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"On ne peut pas dire à la fois qu’on veut 50 % d’une classe d’âge diplômé de l’ESR et laisser les orientations vers les séries générales stagner. Il y a là un problème de tectonique des plaques entre le lycée et le cycle licence", estime Alain Boissinot, président du Conseil supérieur des programmes, lors d’une journée d’échange sur la réussite en licence organisée par les Scuio-IP d’Île-de-France, mardi 3 juin 2014 à l'université Paris Sud. Il constate aussi un "hiatus" entre la culture scolaire et celle de l'enseignement supérieur sur la question de la spécialisation et se dit "troublé par la manière dont la problématique autour de la poursuite d’études des bacheliers professionnels s’est imposée". Enfin, il s’interroge sur l’avenir de la filière technologique, qui n’est plus "une véritable alternative à la filière générale" en lycée.
Le lycée général Madeleine Michelis d’Amiens (850 élèves) repense sa pédagogie en se fondant sur le "continuum bac-3/bac + 3"', afin de renouveler son image et d’attirer de nouveaux élèves de son secteur, dans un contexte de concurrence avec l’enseignement privé. "Le fil rouge de notre projet d’établissement consiste à envisager le lycée comme une étape préparatoire à l’enseignement supérieur", indique à AEF Éric Alexandre, son proviseur. Témoin de cette mutation progressive, un parcours droit/sciences politiques va s’ouvrir à la rentrée 2014 en partenariat avec l’université de Picardie Jules-Verne. "Ce projet témoigne du bouillonnement d’idées qui existe dans le monde enseignant", commente le recteur d’Amiens, Bernard Beignier.
Les étudiants en 1re année de licence ou de CPGE ont une approche "littéraire" de la physique et "des difficultés à modéliser un problème en équation" ; ils s’appuient principalement sur "l’intuition et l’observation" et "utilisent peu l’abstraction". Au final, ce sont "des étudiants avec une culture scientifique mais sans formation scientifique solide". C’est en ces termes que la SFP (Société française de physique), l’UPS (Union des professeurs de classes préparatoires scientifiques), la CDUS et la Ciruisef décrivent à AEF les conséquences des nouveaux programmes scientifiques de lycée sur le niveau des étudiants arrivés dans le supérieur en septembre 2013. Pour ces acteurs du supérieur, les programmes de lycée actent "une remise en cause du modèle de formation français".
"Nous nous réjouissons de la réunion de l'Éducation nationale et de l'Enseignement supérieur et de la Recherche au sein d'un même ministère", indique à AEF, Isabelle Bourhis, secrétaire nationale à la pédagogie du SNPDEN, le 10 avril 2014. Le syndicat compte sur "une concertation plus fluide entre les niveaux de formation" et estime que pour que ce grand ministère ne soit pas que "symbolique", "les deux directions, la Dgesip et la Dgesco, doivent pouvoir organiser une réflexion commune" sur le bac -3/bac +3 avec des représentants du second degré et de l'enseignement supérieur. Jusqu'à présent "l'absence de dialogue avait conduit à un retard dans les référentiels [de formation]". Un unique ministère pourrait aussi favoriser les échanges de services entre PLC et universitaires et engager une réflexion sur la correspondance des séries générales du lycée et les filières universitaires.
L'IGAENR et l'Igen estiment que trois types de rapprochements lycée-université « pourraient être développés en raison de leur efficience et de leur coût modéré », dans un rapport sur « l'évaluation des expériences de rapprochement et d'articulation des formations de premier cycle du supérieur entre lycées et universités » mis en ligne le 4 décembre 2013. Les inspections encouragent les « actions d'information à destination des élèves et des professeurs », les « licences professionnelles adossées à un lycée » et les « classes préparatoires économiques et commerciales de troisième année ». La mission d'inspection, qui déplore « l'absence d'une politique de partenariat stabilisée conduite par les rectorats et les universités » et d'évaluation des dispositifs sur le bac -3/bac +3 (1), a également identifié des « rapprochements à conserver mais sans les développer » pour des raisons de coût notamment.
Renforcer le « continuum de formation de l'enseignement scolaire à l'enseignement supérieur » est l'objet d'une circulaire du 18 juin 2013, publiée au BO du 25 juin, signée par Simone Bonnafous, Dgesip, et Jean-Paul Delahaye, Dgesco. Sont concernées « les trois années qui précèdent et les trois années qui suivent le baccalauréat ». Trois grands thèmes structurent ce texte : « le rôle, le fonctionnement et la composition renouvelés [de la commission académique des formations post-baccalauréat] » ; les « dispositions pédagogiques » ; les dispositifs d'aide à la réussite. Cette circulaire est publiée alors que la loi ESR (AEF n°185865) acte le principe de la « continuité » des enseignements du supérieur par rapport à ceux du lycée, et celui de la « spécialisation progressive des études » dans le supérieur. Elle prévoit aussi des pourcentages minimaux de bacheliers technologiques en IUT et professionnels en STS.