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"Nous voulons que le Climate Finance Day devienne l'événement annuel de la Place de Paris, pendant lequel est dressé un bilan des principales réalisations et sont présentées les solutions innovantes des acteurs publics et privés pour répondre aux objectifs de l'accord de Paris", déclare Philippe Zaouati à AEF info, vendredi 23 novembre 2018, en marge d'une conférence présentant la feuille de route de Mirova, société de gestion et filiale de Natixis dont il est le directeur général. Par ailleurs président de Finance for tomorrow, il livre sa vision du marché de la finance durable.
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Philippe Zaouati, DG de Mirova DR
Le 28 novembre prochain se tiendra au Palais Brongniart la 4e édition du Climate Finance Day (CFD), sous l'égide de Finance for tomorrow. Le CFD sera précédé d'un autre événement, qui se tient tous les deux ans, sur un continent différent à chaque fois : c’est l’UNEP Finance Initiative Global Roundtable.
Lundi 26 et mardi 27 novembre, la Global Roundtable rassemblera banques, assurances et investisseurs, avec l’ensemble de la communauté de la finance durable, pour étudier les moyens de placer les enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance au cœur de leurs stratégies entrepreneuriales. Le Climate Finance Day mobilisera le mercredi le secteur financier international pour prendre de nouveaux engagements en faveur de la lutte contre le changement climatique.
Le CFD, l’occasion de dresser un bilan ?
"L’année dernière [les 11 et 12 décembre 2017], le CFD était accolé au One Planet Summit. Cette année, il est accolé aux tables rondes de l’Unep FI… L’idée est de faire ensemble, sur la même semaine, des événements sur la finance climat et la finance durable", indique Philippe Zaouati, directeur général de Mirova et président de Finance for tomorrow, à AEF info ce vendredi.
Pour "positionner Paris comme la grande place" de la finance durable, "nous voulons attirer les grands événements sur ce sujet". L’année dernière il y a eu par exemple la conférence sur les green bonds. En septembre 2019, Paris accueillera la conférence annuelle des PRI (Principes pour l’investissement responsable), avec Natixis — dont Mirova est la filiale — en principal sponsor.
"Nous voulons que le Climate Finance Day devienne l’événement annuel de la Place de Paris, pendant lequel est dressé un bilan des principales réalisations et sont présentées les solutions innovantes des acteurs publics et privés pour répondre aux objectifs de l’accord de Paris", ajoute Philippe Zaouati. Pour cette 4e édition, "je ne m’attends pas à des engagements révolutionnaires". "Mais comme l’année dernière, je le redis, j’espère que les banques vont essayer de parler de leur business model… Les stratégies d’exclusion c’est bien, mais la question reste le changement du modèle d’affaires."
Pour la journée du mercredi 28 novembre, le président de Finance for tomorrow évoque la venue de Philippe Brassac, directeur général du Crédit agricole ou encore celle d’Eric Lombard, directeur général de la Caisse des dépôts, qui "s’exprimera sur la finance climat pour la première fois". BNP Paribas animera une conférence sur les green loans, car "il faut élargir le débat" ; France Invest s’occupera de la table-ronde sur le private equity. Lors de la première conférence "Aligning capital flows: are we on track ?", animée par Audrey Pulvar, présidente de la FNH, sera présenté le premier bilan mondial des actions des acteurs étatiques et non-étatiques sur le climat, dressé par Climate Chance (lire sur AEF info). "Ce document est une sorte de numéro zéro mais il a vocation à être publié chaque année", précise Philippe Zaouati à AEF info.
Natixis, maison-mère de Mirova, en profitera pour présenter son "green weighting factor" (lire sur AEF info), qui s’inspire du "green supporting factor". Ce mécanisme vise à faire évoluer la réglementation bancaire pour baisser le poids en capital exigé des banques lorsqu’elles prêtent pour des actifs verts. "Pour l’instant, les banques centrales ne veulent pas aller dans ce sens là. Il y a une certaine résistance… Natixis a décidé de le faire en interne, de s’appliquer à elle-même le green supporting factor", résume Philippe Zaouati.
Lors d’une conférence ce vendredi présentant la feuille de route de Mirova, Philippe Zaouati a également exposé de façon plus globale la vision de la société de gestion sur le marché de la finance durable. Le directeur général met en garde au sujet de la généralisation de l’intégration des critères ESG chez les investisseurs, même si "on a appelé ce mainstreaming de nos vœux depuis des années". "Il faut être attentif à ce que la qualité soit préservée, c’est essentiel. En tant que pionnier, nous avons cette responsabilité […] et nous devons continuer à innover sur le capital naturel, les infrastructures durables, les énergies renouvelables."
La solution de la "blended finance"
"Nous allons construire dans le monde, au cours des 40 prochaines années, plus d’infrastructures qu’on en a construit au cours des 40 000 dernières années… Les besoins en investissement sont donc considérables, aussi bien dans les pays développés, qu’en développement", rappelle-t-il par ailleurs. Mais "nous avons du mal à attirer les investisseurs pour des raisons de perception du risque. L’une des solutions est la 'blended finance' : utiliser l’argent public pour dérisquer les projets et faire en sorte que les investisseurs privés aient plus facilement accès aux projets dans les pays émergents", explique-t-il.
