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Le rapport d’évaluation des inspections générales "Plus de maîtres que de classes : projet et mise en œuvre pédagogiques" daté de juin 2014 et publié fin juillet, décrit un dispositif "à la main quasi exclusive des départements" et une "absence de coordination académique [qui] provoque un éparpillement qu’un véritable travail en commun entre les différents échelons pourra corriger". Les inspections relèvent aussi les "modalités d’affectation des emplois supplémentaires "très variables" selon les académies. Regards croisés sur les élèves, disponibilité des adultes, situations pédagogiques enrichies : les auteurs soulignent l’émergence "de modalités pédagogiques propres au dispositif" mais préconisent de renforcer l’accompagnement et la formation des personnels. La mission insiste enfin sur la nécessité de "mieux définir la fonction d’animation du directeur", "pilote local" du dispositif.
Si le dispositif 'Plus de maîtres que de classes' "suscite de l’enthousiasme", il s’avère "très délicat" à mettre en œuvre, observent Marie Toullec-Théry, (CREN, université de Nantes et Espé de Nantes) et Corinne Marlot (ACTé, université Blaise Pascal et Espé d’Auvergne). Elles ont étudié la mise en place du dispositif 'Plus de maîtres que de classe' dans deux sites différents. S’il n’est "pas question de généraliser" ces premiers résultats, elles remarquent "un certain écart entre les discours et les pratiques réelles". Ainsi, "les formes que prennent les dispositifs étudiés sont plutôt portées sur de la remédiation et non sur des actions de prévention et envisagés comme des espaces-temps séparés de la classe". Aussi, elles recommandent un pilotage "tant national que local" du dispositif et la formation "intermétier des équipes de circonscription et des enseignants".
Le ministère de l'Éducation nationale a mis en place un groupe de suivi du dispositif « plus de maîtres que de classes » dont la première réunion a eu lieu le 31 janvier 2014, selon les informations recueillies par AEF. Présidé par la rectrice de Clermont-Ferrand, Marie-Danièle Campion, il devrait remettre deux notes d'étape au ministre en juin 2014 et janvier 2015 avant un rapport final en juillet 2015. Y participent notamment Roland Goigoux, du laboratoire Acté de l'université de Clermont-Ferrand, Patrick Picard, directeur du centre Alain Savary, Jean-Marc Merriaux, directeur général de Canopé et Marie Toullec-Théry, enseignant-chercheur à l'université de Nantes. Les Dasen, Catherine Benoit-Mervant de Loire-Atlantique et Benoît Dechambre de Paris, quatre professeurs des écoles, des représentants des syndicats du premier degré et l'ANCP font également partie du comité. En 2013, 1 351,75 emplois sont consacrés à ce dispositif (AEF n°471703).
« Je ne suis pas sûr qu'aujourd'hui, dans la littérature [travaux de recherche scientifiques], on dispose de clés et de raisons de penser que le dispositif 'plus de maîtres que de classes' (AEF n°200611) va marcher », indique Marc Gurgand, directeur de recherches au CNRS et professeur associé de l'École d'économie de Paris, lors d'une rencontre organisée par l'Ajé (Association des journalistes éducation et recherche) vendredi 17 mai 2013. Il s'appuie notamment sur les résultats d'une expérience menée aux États-Unis, intitulée « Star », qui a concerné près de 12 000 élèves. Accompagné de Clément de Chaisemartin, doctorant, le chercheur a présenté plusieurs résultats de recherche qui mesurent l'effet de différentes politiques scolaires sur les apprentissages des élèves et leurs trajectoires.
« Le risque principal » associé au dispositif « plus de maîtres que de classes » est que « les enseignants responsables de la classe accordent moins d'attention aux élèves en difficulté, laissant ainsi à l'autre adulte la responsabilité de leur prise en charge », écrit Bruno Suchaut, professeur en sciences de l'éducation, détaché à l'URSP (Unité de recherche pour le pilotage des systèmes pédagogiques) à Lausanne (Suisse), dans une étude publiée en mars 2013. « Cela peut même conduire à ce que ces élèves, comme dans le cas d'une prise en charge externe, soient séparés du curriculum principal de la classe. » Bruno Suchaut livre une « analyse des conditions de l'efficacité du dispositif », rappelant au regard des expériences étrangères, que « la co-intervention, pour être efficace, doit être pensée en termes de complémentarité et en définissant précisément les tâches de l'enseignant supplémentaire, ce qui nécessite sans doute de la part du tandem d'avoir un certain entraînement dans ce domaine », d'autant plus « si l'un des deux est peu expérimenté » (1).