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"La doctrine qui sous-tend la police de sécurité du quotidien consiste à placer le service du citoyen au cœur du métier de policier et de gendarme, alors que la police est aujourd’hui organisée de manière verticale depuis Paris", déclare Emmanuel Macron, mercredi 18 octobre 2017. Le président de la République s’exprimait devant les cadres de la police et de la gendarmerie, les préfets et les directeurs du ministère de l’Intérieur réunis à l’Élysée. L’action des forces de sécurité "doit être d’abord orientée vers la satisfaction des besoins des usagers", ajoute le président de la République, qui détaille les modalités de la concertation prévue en vue de l’expérimentation de la police de sécurité du quotidien début 2018. Et Emmanuel Macron de lister les objectifs de la réforme, qui doit être, selon lui, "profondément ambitieuse" et liée à celle de la procédure pénale.
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La création de la police de sécurité du quotidien "n’est pas le retour de la police de proximité" ni "une énième réforme a minima dont la police nationale a particulièrement souffert ces dernières années", dit le président de la République lors d’un discours sur le thème de la sécurité, mercredi 18 octobre 2017 à Paris. "Je ne veux pas vous obliger à vous réorganiser par circulaire", ajoute-t-il.
La réforme doit au contraire permettre un "contact renouvelé" avec la population et conduire à "des modes d’action beaucoup plus granulaires sur le terrain", estime Emmanuel Macron. "La sécurité du quotidien, c’est lutter contre tout ce qui fait naître le sentiment d’insécurité", poursuit le chef de l’État, qui mentionne en particulier "les cambriolages, les implantations de campements illicites, les rodéos sauvages, les occupations de halls d’immeubles, le harcèlement de rue". "Je souhaite que cette réforme consiste à redonner du sens à l’action de la sécurité publique", insiste-t-il.
Une concertation pour définir une "doctrine de sécurité publique"
"Dès lundi prochain, un large cycle de consultation sera engagé par le ministre de l’Intérieur", dit le président de la République. Au niveau national, outre des consultations d’élus, d’universitaires, de syndicalistes et de représentants des polices municipales et de la sécurité privée, "une mission sera diligentée sur la coordination entre [les différents acteurs] pour développer un continuum de sécurité", indique Emmanuel Macron.
"Éviter le contrôle d’identité comme premier contact"
"La France est le pays qui pratique le plus de contrôles d’identité. Est-ce la bonne méthode, partout et en tout lieu ? Non !" déclare le président de la République, qui veut ainsi "revoir des procédures devenues trop automatiques" et "éviter le contrôle systématique comme première entrée en relation". Emmanuel Macron mise en particulier sur la formation des policiers et des gendarmes et sur le déploiement des caméras piétons mais écarte à nouveau l’idée de récépissé.
Des "ateliers" seront lancés par les préfets au niveau local. En outre, "le ministre de l’Intérieur a souhaité que ce dispositif soit complété par la consultation de chaque fonctionnaire de police et militaire de la gendarmerie". Chacun d’entre eux "recevra un questionnaire ouvert", annonce le président de la République. "À l’issue de ce cycle, nous arrêterons en fin d’année une nouvelle doctrine qui constituera notre référence en matière de sécurité publique pour les années à venir." Les premières expérimentations débuteront en 2018 sur différents sites choisis au cours du mois de décembre, rappelle-t-il.
"Trois objectifs principaux"
"Je ne veux pas préempter les résultats des concertations qui s’engagent, mais je souhaite que la sécurité du quotidien permette de consolider trois objectifs principaux", annonce le chef de l’État. Le premier consiste à "donner aux forces de sécurité les moyens pour agir plus efficacement". Outre les effectifs supplémentaires annoncés, il mentionne "l’allégement des tâches administratives", "les transferts de missions à la sécurité privée" ou encore "la répartition des effectifs pour prendre en compte la réalité de la délinquance".
Le deuxième objectif est celui de "déconcentrer davantage les politiques de sécurité" et d'"accorder plus d’autonomie aux échelons locaux". Enfin, le président de la République demande aux cadres de la police nationale de "renforcer le lien avec la population". Il convient, pour cela, de "mieux analyser les besoins" ou encore de "développer la participation citoyenne" en matière de sécurité.
Pour la mise en place de la police de sécurité du quotidien, "il vous faut des moyens. Ils vous seront donnés sur la durée du quinquennat", ajoute le président de la République, qui rappelle les créations d’effectifs envisagées (lire sur AEF info), et promet une augmentation des crédits de fonctionnement au cours des prochaines années.
Une réforme "concomitante avec celle de la procédure pénale"
"Je souhaite que cette réforme soit complètement articulée et concomitante avec la réforme de la procédure pénale", souligne le président de la République. "Tous les sujets devront être mis sur la table" dans le cadre du "chantier" lancé par la garde des Sceaux (lire sur AEF info), indique Emmanuel Macron. "Réforme et simplification des cadres d’enquête, harmonisation des régimes procéduraux, pouvoirs respectifs des agents et officiers de police judiciaire, allégement du formalisme des actes, réflexion sur l’oralisation de certaines procédures, dématérialisation et accès simplifié aux fichiers, prise de plainte à distance" : "Il n’y aura aucun tabou", assure-t-il. "Je sais que dans vos rangs les attentes sont immenses."
"La réforme visera à rendre plus effective la réponse pénale avec la forfaitisation de certains délits", rappelle-t-il. "Nous devons proportionner la réponse pour permettre aux forces de l’ordre d’être crédibles sur le terrain", justifie le chef de l’État qui dit aussi vouloir "soulager les magistrats d’affaires qui ne sont pas prioritaires".
Les sites choisis pour l’expérimentation de la police de sécurité du quotidien "couvriront un large panel de territoires", annonce Éric Morvan, vendredi 6 octobre 2017. Le directeur général de la police nationale s’exprimait lors d’une interview accordée à Europe 1. "Les villes, les quartiers, les formes de délinquance selon les bassins géographiques ne sont pas les mêmes, nous nous attacherons donc à tester le dispositif dans différentes conditions opérationnelles", précise-t-il. Il indique que l’expérimentation aura lieu "dans une quinzaine de circonscriptions à partir du début de l’année prochaine". Éric Morvan évoque également le mouvement de colère des policiers et la sortie de l’état d’urgence.
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Clément Giuliano,
journaliste