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L'université « n'a plus pour objectif de servir Dieu, ni la Nation, mais le marché transnational ». Dans un article de recherche paru en juin 2012, Marie-Laure Djelic, professeur de management à l'Essec, étudie comment ont été introduits dans la sphère universitaire les outils de mesure de la performance propres au secteur privé. « Le classement de Shanghai est l'une des expressions de cette globalisation de l'enseignement supérieur et de sa marchandisation, qui se retrouve aussi à des niveaux plus 'micro' », dit-elle, avant d'examiner les effets pervers de cette logique du « tout-mesure » sur le comportement des académiques. Elle appelle à redéfinir ce que doit être « l'université » au sens politique du terme et à apporter « une réponse alternative à celle qu'a promue le processus de Bologne ». Elle plaide aussi pour la réintroduction de la subjectivité dans les processus d'évaluation.
« Un accent mis, de manière persistante, sur les universités d'élite » ; « l'omission relative des humanités et des sciences sociales » ; « des descriptions méthodologiques superficielles » ; « la quasi-exclusivité des publications en langue anglaise » ; « une attitude plus critique à l'égard des classements » et « le renforcement du phénomène global que sont les classements ». Voici les six « principales tendances » observées par l'EUA dans son nouveau rapport sur « les classements internationaux des universités et leur impact », publié vendredi 11 avril 2013 à l'occasion de la conférence annuelle de l'association qui se déroule à Gand (Belgique). Ce rapport fait suite à une première version publiée en juin 2011 (AEF n°238307). Avec ce nouveau document, l'EUA entend « donner à ses membres des informations sur les développements qui sont intervenus depuis 2011, tout en attirant leur attention sur la persistance du phénomène des palmarès, ainsi que leur impact croissant sur les universités et les politiques publiques », explique Maria Helena Nazaré, présidente de l'EUA, dans le préambule.
« Clarifier le rôle de l'Aeres » sur l'évaluation des unités de recherche, « renforcer la transparence », « simplifier l'évaluation », et « améliorer la qualité et la portée de l'évaluation » : tels sont quelques-uns des « éléments et propositions pour un débat » sur l'évaluation qui figure dans un document en date du 6 novembre 2012 qui vient compléter la contribution de l'Aeres pour les assises de septembre dernier (AEF n°206635, n°206636 et n°206639) et la prise de position de son conseil (AEF n°203406). Présenté vendredi 9 novembre 2012, ce document est destiné à « répondre aux questions factuelles [soulevées par les assises], situer la problématique de l'évaluation dans un contexte plus large » et « proposer des évolutions en matière de méthode ». Outre la recherche, ces propositions portent aussi sur « les relations institutionnelles entre acteurs de l'évaluation » (AEF n°202608) et sur l'évaluation des formations (AEF n°202607). « La grande majorité des contributions aux assises ne parlent pas de l'Aeres, et ceux qui en parlent le font dans une tonalité plutôt favorable », estime Didier Houssin, président de l'Aeres. « Mais un certain nombre de prises de positions sont plus critiques. Nous aurions pu ne rien dire ou entrer dans la polémique. Cela n'a pas été le choix du conseil de l'Aeres. »
« Les classements sont devenus des institutions, (relativement) stables et largement diffusés, car ils disciplinent les individus au sein même des business schools », estime Andreas Rasche, maître de conférences au département de sciences sociales de la Warwick business school (Grande-Bretagne), lors d'une communication scientifique présentée à la conférence annuelle de recherche de l'EFMD, mercredi 16 février 2012 à Zurich (Suisse) (AEF n°221016). « Ces effets de discipline accroissent à leur tour la stabilité, la reproductibilité et la communicabilité de ces classements. Dans le même temps, ils contribuent à décontextualiser le rôle des individus et sont susceptibles de produire de l'anxiété, de la pression, de la honte et le sentiment de ne pas être à sa place. Les classements ont donc une dimension émotionnelle. » Le travail de recherche d'Andreas Rasche, co-signé par Eric Cornuel, directeur général de l'EFMD, et Ulrich Hommel, directeur du département de la recherche et des études de l'EFMD, étudie les effets induits des classements de business schools sous l'angle de « la discipline comme outil de maintien des institutions ».
« Le développement des classements comme outil de formation du jugement engendre au final une concurrence qui consomme une énorme quantité de ressources collectives dans des investissements souvent marginaux au regard des missions de connaissance, mais payants en termes de classement », estime Catherine Paradeise, professeur à l'université Paris-Est Marne-la-Vallée et chercheuse en sociologie des marchés du travail et en politique de la science et de l'innovation au LATTS (UMR CNRS, ENPC, UPEMLV), dans une analyse parue dans le Club AEF le 25 mars 2011. « Le gonflement des investissements sur les indicateurs payants peut ainsi devenir à la compétition interuniversitaire ce que le dopage est à la compétition sportive. Erigé au rang d'un principe d'action, l'opportunisme peut finir - on l'observe parfois - par diluer toute la stratégie institutionnelle dans des ajustements aux incitations inscrites dans les indicateurs. Il peut ainsi contribuer à transformer une économie réelle valorisant des contenus de connaissance répondant aux diverses missions des universités en une économie virtuelle indifférente aux contenus, où s'échangent des signaux entre des offreurs et des demandeurs d'image de performance, jusqu'à former de dangereuses bulles spéculatives. »