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En recherche, il existe un terrain où la dualité française universités/grandes écoles trouve une incarnation évidente : celui des sciences de gestion. Nés dans les années 50, les IAE sont les "business schools des universités", par nature orientées vers la recherche. En parallèle, et souvent dans le giron des CCI, se sont développées les écoles de commerce, d’abord peuplées de praticiens en prise directe avec les entreprises, mais qui, depuis une quinzaine d’années, ont à leur tour investi fortement dans la recherche. Au point aujourd’hui de faire jeu égal avec les IAE en termes de nombre d’enseignants-chercheurs en gestion. Mais cette bataille scientifique se fait-elle selon les mêmes règles, avec les mêmes armes et dans les mêmes objectifs ? AEF info a enquêté sur deux sites emblématiques, Aix-Marseille et Toulouse, où coexistent des IAE et des business schools de très bonne qualité.
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De gauche à droite et de haut en bas : Kedge business school, Toulouse school of management, Toulouse business school et IAE d'AIx-Marseille. D.R.
Depuis une quinzaine d'années, les écoles de commerce investissent fortement dans la recherche. Leur motivation ? "La pression des accréditations internationales et des classements par les médias", avance Stéphanie Lavigne, doyenne du corps professoral de Toulouse business school. "La recherche donne de la visibilité académique", acquiesce Bernard Cova, professeur à Kedge business school, récompensé en juin dernier par le très éminent prix Sidney Levy remis par le Journal of Consumer Research, une revue figurant dans le top 20 en management, toutes disciplines confondues. "Elle sert à rencontrer tous les critères des accréditations européennes et internationales, comme Equis, AACSB et AMBA, à monter dans les classements grâce aux étoiles CNRS, et donc à attirer de meilleurs collègues ainsi que des financements", résume-t-il.
Cette dépêche fait partie d’un dossier consacré à la recherche en sciences de gestion, domaine spécifique de l’enseignement supérieur très exposé à la concurrence internationale, et qui présente la particularité de réunir sur un même terrain des entités publiques, les IAE, et des structures privées ou semi-privées, les écoles de management. Les autres dépêches de ce dossier sont à retrouver en cliquant sur les liens suivants :
business schools : UNE approche collective RÉCENTE de la recherche
Pour exister sur la scène européenne - sinon mondiale - de l’enseignement en sciences de gestion, les écoles de commerce sont passées d’un fonctionnement artisanal, avec un professeur qui menait sa recherche seul ou avec son réseau personnel, à de véritables équipes de recherche, dotées d’équipements, de laboratoires, de bases de données et de personnels pour les administrer et les traiter.
À Marseille, à deux pas des calanques, Kedge BS s’est ainsi structurée autour de cinq "centres d’expertise", que l’école cherche à "mener vers l’excellence", et trois "centres d’excellence", axés respectivement sur le marketing, la supply chain et la RSE, des domaines arrivés "à maturité à tout point de vue : recherche, formation, relation avec les entreprises", explique José Milano, DG de l’école marseillo-bordelaise. Pour chaque domaine d’excellence ou d’expertise, Kedge dispose aujourd’hui d’un centre de recherche placé sous la direction d’un professeur, et fédérant une équipe d’une ou plusieurs dizaines de chercheurs.
Cette approche collective de la recherche a commencé avec Bernard Belletante, DG de Kedge BS de 2013 à 2014, se remémore Bernard Cova : "Il a voulu parier sur des marques de recherche, c’est-à-dire des courants reconnus au niveau mondial. Ainsi, il y a quatre ans, j’ai monté une équipe sur la 'consumer culture theory', en recrutant notamment des chercheurs de l’université Bocconi, à Milan. Nous sommes aujourd’hui une douzaine, reconnus, visibles dans les colloques internationaux."
IAE : une tradition de recherche plus ancienne, mais un même objectif
La pression des classements et des accréditations, les IAE connaissent bien eux aussi, et partagent l’objectif de figurer parmi les premiers en recherche : "Il faut produire et que ce soit mesurable, être performant et montrer que nous sommes bons", reconnaît Philippe Bertrand, vice-doyen associé à la recherche de l’IAE Aix-Marseille installé à Puyricard, au nord d’Aix-en-Provence. Mais à l’inverse des écoles de commerce, cette pratique est inscrite dans l’ADN des IAE. "La recherche fait partie des missions de service public de l’enseignant-chercheur, qui est recruté autant sur la qualité scientifique de son dossier que sur sa capacité à faire cours", rappelle Virginie de Barnier, directrice de l’IAE Aix-Marseille, le seul à avoir deux accréditations internationales, Equis et AMBA.