Cette "blended finance" serait également "utile dans les pays développés afin d’accélérer la transition écologique", en favorisant le déploiement de technologies comme la méthanisation, les batteries, la rénovation thermique des bâtiments. "Ce sont des technologies que nous maîtrisons mais que nous ne parvenons pas à déployer très vite." "Il y a des choses à faire en termes de partenariats publics-privés dans les pays développés. C’est le sens de la mission que je suis en train de mener avec Pascal Canfin, à la demande du ministre de l’Environnement et du ministre des Finances." (lire sur AEF info). Le rapport devait initialement être remis aux deux ministères fin octobre mais il le sera au plus tôt mi-décembre et peut-être ultérieurement. "Il faut trouver le bon timing", précise à AEF info Philippe Zaouati, car "nous voulons que le rapport soit porté politiquement".
Besoin de régulation sur l’épargne des ménages
Troisième point abordé par le directeur général de Mirova, celui de l’épargne des ménages. "Lorsque l’on est face à des failles de marché, il faut trouver le bon mix entre l’activité des acteurs et la régulation". Tous les ans à l’automne, le FIR publie un sondage dans lequel on apprend que les Français sont très intéressés par l’impact environnemental et social de leurs placements mais qu’ils n’ont jamais entendu parler d’offre ou qu’on ne leur propose pas (lire sur AEF info).
Malgré un "sentiment de sympathie" pour l’ISR, Hervé Guez, directeur de la recherche et de la gestion actions et taux chez Mirova, estime que cela ne se développe pas "parce que, culturellement, la plupart des gens ne font pas le rapport entre épargne, investissement et développement durable". Par ailleurs, "les gens se disent que c’est encore un truc que les financiers ont inventé…" Résultat, les produits d’épargne verte "ne sont pas disponibles aujourd’hui suffisamment sur les étagères des agences bancaires", selon Philippe Zaouati, qui met en avant deux idées pour y remédier.
Obligation d’offre dans la loi Pacte
D’abord, passer par l’obligation d’offre. "C’est ce qui a été fait il y a 15 ans sur l’épargne salariale et les produits solidaires." Et c’est ce que prévoit un amendement du projet de loi Pacte qui exige des compagnies d’assurances de proposer au moins un produit ISR dans tous leurs contrats d’assurance-vie à partir du 1er janvier 2020 et au moins un produit vert ou solidaire à partir du 1er janvier 2022. "Cela va dans le bon sens, mais c’est un peu long 2022", regrette Philippe Zaouati (lire sur AEF info).
La deuxième piste est la mise en œuvre par la Commission européenne, dans le cadre de la révision de la directive MIF (marchés d’instruments financiers). Les conseillers financiers, au moment de proposer un produit financier, doivent poser un certain nombre de questions (appétence au risque, connaissance des marchés financiers). Des questions sur les préférences environnementales et sociales des clients doivent être ajoutées. "Si on engage la discussion avec les épargnants et qu’on a cette obligation d’offre, alors on peut avoir un impact important sur l’évolution des choses", espère Philippe Zaouati.
"On voit les mentions 100 % ISR, 100 % ESG se multiplier… Nous le sommes depuis le début ! En revanche, je pense que nous sommes la seule société de gestion à être complètement compatible 2°C, c’est notre fierté", déclare Philippe Zaouati, avant de détailler une "offre renforcée" en 2019, avec le lancement au début d’année d’un fonds patrimonial. Ce produit sera disponible dans le réseau Banque populaire et Caisse d'Epargne.
Au premier trimestre 2019 sera aussi lancé un fonds sur la place des femmes dans le management des entreprises. "Beaucoup de choses ont été faites sur la place des femmes dans le board des entreprises mais ce qu’il faut regarder c’est le top management des 1 500 plus grandes entreprises mondiales", met en avant Philippe Zaouati. Une équipe s’attache à analyser "dans les premiers niveaux de management, le pourcentage de femmes exécutives" pour constituer un fonds qui va investir dans les entreprises les mieux positionnées dans ce domaine au niveau mondial.
Autre chantier, celui de la biodiversité, avec en ligne de mire la COP 15 en Chine, l’équivalent biodiversité de la COP 21 qui s’est tenue à Paris en 2015. "En amont de la COP 21, nous avions publié un rapport intitulé 'investir pour le climat'. Je rêve que nous publiions un rapport équivalent pour dire ce que cela signifie d’investir en prenant en compte la biodiversité."
Déterminer un prix du carbone est la "priorité n° 1" pour Angel Gurría, secrétaire général de l’OCDE lors du 5e forum sur la finance et l’investissement verts, mardi 13 novembre 2018. "Il faut améliorer la réglementation mais aussi réformer les subventions aux combustibles fossiles ! Nous dépensons des centaines de milliards à subventionner ces émissions au moment même où nous dépensons des sommes considérables pour les réduire… C’est du délire", s’emporte-t-il. Ce forum, organisé par le Centre sur la finance et l’investissement verts de l’OCDE, réunit les acteurs mondiaux de la finance verte.
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Ioana Doklean,
journaliste