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Le Comité 21 a lancé le 20 septembre 2018 un programme de formation dédié à l’adaptation au changement climatique. Objectif : rendre ses adhérents plus sensibles à ce sujet et créer entre eux une "culture commune". Alors qu’en France, des canicules de trois mois sont à attendre, et qu’en 2050 Paris pourrait connaître les mêmes températures que celles de Grenade actuellement, l’adaptation devra être "large et rapide", prévient Marie Carrega, adjointe au secrétaire général de l’Onerc. Pour se guider, le deuxième plan national d’adaptation au changement climatique devrait paraître en octobre.
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Photo Norbert Fulep - Unsplash
Le Comité 21, réseau d’acteurs du développement durable, a lancé jeudi 20 septembre 2018 à Paris un programme dédié à l’adaptation au changement climatique
Ce n’est pas la première fois que le comité se penche sur ce thème puisqu’il avait publié en octobre 2017 un ouvrage coréalisé avec le CNRS : "l’adaptation au changement climatique, une question de sociétés".
créer une culture commune
Partant du constat que ses adhérents sont "très inégalement informés et préparés aux défis à venir", le Comité 21 entend avec ce programme "créer une culture commune" sur le sujet. Pour ce faire, il souhaite apporter aux participants une meilleure compréhension de l’adaptation aux changements climatiques afin qu’ils puissent ensuite mieux communiquer sur le sujet et mieux intégrer ce concept dans leurs projets. Enfin, il s’agira de "co-construire" un outil qui facilite la mise en place d’actions dans les territoires et les organisations.
"L’adaptation au changement climatique a longtemps été négligée lors des négociations climatiques", déplore Bettina Laville. Au motif qu’elle représenterait "une attitude de résignation par rapport à la volonté d’atténuation". Ce programme "est véritablement l’affirmation que ce n’est pas le cas", souligne la présidente du comité. Elle demande que l’adaptation soit un sujet pour tous les acteurs, qu’ils soient publics ou privés. "Toutes les entreprises devraient avoir une stratégie d’adaptation pour se protéger elles-mêmes", renchérit la présidente.
trois mois de canicule
Si, rappelle Stéphanie Thiebault, anthropologue de l’environnement et directrice de l’Institut écologie et environnement du CNRS, "les sociétés ont de tout temps et en tous endroits su s’adapter", Marie Carrega, adjointe au secrétaire général de l’Onerc, lui rétorque que l’adaptation à venir se devra d’être rapide. "C’est sûr, dit-elle, on s’est toujours adapté, mais pas à une échelle aussi large et aussi rapide."
Marie Carrega le rappelle : 2 °C (soit l’objectif de l’accord de Paris) représente la moitié de ce qui nous sépare d’une ère glacière. "Or, une ère glacière c’est 10 000, 20 000 ans. Là, en 150 ans, nous avons déjà connu une hausse des températures d’1°C. Et quasiment 1,5 °C en France !" Cet été 2018, marqué par une vague de chaleur durable en juillet, la température moyenne dans l’Hexagone était déjà supérieure de 2 °C, poursuit-elle. Et il faudra s’attendre à l’avenir à des extrêmes atteignant 45 °C à 50 °C avec des canicules durant trois mois, prévient-elle.
Rien que dans la capitale, Anne Girault explique que l’agence parisienne du climat qu’elle dirige se prépare à un Paris en 2050 avec le climat de Grenade, mais avec une architecture haussmannienne loin d'être adaptée à de tels températures.
L’Onerc prévoit également pour la France de longues sécheresses, mais aussi des périodes de précipitations intenses, la moitié du cumul attendu dans l’année pouvant tomber en une journée. En outre, les conséquences au dérèglement climatiques ne seront pas identiques sur tout le territoire, rendant important le fait de trouver des solutions d’adaptation locales.
Publication du 2e Pnacc en octobre ?
En France, le premier plan d’adaptation a été publié en 2006, rappelle Marie Carrega. Un plan touffu, comportant de nombreuses actions difficiles à prioriser. Il a "peu percolé" sur les territoires, le rendant de fait "très parisien". Pour pallier ces défauts, une phase de concertation a été lancée de mi-2016 à mi-2017 réunissant plus de 300 participants. Ce qui a permis d’aboutir à un second plan "plus ramassé, de 20 pages", dont la publication — initialement annoncée pour la fin 2017 — est attendue pour octobre. Un retard que le sénateur de Loire-Atlantique Ronan Dantec (rattaché au groupe RDSE), par ailleurs président de la commission spéciale adaptation du CNTE, explique par de nombreuses réunions interministérielles rendues "compliquées" par les "enjeux budgétaires".