Et à l’IAE Aix-Marseille, la recherche est collective depuis toujours. Créé dans les années 50, il se dit "pionnier" dans le développement de la recherche en management en France dans les années 70, avec le fameux "Cergam", Centre d’études et recherche en gestion d’Aix-Marseille. Les 41 enseignants-chercheurs de l’IAE sont rattachés à ce centre, qui compte aussi une quarantaine de membres titulaires issus d’autres composantes d’AMU. C’est également l’un des plus importants centres de formation doctorale en France. Les chercheurs de l’IAE sont impliqués dans les cinq axes du Cergam, qu’ils pilotent pour trois d’entre eux : finance, comptabilité et contrôle, marketing et management des services, et stratégie et GRH.
L’IAE de Toulouse, baptisé "Toulouse school of management", est plus récent : il se développe depuis près de 20 ans en se "centrant sur la recherche", rappelle Hervé Penan, son directeur. TSM Research est en effet l’une des quatre seules UMR CNRS en sciences de gestion de France. "Toutes les ressources générées sont dirigées vers la recherche, et notamment le recrutement", souligne-t-il.
budget ET effectifs : Business schools et IAE ne jouent pas à armes égales
Cette course à la recherche a donné des résultats : Kedge et TBS, comme d’autres grandes écoles de commerce ailleurs en France, publient aujourd’hui dans le cercle prestigieux des revues de gestion de rang 1 et 1* et n’ont plus à rougir face aux chercheurs publiants des IAE et des facultés d’économie et de gestion universitaires. "Les grandes business schools font jeu égal avec les grands IAE et les grandes universités : même haut niveau, avec des publications dans les meilleures revues de gestion, et même exigence scientifique", reconnaît Sébastien Laurent, professeur des universités en économétrie à l’IAE Aix-Marseille, également chercheur au sein de l’UMR Aix-Marseille School of Economics (AMU, CNRS, EHESS et Centrale Marseille).
À un détail près cependant : business schools et IAE ne disposent pas du tout de la même force de frappe. Kedge affiche ainsi un chiffre d’affaires prévisionnel de 115 M€ pour l’année 2018, quand celui de l’IAE Aix-Marseille est dix fois moindre, à 12 M€. De plus, 58 % des ressources de l’IAE sont des dotations de l’État, et seulement 18 % sont des financements en provenance des entreprises. Le même déséquilibre se lit du côté des ressources humaines : Kedge compte 180 professeurs, dont 123 déclarés comme publiants en 2017 (soit 68 %), alors que l’IAE n’aligne que 14 publiants, sur un total de 41 enseignants et enseignants-chercheurs (soit 34 % de chercheurs dits "actifs"). Sur le site toulousain, le déséquilibre est moins criant mais tout aussi réel : TBS compte 104 professeurs permanents dont 82 publiants en 2017 (soit 79 %), pour un budget de fonctionnement de 53,7 M€ (chiffre 2018). Du côté public, TSM accueille 80 enseignants-chercheurs dont 40 sont publiants (50 %), et son budget est de 14 M€.
Une question intéressante est d’examiner, sur ces deux sites, comment un tel écart de moyens se traduit dans les résultats de recherche. AEF info a compilé les données sur les publications communiqués par les établissements en question :
RECRUTEMENT : la règle du doctorat français freine les ambitions internationales des iae
Sur le plan du recrutement de leurs chercheurs non plus, IAE et business schools ne jouent pas selon les mêmes règles. "Les accréditeurs nous demandent de recruter des enseignants-chercheurs qui ont eu leur PhD dans une université ou une école étrangère. Notre marché de recrutement est donc européen, voire mondial", relate José Milano, à Kedge BS. L’école compte déjà 44 % de professeurs étrangers et affirme recevoir de nombreuses candidatures en provenance d’autres pays. "Cette année, nous avons prévu 20 recrutements. Sur les 15 premiers contrats signés, je recense sept nationalités différentes", ajoute-t-il.
