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Identifier les besoins imminents de l’employeur est un moyen pour les apprentis d’obtenir des activités plus formatrices et ainsi de limiter les abandons, affirme Dominique Ledogar, chef du service qualité de l’apprentissage à la région Île-de-France. Il intervenait jeudi 30 novembre 2017 lors d’une réunion de la concertation apprentissage pour présenter la "pédagogie proactive". Cette méthode a permis de faire passer de 21 % à 6 % le taux de rupture de contrat dans la région entre 2009 et 2015 (lire sur AEF info). L’anticipation de ces besoins doit se faire avec l’appui des formateurs de CFA. Cette démarche peut aussi s’appliquer à la construction du projet professionnel du jeune, aux médiations en cas de conflit et à la recherche d’un employeur.
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L’insatisfaction des jeunes face aux missions proposées en entreprise est l’une des principales causes de rupture, selon une étude commandée par la région Île-de-France en 2011 auprès du cabinet de conseil Adéo (lire sur AEF info).
Pour y remédier, la démarche proactive consiste à aider l’apprenti à négocier des activités plus valorisantes en se fondant sur les besoins à court terme de l’employeur, explique Dominique Ledogar, chef du service qualité de l’apprentissage au conseil régional. Il a publié mi-novembre un ouvrage sur la pédagogie proactive intitulé "apprentissage : ce que veulent les jeunes et les entreprises" (éditions L’Harmattan, 119 pages, 14 euros).
Le recueil des besoins des professionnels se fait par un questionnement à choix multiple de type "dans les jours qui viennent, vos besoins ça serait plutôt ceci, ceci ou cela ?". Cette posture va placer le jeune en "situation favorable pour renforcer la confiance" de l’entreprise dans son travail, assure l’auteur de l’ouvrage.
BRISER LE CERCLE VICIEUX
La rupture de contrat au menu de la concertation en cours
21 % des jeunes inscrits en CFA en 2014-2015 ont abandonné l’apprentissage, selon la dernière étude de la Dares sur le sujet. Ce taux est bien plus élevé parmi les apprentis préparant un CAP et dans les petites entreprises. Les membres du groupe de travail 2 sur les entreprises, piloté par Morad Ben Mezian (France Stratégie), doivent débattre le 30 novembre des moyens de réduire le décrochage à travers notamment le lien CFA-entreprises et le rôle du tuteur.
Le décrochage sera aussi abordé le 14 décembre dans le groupe de travail 1 sur le parcours de l’apprenti (lire sur AEF).
En garantissant une application immédiate au poste de travail, l’anticipation des besoins permet aux jeunes de devenir "demandeurs de formation" et renforce leur appétence scolaire. "Je veux savoir calculer les surfaces pour réussir mon chantier de peinture en bâtiment la semaine prochaine", cite en exemple Dominique Ledogar.
Un moyen de briser le "cercle vicieux" qui "amène l’entreprise à croire que le jeune n’est pas motivé vu sa posture attentiste et à lui confier des activités basiques".
SUPPORTER D’autres frustrations
Le fait que le jeune puisse effectuer des activités épanouissantes et formatrices a aussi comme bénéfice de limiter "l’apparition d’une majorité de conflits habituels". "cela lui permet même de supporter de nombreuses frustrations qui passent pour être les causes habituelles des conflits" (incompatibilité d’humeur, salaire insuffisant, ambiance peu conviviale…).
La démarche proactive pourrait donner l’impression qu’elle conduit les jeunes à un "asservissement" en répondant aux seuls intérêts de l’entreprise. Face à cette critique, l’auteur de l’ouvrage assure que l’analyse des besoins de production immédiats de l’employeur permet au contraire de les mettre à distance et d’acquérir de nouvelles compétences.
CRÉER DE NOUVEAUX EMPLOIS
De plus, cette démarche permet de développer des activités dans l’entreprise et in fine des emplois en révélant des besoins non satisfaits.
Un apprenti employé dans une librairie généraliste a par exemple remarqué que les clients qui étaient accompagnés de jeunes enfants abrégeaient fréquemment leur visite dans la boutique, explique Dominique Ledogar. Il a pu proposer à son employeur de créer un rayon manga pour occuper les plus jeunes, ce qui a permis au magasin d’augmenter le panier moyen de la clientèle existante et même de faire venir de nouveaux clients amateurs de mangas.
Une cinquantaine de CFA impliqués dans cette démarche
Créée en 2014, Proactive academy, une entreprise solidaire d’utilité sociale, est spécialisée dans la formation d’enseignants à l’anticipation des besoins imminents des entreprises. Elle accompagne actuellement plus de 50 établissements – CFA mais aussi lycées et missions locales - dans six régions (Île-de-France, Bretagne, Normandie, Hauts-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes, Aquitaine). 400 salariés ont été formés en 2017, selon Morgan Marietti, président de Proactive academy et ancien président de l’Anaf.
Livret d’apprentissage, pédagogie différenciée, accompagnement social des jeunes… Ce sont quelques-uns des dispositifs d’accompagnement mis en place par les CFA pour réduire les ruptures précoces de contrat qui sont répertoriées dans un rapport de l’Igas, l’Igaenr et l’Igen, sur la sécurisation des parcours des apprentis. Le document est daté de juin 2015 mais vient d’être publié
« Il est particulièrement important de s'intéresser à l'amont de la signature du contrat dans le cadre d'une sécurisation du parcours en alternance », à l'heure où les études sur le décrochage scolaire montrent à la fois le poids de l'orientation « subie » mais aussi l'importance des « moments charnières (6e, seconde) » comme cause de décrochage. C'est ce que souligne l'ANDML (Association nationale des directeurs de missions locales) dans une étude sur les enseignements des expérimentations sociales sur l'alternance menées par les missions locales datée d'avril 2013 (1). Un bilan du dispositif de tutorat externe mis en place en Côte-d'Or pour les apprentis est également annexé au document (AEF n°201291).
Le tutorat mené dès la signature du contrat d'apprentissage par trois missions locales en Côte-d'Or auprès des apprentis et des employeurs « semble être une solution efficace » pour limiter les ruptures de contrat, indique une étude du Cereq sur la sécurisation des parcours des apprentis, publiée dans le « Bref » de novembre 2012 (n°301). Environ 1 100 jeunes âgés en moyenne de 18 ans de l'hôtellerie-restauration, du commerce et de la viticulture ont été suivis entre octobre 2009 et juin 2011 dans le cadre de cette expérimentation financée par le fonds d'expérimentation pour la jeunesse, portée par la mission locale de Beaune et évaluée par l'Iredu (Institut de recherche sur l'Éducation).
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Florianne Finet,
journaliste