AEF info avait présenté en octobre dernier les grands axes de ce deuxième Pnacc alors en projet (lire sur AEF info). Doté de 58 actions réparties sur 5 ans, le plan devrait consacrer de nouvelles priorités : territorialiser les actions à mener, cibler les outre-mer, développer les solutions fondées sur la nature, approfondir les plans d’action des filières économiques (lire sur AEF info).
Pour le sénateur, il faudrait notamment renforcer la dimension territoriale de l’adaptation. Si jusqu’à présent, "l’État n’a pas été très allant sur le renforcement de la dynamique adaptation dans les PCAET et Sraddet. Il faut maintenant avancer plus vite, souligne le sénateur, d’autant que le volet urbanisme des Sraddet sera clé pour l’adaptation", souligne-t-il.
des outils à disposition
Pour s’adapter, d’autres outils sont également à disposition des acteurs, développés notamment par l’Ademe. Un premier outil, "Impact climat", permet ainsi aux collectivités locales de réaliser un diagnostic des impacts du changement climatique sur leur territoire, explique Aude Bodiguel, ingénieure économiste à l’Ademe. "Objectif climat" permet lui de "faire le suivi et l’évaluation des trajectoires et de la politique d’adaptation de la collectivité. S’il n’existe pas encore d’outils dédiés pour les entreprises, l’Ademe travaille actuellement à deux études, annonce Aude Bodiguel. L’une concernant l’adaptation du secteur du tourisme, l’autre s’interrogeant sur la capacité d’adaptation d’une entreprise.
Lors de la conférence d’introduction du programme, Eric Petitpas, conseiller à la mission risques naturels et représentant de la Fédération française des assurances, a de son côté rappelé les résultats d’une étude établie en 2015 à l’approche de la COP 21, portant sur l’impact du changement climatique sur le secteur de l’assurance. Selon ces chiffres, entre 1988 et 2013, les risques naturels ont représenté 48 milliards d’euros d’indemnisation, soit 1,9 milliard chaque année. Sur ces 48 milliards, 24 étaient dus aux tempêtes, 16 aux inondations et 8 à la sécheresse. Surtout, pour les 25 années suivantes, d'ici à 2040, cette somme devrait quasiment doubler pour atteindre 92 milliards d’euros.
Lors de cette présentation du programme, plusieurs représentants d’entreprises étaient invités à s’exprimer sur leur stratégie d’adaptation. Claire Rousselet, responsable climat de la SNCF, a assuré que l’entreprise a d’ores et déjà fait le constat de sa vulnérabilité face aux évènements météorologiques mais qu’il reste difficile de mobiliser en interne sur "un sujet qui n’apparaît pas comme stratégique et urgent", notamment face aux travaux actuels de maintenance et de renouvellement du réseau. L’entreprise vient de lancer un minilab en interne, mais doit encore comprendre la relation qu’elle entretient avec le climat. Par exemple, sa base de données ne mentionne pas le terme climat et ce travail de qualification reste à faire. Enfin, l’adaptation pose deux défis à l’entreprise. D’une part car c’est un enjeu local, or les référentiels sécurité de la SNCF sont nationaux. D’autre part car l’adaptation n’est pas une histoire de solution technique mais d’organisation. Pour cela, l’entreprise a encore "du mal à emmener les ingénieurs".
Côté Vinci, le directeur développement durable Christian Caye souligne que l’entreprise "s’interdit le pessimisme", n’ayant "pas de temps à perdre". Il souligne surtout qu’il n’y a pas de problème technique ou technologique face au changement climatique mais un problème de volonté politique et d’ambition. Pour se préparer, l’entreprise a lancé en 2016 un programme de prospective et d’anticipation baptisé Léonard, qui se penche sur diverses questions : véhicules autonomes, résilience aux changements climatiques extrêmes, détection d’entrepreneurs à accompagner, etc.
Un syndicat non-signataire du protocole d’accord préélectoral mais affilié à une fédération ou à une union de syndicats qui a signé ce PAP, qu’elle soit ou non représentative, ne peut contester la validité de ce protocole. Dès lors, le syndicat ne peut demander l’annulation à ce titre des élections professionnelles dans l’entreprise. C’est ce que considère la Cour de cassation dans un arrêt publié du 22 mars 2023.
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Émilie Legendre,
journaliste