À TBS, qui est passée de 82 professeurs permanents en 2013 à 104 aujourd’hui sous l’effet d’une politique de recrutement "très ambitieuse", l’objectif était d’atteindre 110 professeurs permanents d'ici 2020, dont 40 % d’étrangers (lire sur AEF info). Il sera dépassé dès la rentrée 2018, avec plus de la moitié de permanents étrangers.
Une internationalisation du corps professoral qui existe aussi du côté des IAE, mais dans des proportions bien moindres. Avec son changement de marque en "Toulouse school of management" (lire sur AEF info), l’IAE de Toulouse s’est donné pour objectif d’atteindre un taux de 35 % de professeurs étrangers ou français ayant été en poste dans des établissements internationaux, contre 20 % actuellement. Dans ce but, les responsables des différents axes de recherche effectuent un travail de repérage parmi les chercheurs juniors internationaux. Une trentaine sont invités chaque année à donner un séminaire à l’IAE, et à rencontrer le directeur du laboratoire pour un éventuel recrutement.
Mais les IAE doivent composer avec une règle universitaire qui ne s’impose pas aux écoles : "Nous avons l’obligation de recruter des enseignants-chercheurs ayant une thèse de doctorat français, ce qui limite le nombre de candidats étrangers potentiels", explique Virginie de Barnier, à Aix-Marseille. "Nous misons donc aussi sur des professeurs français ayant eu une expérience significative à l’étranger. Par ailleurs, sur 40 candidats, il y a toujours 2 ou 3 étrangers titulaires d’un doctorat français, et que je présélectionne donc systématiquement", poursuit la directrice. "Mais ce n’est pas pour autant que je vais favoriser la nationalité sur la qualité."
SALAIRES : une différence de 25 % à 50 % en faveur des écoles
L’autre grande "faiblesse" des IAE, "c’est le salaire", concède Philippe Bertrand, vice-doyen à la recherche de l’IAE Aix-Marseille. Les IAE doivent composer avec les règles de rémunération de la fonction publique. "Même s’il a une carrière rapide, un enseignant-chercheur d’IAE gagnera toujours moins qu’à HEC. À la fin de sa carrière, un professeur dernier échelon gagnera 5 200 euros nets. La différence est cependant moins importante avec une petite business school."
Mais pour Philippe Bertrand, les IAE ont d’autres atouts à mettre dans la balance : l’appartenance à un laboratoire, la liberté intellectuelle totale, le lien avec une école doctorale, etc. À Toulouse, la 1re année, l’IAE alloue aux recrues un demi-service, pour "lancer la trajectoire de publication". "Au bout de trois ans, ils repassent à temps plein car on considère qu’ils ont rempli leur 'pipeline'", rapporte Hervé Penan.
À Puyricard, l’IAE accorde des financements pour l’achat de bases de données, la participation à des colloques internationaux, la prise en charge de "visiting professors", ou encore le soutien à l’organisation d’événements scientifiques. Cette aide varie avec la performance de l’enseignant-chercheur en matière de publication, mesurée selon une grille établie en comité de direction. Des aides similaires existent à TSM, sans toutefois faire l’objet de critères.
Reste qu’un maître de conférences gagnerait 25 % de plus dans une business school, voire 50 % de plus s’il est un bon publiant, indique Stéphanie Lavigne à TBS. "Le marché américain a tendance à tirer les prix vers le haut. Selon une étude citée par le cabinet Headway, produire un article de rang A coûte 200 000 à 300 000 € en Europe, 400 000 aux États-Unis", affirme José Milano. Difficile à vérifier, car les écoles de commerce ne communiquent pas le montant des salaires, ni des primes. Kedge BS concède quand même avec une certaine fierté qu’elle pratique "un système de rémunération incitatif".
dans les business schools, la carotte de la PRIME…
"La prime est assise sur un classement inclusif de 1 302 revues, révisé chaque année", explique Thomas Lagoarde, doyen associé à la recherche de Kedge BS. Elle est ainsi fonction du rang de publication (de A à C), du facteur d’impact de la revue et de son score dans les classements suivants : Financial Times, section 37 du CNRS, ABS, Essec et Fnege. Elle dépend aussi du statut de la revue dans chaque catégorie. "La publication qui coche toutes les cases permet de décrocher la prime maximale", résume Thomas Lagoarde.
