur s’engagent. Personne n’y arrivera tout seul : ni les citoyens, ni l’État, ni les entreprises. Nous devons tous ensemble conjuguer nos efforts." Les banques doivent par exemple aider "les plus fragiles, avec des prêts verts, à taux réduit, accessibles facilement à tous ceux souhaitant changer de véhicule pour en acquérir un propre, qu’il soit neuf ou d’occasion", appelle-t-il.
Par ailleurs, "j’ai lu le rapport Oxfam dans lequel on apprend que les banques continueraient à financer les énergies fossiles" (lire sur AEF info). "On peut en discuter mais il reste que les engagements pris par le secteur financier doivent être tenus ! Je veillerai à ce que ces engagements le soient ! Parce que si la finance ne joue pas le jeu, tous les autres efforts seraient vains", estime le ministre. Pour convaincre le secteur d'avancer, "je réunirai donc dans les prochaines semaines les banques, les assureurs, les gestionnaires d’actifs pour qu’ils prennent de nouveaux engagements, précis et chiffrés, en matière de financements des activités les plus nocives, en particulier le charbon, que ce soit les centrales ou les mines". "Je leur demanderai d’arrêter, selon un calendrier à définir ensemble, tout financement de charbon, de mine à charbon", résume Bruno Le Maire.
La France, "fer de lance" sur le climat
Ces engagements devront être contrôlés "de manière indépendante, et devront être rendus publics chaque année, avec une trajectoire qui pourra être définie avec le secteur financier. S’ils ne sont pas respectés, nous les rendrons contraignants". Le rôle de l’État en la matière sera "de définir avec eux la manière d’avancer dans cette direction et de garantir par souci de cohésion nationale que les engagements pris ne restent pas lettre morte. Car des engagements pris doivent être tenus".
Au-delà du niveau national, la France continuera à être "le fer de lance dans l’engagement climatique". La Commission européenne a proposé récemment un paquet qui vise à verdir la finance (lire sur AEF info) "mais ça n’avance pas suffisamment vite", juge Bruno Le Maire. "J’appelle tous les États membres européens à tout faire pour que ce paquet soit adopté avant la fin de la mandature, d’ici à la mi-2019. Avec Brune Poirson [secrétaire d'Etat à la Transition écologique], nous ne ménagerons pas nos efforts pour que ce projet devienne réalité."
Enfin, "verdir la finance suppose une information plus transparente, publiée par les entreprises sur leurs activités". Le ministre de l’Économie entend confier au président de l’Autorité des normes comptables, Patrick de Cambourg, une "mission sur le développement d’un standard de reporting extrafinancier au niveau international de toutes les entreprises, s’appuyant sur une gouvernance robuste, associant tous les membres du G20".
Pour rappel, lundi 26 et mardi 27 novembre, la table ronde mondiale de l'Unep-Fi rassemble au Palais Brongniart banques, assurances et investisseurs, avec l’ensemble de la communauté de la finance durable, pour étudier les moyens de placer les enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance au cœur de leurs stratégies entrepreneuriales. Le 28 novembre se tiendra la 4e édition du Climate Finance Day, sous l’égide de Finance for tomorrow. Cet événement doit mobiliser le secteur financier international pour prendre de nouveaux engagements en faveur de la lutte contre le changement climatique.
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Ioana Doklean,
journaliste