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Qu’est-ce qu’être DRH aujourd’hui ? Comment les professionnels de la fonction perçoivent-ils leur rôle, alors que la transformation numérique bouleverse le contenu des métiers et les relations au travail, que les organisations doivent sans cesse se réinventer, que le monde du travail se métamorphose ? AEF poursuit sa série d’entretiens sur les évolutions du métier de DRH. Cette semaine, c’est à Antoine Recher, DRH du groupe Onet, de livrer sa vision du métier.
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AEF : Vous exercez au sein de la fonction RH depuis 30 ans. Que vous ont appris ces trois décennies ?
Antoine Recher : Quand j’ai commencé, la matinée démarrait avec la lecture du rouleau de télex, l’ouverture du courrier ronéotypé en trois exemplaires et la prise en sténo par mon assistante. Clairement, en 30 ans, il s’est produit une révolution complète des outils qui a entraîné une révolution complète dans la façon de travailler. Mais je crois que ma façon d’envisager mon métier est toujours la même : l’écoute des personnes, la capacité à bien construire et bien faire fonctionner les équipes ensemble et l’attention à ce qu’on appelle aujourd’hui les soft skills. Ce qui m’intéressait est toujours ce qui m’intéresse aujourd’hui : c’est la pâte humaine.
AEF : Quelles sont les missions de la DRH ?
Antoine Recher : Il y a trois fondamentaux dans les RH : payer et mettre en œuvre la loi et la réglementation, c’est le b.a.-ba du métier ; protéger la santé et garantir la sécurité des salariés, une exigence éthique, sociale, économique et commerciale ; et recruter, former et faire progresser les salariés, repérer les talents. Cela signifie être les meilleurs pour attirer les meilleurs, en travaillant sur la marque employeur : le cadre de travail, la rémunération, le style de management, l’éthique… Mais c’est aussi régulièrement passer en revue les talents présents dans l’entreprise. Je dis bien talents, pas hauts potentiels, ce terme ne veut rien dire. Dans tous les métiers, à tous les niveaux, il est possible de développer des talents. Il y a dans l’entreprise des gens qui se révèlent pendant leur vie professionnelle, par leur implication, les idées qu’ils apportent, leur intelligence humaine. Le rôle des équipes RH est de former les managers pour qu’ils soient attentifs à leurs équipes.
AEF : Quelle est la place du DRH dans l’entreprise ?
Antoine Recher : Le DRH doit être en proximité du terrain pour être efficace dans sa fonction et auprès de sa direction. J’ai toujours eu besoin de rencontrer, d’entendre, d’être sur place pour comprendre. Entrer dans le vestiaire d’un hôtel en dit long sur son manager, voir la tenue de la salle de repos d’une agence Onet traduit le mode de management du directeur d’agence.
AEF : La place du DRH est-elle aussi dans le pilotage stratégique de l’entreprise ?
Antoine Recher : C’est une fausse question : quand la masse salariale représente 85 % du CA, le DRH est bien sûr au cœur de la stratégie. Développer une stratégie sans prendre en compte la dimension RH conduit à l’échec absolu.
AEF : Comment ne pas se faire enfermer dans un rôle de technicien RH par la complexité et la multiplicité des sujets ?
Antoine Recher : On peut toujours se faire enfermer par le réglementaire, mais cela n’est pas mon tropisme naturel. Surtout, le DRH n’est pas un soliste, il est le chef d’orchestre d’une équipe. Il doit à la fois avoir une vision stratosphérique et "carotter" en profondeur sur des sujets très techniques. Il doit savoir aller dans la salle des machines, mais pas tout le temps, sinon il perd la vision ; mais s’il est totalement débranché de la salle des machines, il est déconnecté. C’est pourquoi je passe toujours au moins une journée par semaine avec les salariés qui exercent les métiers du groupe. Et je m’appuie sur mon expérience. C’est un des grands privilèges de cette fonction : plus le DRH a d’expérience, plus il est précieux.
AEF : Vous parliez de révolution des outils. Quel est l’impact de la transformation numérique ?
Antoine Recher : Nous sommes de plus en plus nomades, les outils numériques nous permettent d’être efficaces où que l’on soit. Par exemple sur le recrutement. Nos 300 agences sont en permanence en recherche d’équipiers. La digitalisation permet désormais aux chefs d’équipe de partager les CV qu’ils récupèrent au quotidien, via une CVthèque. La transformation numérique est aussi un enjeu pour la formation de nos salariés qui, pour la plupart, n’ont pas eu accès à des parcours diplômants. Aujourd’hui, nous pouvons les former via des applications sur le téléphone portable, très faciles d’accès. Nous proposons ainsi 250 tutoriels métiers. Enfin, la relation au travail a changé. Les générations Y et Z ont des demandes différentes, qui nous poussent à évoluer sur certains sujets, comme le télétravail sur lequel nous avons signé un accord très innovant pour notre siège marseillais.
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Marie-Pierre Vega,
journaliste