Un système qui a bien sûr un impact sur la stratégie des professeurs publiants : "Certains choisissent de publier en plus grande quantité dans des revues de bon niveau, d’autres acceptent des trous dans leur évaluation pendant un an pour aller chercher de meilleures revues", explique le doyen.
Bernard Cova confirme l’importance des primes : "Si d’autres écoles commencent seulement à s’y mettre, Kedge a mis l’accent sur les primes de recherche, avec des primes conséquentes, depuis 2007/2008. Une année, une série de primes a même fait "tilter" la trésorerie ! En tout cas, les résultats sont là : il y a dix ans, nous faisions du 'working paper' sans publication. Aujourd’hui, on publie dans des revues de rang A. L’année dernière, Kedge était l’école qui totalisait le plus grand nombre d’étoiles." Et de poursuivre : "La prime de recherche, c’est en quelque sorte notre prime de fin d’année. C’est très stimulant. Il y a bien eu des discussions autour de l’idée de reverser 25 % de la prime au département, ou de l’utiliser pour des dépenses dans le cadre du laboratoire. Mais il y a ici une culture très individuelle, et très orientée marché. C’est le principe depuis dix ans."
Dans les IAE en revanche, c’est très simple : il n’y a pas de prime à la publication. Mais ce n’est pas forcément un désavantage, soutiennent certains. Aurélie Kessous a ainsi quitté une business school privée, l’Inseec, où elle était professeur associé de marketing, pour l’IAE Aix-Marseille. Elle a choisi l’IAE pour… la recherche. "Je peux me challenger et viser des revues de très haut niveau. J’ai une grande liberté sur le choix des thématiques de recherche. Je travaille avec des professeurs de renom, qui ont l’habitude des revues d’excellence", explique-t-elle. "À l’Inseec, mon contrat m’imposait de publier un article par an. Dans ce cadre, ce n’est pas la qualité qui est visée, mais davantage des revues de rang 4 pour remplir les termes du contrat de travail."
… et le bâton de la charge de cours
Toute médaille a son revers. Si on peut gagner beaucoup plus dans une business school, on peut aussi y perdre. Chaque fin d’année, Kedge BS procède ainsi à une évaluation des publications de chaque professeur sur les trois dernières années. La "sanction" en cas de mauvais résultats ? "La charge de cours augmente", alors qu’elle peut descendre à 90 heures annuelles pour les plus brillants, souligne Thomas Lagoarde. "Mais, paradoxalement, c’est un système qui crée de la cohésion", estime-t-il. "Les professeurs n’ont pas le sentiment qu’il y existe plusieurs catégories, avec des stars et les autres."
Les IAE, qui revendiquent davantage de liberté sur ce plan, sont-ils plus permissifs ? "L’idée d’augmenter le nombre d’heures d’enseignement pour celui qui publie peu ou pas a été discutée, mais les avis sont partagés. Ce ne serait pas rentable à long terme", estime Virginie de Barnier. Par contre, un enseignant-chercheur qui ne publie pas pendant deux ans ne peut plus bénéficier des financements destinés à soutenir les projets de recherche et n’apparaît plus dans les effectifs du Cergam. Il est également bloqué dans sa progression de carrière.
Mais l’établissement essaie de ne laisser personne au bord de la route, assure sa directrice : "Quand un enseignant-chercheur ne publie pas depuis plusieurs années, et c’est souvent pour des raisons personnelles, nous essayons de l’encourager. Par exemple, nous lui proposons de l’aide pour passer la HDR, nous le mettons sur un projet en résonance avec ses sujets, et nous pouvons aussi le décharger en partie administrativement".
Les IAE seraient donc plus empathiques que leurs concurrents privés ? Pas si sûr. TBS tend elle aussi la main aux enseignants les moins publiants, en leur proposant par exemple un accompagnement par des chercheurs ayant les compétences et les qualités pour les aider à publier dans des revues bien classées, affirme Denis Lacoste, directeur de la recherche. "Nous n’avons jamais viré un chercheur pour non-publication. Mais il y a des écoles qui ont été plus rudes", reconnaît-il.
L’école tient compte aussi des autres qualités développées par ses enseignants-chercheurs, comme leur capacité à manager une équipe ou un diplôme. "Il n’y a pas d’un côté les chercheurs et de l’autre les enseignants. Nous ne voulons pas non plus d’une forte concentration, avec 20 % des chercheurs qui feraient 80 % des publications, car ce système de 'stars' créerait des déséquilibres au sein des départements", conclut Denis Lacoste.
À Toulouse, Toulouse school of management, nouveau nom de l’IAE, vient de fêter ses 60 ans. De son côté, l’ancêtre de Toulouse business school a été fondée par la chambre de commerce en 1903. Les deux institutions sont également situées à deux rues l’une de l’autre. Est-ce cette ancienneté ou cette proximité géographique qui explique les liens profonds qui existent entre les deux institutions ? Non, plutôt une volonté affirmée d’atteindre une masse critique et de peser sur la scène scientifique internationale. Les deux acteurs toulousains se disent ainsi être en "coopétition" et choisissent de tisser des liens forts entre leurs deux communautés de chercheurs.
"Nos deux institutions cherchent à développer la recherche par tous les moyens et cette ambition dépasse nos organisations", détaille Hervé Penan, directeur de l’IAE de Toulouse. "Nous ne sommes pas en compétition car la compétition est internationale", poursuit-il. TSM Research est l’une des quatre UMR CNRS en gestion (avec Dauphine, HEC et Icube). "La performance de TSM en matière de recherche nous donne la responsabilité de fédérer l’ensemble des acteurs en gestion du site toulousain. La recherche de haut niveau est très concurrentielle, les enjeux sont multiples, nous devons attirer les meilleurs chercheurs, les doctorants à haut potentiel, notre partenariat nous donne les moyens de notre ambition", indiquait Hervé Penan, à l’occasion d’un accord entre TBS et TSM sur l’école doctorale.
"Tout ce qui renforce TSM renforce TBS et inversement", expliquait François Bonvalet, directeur de TBS à cette même occasion. Ce rapprochement valorise la complémentarité des axes de recherches des équipes. Les effets sont immédiats entre les chercheurs, analyse Denis Lacoste, directeur de la recherche de l’école de commerce toulousaine. Et même si les deux institutions continuent de signer des accords de partenariat avec des engagements financiers, "les liens ne dépendent plus de la volonté de quelques hommes".
C’est tout l’inverse sur le site d’Aix-Marseille. À cause de l’éloignement géographique des deux écoles, distantes de 50 km ou une heure de route ? "Ici comme sur les autres sites universitaires, les liens entre IAE et école de commerce sont extrêmement dépendants des directeurs en place", juge Virginie de Barnier, directrice de l’IAE Aix-Marseille depuis 2013. Ça se passait très mal avec Bernard Belletante, je m’entendais très bien avec Thomas Froelicher, nous avions d’ailleurs commencé à réfléchir à ce qu’on pouvait faire ensemble, et je n’ai pas encore rencontré José Milano à ce jour [mi-juillet 2018]", détaille Virginie de Barnier.
Des chercheurs des deux établissements ont certes déjà engagé des projets de recherche communs, "mais pas dans un cadre institutionnalisé". Certains donnent aussi des cours dans l’autre école. Quid de la question du doctorat, que les écoles de commerce ne sont pas habilitées à délivrer ? "Je comprends bien l’intérêt des écoles de commerce à venir voir l’IAE, mais je comprends mal ce que l’IAE a à y gagner", balaie-t-elle. Des étudiants du programme grande école pour en faire des futurs doctorants et donc des futurs chercheurs, répond le directeur de TSM quand on l’interroge sur les motivations du rapprochement de l’école doctorale avec TBS.
Réélue à la tête de l’IAE Aix-Marseille le 17 mai 2018 (lire sur AEF info), Virginie de Barnier engage son deuxième mandat en faisant le pari d’accroître significativement le poids des entreprises dans le financement de l’école. "C’est le défi des cinq ans à venir", assure-t-elle à AEF info, le 30 mai 2018. Les ressources issues des entreprises privées, principalement via la taxe d’apprentissage et la formation continue, ne représentent aujourd’hui que 18 % du budget de l’IAE. Virginie de Barnier veut "monter à 40, voire 50 %".
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Gwénaëlle Conraux,
journaliste